Pour une plus vaste information et sensibilisation de l’opinion
Afrique du Sud: Fondation Desmond Tutu et réfugiés (270788)
Fribourg, 27juillet(APIC) Créée en 1985 en Afrique du Sud dans le but de
venir en aide aux réfugiés, la Fondation Desmond TuTu, qui tire son nom et
son inspiration de l’archevêque de la ville sud-africaine du Cap, lauréat
du prix Nobel de la paix, développe d’importantes activités dans ce domaine. Comme par exemple de venir en aide aux milliers de personnes touchées
par ce problème, soit de façon directe, ou encore en sensibilisant l’opinion mondiale face à la question des réfugiés dans cette partie du globe,
Dans une interview accordée au mensuel «Réfugiés», édité par le Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Corbin Seavers, directeur exécutif de la Fondation, explique ses activités. L’idée d’une telle Fondation? Elle a pris forme en 1985, alors que Naomi Tutu, fille de
l’archevêque exhortait les Eglises de l’état du Connecticut à commémorer le
soulèvement du 16 juin 1976 en Afrique du Sud, lors duquel des milliers de
jeunes ont fui leur pays et sont devenus des réfugiés.
Sensibiliser l’opinion
Depuis, constate Corbin Seavers, la contribution de la Fondation a été
importante. Et si elle n’a pas construit d’écoles, elle contribue à fournir
du matériel scolaire, et vient en aide aux réfugiés, nombreux à vivre dans
les centres de transit. Une des tâches de la Fondation consiste aussi à
sensibiliser les gens. Après 3 ans d’activités, notre existence est maintenant davantage connue, ce qui facilite les contacts, dit-il en substance.
Mais la Fondation Desmond Tutu s’occupe aussi de penser des projets ou
d’en sélectionner en fonction des nécessités. Généralement, les décisions
se prennent après les visites réalisées dans les différents centres de
transit, explique son directeur. «A la suite des discussions avec les
responsables de ces centres, ces derniers arrivent toujours à trouver un
domaine particulier ou nous pouvons être utiles».
A cause du manque d’information
Dans la zone d’installation de Dukwe, au Botswana, relève Corbin Seavers, «nous avons apporté notre aide à la garderie d’enfants. En Afrique du
Sud, nous avons une représentation locale au Cap qui travaille dans le
diocèse de l’archevêque Tutu; elle repère les projets que nous pouvons réaliser, le plus souvent dans les camps de réfugiés établis spontanément.
Dans ce pays , nous pouvons apporter une aide directe. A l’extérieur, cependant, nous préférons opérer directement à travers le HCR et les organisations non-gouvernementales».
Autre préoccupation de la Fondation: le manque d’information et le peu
de prise de conscience de l’opinion publique face au nombre de réfugiés et
de personnes déplacées en Afrique australe qui augmente de jour en jour. Ce
qui est notamment le cas en ce qui concerne le nombre de réfugiés mozambicains. A ce propos, fait remarquer le directeur de la Fondation, «un appel
est aujourd’hui lancé au sein de notre organisation afin de faire un effort
pour informer les donateurs sur ce problème et aider à propager le message.
Il y a au Mozambique une crise terrible», constate-t-il.
Le Conseil sud-africain des Eglises avance du reste le chiffre de
150.000 à 200.000 Mozambicains réfugiés en Afrique du Sud. Mais plus par
leur nombre, soutient encore Corbin Seavers, «nous sommes préoccupés par la
manière dont ils sont traités». Et de conclure: » Ils sont pratiquement
sans protection».
Un engagement partagé
La Fondation Desmond Tutu n’est heureusement pas la seule à se préoccuper du très vaste et grave problème des réfugiés et des personnes déplacées
dans cette partie du monde. A défendre leurs droits ainsi que ceux des personnes victimes de l’apartheid. Le Conseil oecuménique des Eglises, lui
aussi s’attache à attirer l’attention de la communauté internationale. Du
reste, depuis 1969, il a mis sur pied un programme de lutte contre le racisme. En ne se contentant pas seulement de le désapprouver.
Ce programme couvre l’ensemble du problème du racisme et de la marche à
suivre. S’agissant plus particulièrement de l’Afrique du Sud et de la Namibie, les dirigeants des Eglises en sont ainsi venus à la conclusion qu’il
fallait reconnaître les mouvements de libération nationale comme étant les
représentants des populations , et le véhicule de leurs aspirations.
Si tout le monde n’a pas approuvé la collaboration directe des Eglises
avec des groupements engagés dans la lutte politique, ces dernières ont
néanmoins exprimé ouvertement leur soutien aux efforts des mouvements qui
vont dans le sens des principes de la foi chrétienne. Pour le Conseil oecuménique des Eglise, ce qui importe par-dessus tout n’est pas de financer
seulement les programmes d’aide humanitaire de ces mouvements, mais de faire reconnaître, sur le plan moral ou éthique, leur qualité de partenaire
dans la quête des solutions pour l’Afrique du Sud.
Dans cette optique, pense le Conseil Oecuménique des Eglises, il convient d’encourager les compagnies transnationales, les syndicats, la presse
et les Gouvernements sud-africains, à nouer des relations directes avec les
mouvements de libération.
Même si le Conseil Oecuménique se déclare en faveur de solutions nonviolentes, il est cependant d’avis que des sanctions économiques, pour lesquelles les Nations Unies ont plaidé à plusieurs reprises, ainsi qu’un embargo sur les armements et les activités bancaires, sont une manière de
faire comprendre au Gouvernement et au public sud-africain que le système
de l’apartheid est moralement intolérable. (apic/pr)