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Belgique: «L’Oeuvre, une secte catholique»

Un livre de Rik Devillé sur un étrange mouvement

Bruxelles, 15janvier (APIC) Le prêtre flamand Rik Devillé vient de publier

un livre consacré à «L’Oeuvre, une secte catholique». Traduit et édité en

français par «Golias» cet ouvrage tend à démontrer le caractère dangereux

et tentaculaire de cette communauté petite mais influente. Dans son

précédent livre intitulé «La dernière dictature», le prêtre remettait en

cause les structures de l’Eglise catholique et son «système féodal».

La plupart des lecteurs du livre, même chez les catholiques, n’ont

certainement jamais entendu parler de «l’Oeuvre» (»Het Werk»), ni de son

ancien nom «Foyer Saint-Paul», ou de son autre nom «Opus Christi Regis»

(Oeuvre du Christ Roi). Une oeuvre qu’il ne faut pas confondre avec l’»Opus

Dei», reconnue quant à elle par l’Eglise catholique comme une «prélature

personnelle».

L’Oeuvre est l’initiative de Julia Verhaeghe, une femme née en 1910 dans

une famille modeste de Flandre occidentale. En 1944, à la faveur des recommandations d’un prêtre, utilisé par elle «de manière aussi élaborée que

tordue» selon l’ouvrage, Julia V. entre en contact avec une famille aisée

et trouve ainsi les moyens de fonder un premier «Foyer Saint-Paul» à SaintNicolas. Le Foyer, érigé en association en 1950, est transféré à Bruxelles.

Suivront l’acquisition en Hainaut d’un couvent abandonné à Villers-NotreDame pour y lancer d’abord des formations d’aides familiales pour jeunes

filles. D’autres maisons suivent, à Bruxelles, Heusden et ailleurs.

Rik Devillé résume le but en ces termes: «attirer de jeunes élèves et

faire de l’argent». En 1959, le Foyer de Villers est reconnu comme «association pieuse» par l’ancien évêque de Tournai, Mgr Himmer.

Depuis 1950, «Mère» Julia a été entourée, selon R. Devillé, «d’un grand

nombre d’adeptes qui la suivaient sans conditions, en tout et partout, en

lui promettant fidélité». Depuis 1970, le «gouvernail» de l’Oeuvre est aux

mains d’une Autrichienne, Mikle Strolz, mais toujours en référence à la

«Mère».

«Toutes les apparences d’une secte»

Pour Rik Devillé, l’Oeuvre a «toutes les apparences d’une secte: méthodes de recrutement par lavage de cerveau, séparation forcée des enfants

d’avec leurs parents, affectation à des travaux non rémunérés mais pour

lesquels l’Oeuvre touche les salaires, suppression de toute sécurité en cas

de tentative d’évasion, captation d’héritage, absence de pension de

retraite et de sécurité sociale auxquels s’ajoutent des techniques de chantage bien organisées; objectifs fumeux et rituels pseudo-religieux; «gourou» porté aux nues.

L’Oeuvre est aussi une société secrète avec ses techniques de cloisonnement, de déplacement constant des membres d’un lieu à l’autre, ses noms codés pour les dirigeants, l’impossibilité de discuter avec les responsables,

les techniques d’infiltration et d’espionnage de séminaires, d’ordres religieux, de cures, d’évêchés, de journaux, et même de la Curie romaine!»

Aujourd’hui, selon les renseignements fournis par le livre, l’Oeuvre serait présente dans une vingtaine de pays, mais ne compterait que 150 membres, dont 50 en Belgique. «Le nombre réduit de membres n’empêche pas que

cette organisation ait de très nombreux sympathisants», y compris des prêtres et des évêques, et même, selon Rick Devillé, le cardinal Ratzinger. La

crainte de l’auteur est de voir l’ancien «Foyer Saint-Paul» obtenir du Vatican la même reconnaissance que «l’Opus Dei».

Christian Terras, responsable des éditions Golias, insiste de son côté

sur l’intérêt de l’ouvrage «vu le problème que pose l’émergence des sectes

dans la société et l’émergence de dérives sectaires au sein de l’Eglise

catholique». (apic/cip/mp)

Rik DEVILLE, «L’Oeuvre, une secte catholique», Bruxelles/Paris, Ed. Golias,

189 p.

15 janvier 1997 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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