Matisse/Jacques Marie
Directrice du Centre de rééducation «Les Embruns», à Bidart. C’est quoi,
ce centre? Un centre de rééduction fonctionnelle… je prends tous les accidentés de la route, ceux qui ont été opérés des hanches, des genoux..tout
ce qui touche l’orthopédie. Tout ce qui est neurologique, aussi. Les paraplégiques, etc…
Je suis directrice de ce centre depuis 27 ans. Votre âge? 72 ans. Je
fais partie de l’Ordre des dominicaines. Une vocation d’infirmière, aussi.
C’est pour cela quie j’ai un jour été appelé chez Matisse. Puios plus tard
dans ce centre. Nous sommes quatre dominicaines à Bidart, dans ce centre.
Pour 80 pensionnaires, Et dans les 80 employés. Un pour chaque pensionnaire, pratiquement… y compris les médecins. De Vence, je suis d’abord allée
à Paris. De Paris à l’île de Ré, près de La Rochelle. Je m’occupais alors
d’enfants. Puis on m’a demandé de venir ici pour tenir la maison et j’y
suis restée.
Je suis native de la Vendée. Vendéenne, dans l’ouest de la France, près
des Sables d’Ologne. J’ai passé 12 ans à Vence, en tant que non religieuse
et religieuse. Parce que je suis arrivée en 1942 à Vence J’en suis partie
en 1954. Mais je suis entrée à Monteils, dans l’Aveyron, le couvent des dominicaines de Notre-Dame du Très Saint Rozaire, en 1944. J’ai quand même
passé davantage en tant que religieuse à Vence.
La trajectoire de votre vie? Vendéenne. Née à Fontainebleau. Parce que
mon père était militaire. J’aurais dû naître à Nantes. Sa mère est d’origine bretonne. Son père est vendéen. J’ai fait une partie de mes études à
Nantes. Et je les ai terminées à Nice. Passé le diplôme à Marseille. J’ai
été aoppelé à soigner Matisse en 1942. En 39, nous avons été évacués de
Metz, où nous avons tout perdu. Les familles des militaires évacuées au
troisième jour de la mobilisation générale. övacué dans des wagons à bestiaux. Et nous avons demandés à être rapatriés sur Nantes. Mes études d’infirmière. Et de Nantes, après, mon père étant revenu malade de la guerre.
Nous avons choisi Vence. Je suis donc arrivée à Vence avec mon père, qui y
est mort du reste. Lorsqu’il est mort 2n 1942, il a fallu que je cherche du
travail, je me suis adressée au bureau de placement des infirmières. Je
n’avais que ma première année à ce moment-là (sur deux ans à ce moment là),
et j’ai demandé s’il n’y avait pas une place, pour aider, dépanner, pour
gagner ma croûte. On m’a dit: Il y a Matisse qui demande une garde de nuit
en covalescene suite à une grave opération subie en 1941, qui soit jeune…
Si vous voulez, allez-y. Ce fut ma première rencontre avec le peintre. Et
de la va se nouer 12 ans sd’amitié… jusqu’à la mort de Matisse.
Pendant un mois, j’ai donc remplacé l’infirmière de nuit. Mon travail
terminé, il m’a demandé mon adresse, comme on s’était très bien entendu…
j’avais à cette époque 21 ans. Il m’a dit: Je peux avoir besoin de vous,
laissez-moi votre adresse. Ce que j’a fait. Je suis repartie chercher du
travail ailleurs. Au bout de 8 à 10 jours, il me téléphone. Pour me demander de poser pour lui. Je fus surprise, je ne m’y attendais pas. On ne me
faisait pas de compliment sur ma beauté. On me disait… je croyais que
j’étais vraiment passe-partout. J’ai baucoup hésité. Lui insistait. Je me
suis dit j’y vais. Ce qu j’ai fini par faire.
C’était en 42 au Régina , à Nice que Matisse vivait. Il est venu à Vence
en 45. J’ai commencé à poser. Comment s’est passé le premier contact avec
Matisse. Il était très froid, au départ. La première fois que je l’ai vu,
il me regardais à travers les cils. Il me regardait sans trop me regarder.
Je dois dire que j’étais assez timide. Et petit à petit, il s’est un petit
plus ouvert (lorsqu’elle le soignait. il s’agit d’ne description de sa première visite en tant qu’infirmière). Il a commencé à Parler, et moi aussi.
Retour sur le premier jour de la pose. Il était très très froid au départ, Mais après non. D’ailleurs, quand on le voyait, il y en a beaucoup
qui croient que c’était un homme très froid, un peu raide. Quand on ne le
connaissait pas, oui.
Mais peut-on être froid quand on peint ce qu’il a peint? Non. C’est un
homme qui était en réalité très joyeux, très gai. Sa froideur n’était
qu’une apparence. Et je crois qu’on était tous les deux pareils. «Quant
j’étais enfant, toi on ne târrêtera jamais dans la rue, me disait-on». Et
c’est vrai. Lui aussi était comme cela. Mais alors, quand on le connassaît
bien… il s’ouvrait, et devenait très compréhensif. Comme boi. Il s’était
peuêtre reconnu quelqu part chez vous. Cela se peut. Mais je sais que lui
était un peu comme ça, un peu dans la lune aussi.
Vous avez 21 ans, et il vous demande de poser. Pour quatre tableaux et
beaucoup de dessins à la plume et au fusain. Les noms: «Monique», le 4 décembre 1942; «L’idole», achevé en décembre 1942; «La robe verte et les
oranges», en janvier 1943; «Tabac royal», travaillé longuement en mars
1943. «Je me sens à l’aise dans lIdole», lui ai-je dit. «C’est un beau compliment que vous me faites là: c’est donc que j’ai réussi», a-t-il répondu.
Ces tableaux aujourd’hui… silence… je crois que ce sont des particuliers… J’ai aussi servi de modèle pour énormément de dessins.
Cette époque de pose avec Matisse dure jusqu’à quand? Jusqu’en 44, jusqu’à ce que je rentre à Monteils. Malade, on m’a renvoyé de Monteils, et
j’ai retrouvé Matisse. Alors là je l’ai retrouvé à Vence. C’est là que nous
avons refait des dessins. C’était en 1945, une année après, je l’ai donc
retrouvé. Là j’ai aussi pu poser, car je n’étais pas encore religieuse. Et
rien ne m’onligeait à ne pas le faire. Des dessins.
Vous êtes êtes entrée au noviciat à quel âge? A 23 ans. en 1944. Le 5
décembre 45, J’entrai à Montreils fin février 1944 et au postulat le 6 mars
44. Aucune nouvelle de Matisse jusqu’au 9 juillet 44 Je pris l’habit le 8
septembre 1944 et on me donna le nom de Soeur Jacques-Marie»Je suis renvoyée de Monteils, ma santé sew dégradait de plus en plus. Je pars avec le
ferme espoir d’y revenir un jour. J’étais assez triste, la mort dans l’âme,
je quitte. J’avais beaucoup maigri. Lorsque je suis arrivée à Vence, mon
moral était tzrès bas, coupée de ma communauté, je faisais partie des pensionnaires. de….. V. le nom,. J’allai voir Matisse, je lui devait une visite. Lettre de Marisse à la Soeur, le 12 février 45. «Je suiis tellement
loin de votre vie actuelle. Je sais pouirtant que ce n’est qu’une apprence,
car j’ai, comme vous, toutes mes forces portées vers le même horizon spirituel et mon effor ne diffère qu’apparamment du vôtre. … Nous avons des
routes qui se côtoient dans la même région spirituelle. J’ai entrepris plusieurs illustrations de poèmes qui sont réussies…». «Dessinez-vous encore? Je pense toujours aux illustrations de vos cahiers d’infirmières et je
souhaite que vos supérieures, les voyant, comçoivent la possibilité de vous
faire faire de grands panneaux mureaux … Je revois celuis de la circulation sanguine. Comme il est clair!».
Durant mon Novicait: Mes coudées, sur le plan religieux étaient aussi
plus frranches. Et j’étais aussi plus à l’aise pour entamer ce sujet délicat. Je lui ai écrit un jour dans ce sens: «Hors de l’Eglise, point de salut». La réponse arriva le 20 juin 45… une longue lettre d’une dizaiine
de pagea, raturées, surchargées. On aurait dit une lette écrite avec une
certaine hargne. Et fait, il rageait. «Je n’ai pas de leçons à recevoir au
bout de ma vie de sacerdoce. Je n’ai pas eu besoin de carements pour glorifier le Créateur tout au long de ma vie. Je suis alléé jusqu’à Tahiti pour
admirer sa jolie lumière, afin de la porter dans mon travasil jusqu’aux autres». Eh oui, dit Soeur Jacques.M. Ja’vais été maladroite . Le 7 décembre,
j’étais renvoyée du Montreils. Ma santé. Et mon retour à Vence, puis à nouveau les séances de pose pour des dessins.
Villa «L Rève»…., Communauté du Foyer Lacirdaire, Vence.
… J’ai donc reposé en 45… n’étant pas encore vraiment religieuse,
j’en avais le droit. Mais après, non. Il l’avait pourtant demandé. En fait,
cela ne me faisait ni chud ni froid de poser. C’était pour son travail. Je
l’avait demandé à la prieure générale, qui refusa. Je n’ai donc plus posé.
Je lui ai dit que non. «Cela lui a fait de la peine».
Revnons aux séances de poses…. Cela se faisait en silence. Il travaillait en solence. Quand je posais, il était très exigeant. Et dans sa manière de peidre. Esc-ce que la jeune Monique sew faisait engueuler parce
qu’elle bougeait trop? Oh, oui. Je me suivient d’une fois grander parce que
j’ai pris n’importe quelle pose… en bougeant… je l’ai tellement énervé
qu’il m’a renvoyé. J’en ai été quitte pour faire mes excuses. Il m’a expliqué quew j’avais rompu le charme… qu’il n’avait plus envie de peindre.
«il fallait rester silencieuse? Oui. Vous étierz l’inspiration… C’était
donc rompre son inspiration que de bouger. J’ai un jour poser la question
naïvement pourquoi il ne faisait pas les tableaux d’aprè… vraiment réel,
comme un poertrait. Il m’a répondu que c’était pas ça qu’il cherchait, parce qu’un appareil de photo pouvait queléque chose de beaucoup mieux, de beaucoup plus réel. Ce qu’il lui fallait, que dans son tableau rentre le sujet, le peintre et le sentiment que le sujet provoque au peintre. m’a-t-il
expliqué.
Elle durait longtemps, les poses? 2 heures, 2 h 30, cela dépendait. Il
coupait de temps en temps. Vous appelait-il à époque régulière, ou y avaitil de longs moements de silence entre chaque pose? Les premiers temps, en
42, 43, ce fut assez régulier. Mais quelque fois, j’arrivais, et ce qui
l’avait fait la veille était effacé… Cela ne lui plaisait pas? Il effaçait. Matisse, son tableau n’est jamais fait du premier jet. Il dit:» Lorsque les gens voient mes tableaux, qu’ils pensent qu’il y avait beaucoup de
facilité…. Non. Il n’y avait aucune facilité. Il reprenait tout le temps.
Il était extrêment exigeant. Ce que j’admirais dans ces tableaux …. il y
avait le sujet. Bon… il y a le tableau. Il est là. Mais c’est tout ce
qu’il y a à côté. du tableau. Une recherche perpetuelle.
Et votre mère, que disait-elle de ces poses? D’accord? par raport aux
préjugés de la pose… une jeune fille qui pose… alors qu’on sait que Matisse a fait beaucoup de nus. «Matisse ne m’a jamais proposé de poser nue.
D’abord, s’il me l’avait proposé… il savait que j’aurais dit non. Et il
aurait été gêné après… il a préféré s’abstenir de me le demander».
Matisse avait un profond respect des femmses et de la nature… «Il y a
une chose que j’ai remarqué. Dans les nus… ceux et celles qui ont posé
nus, il n’y a jamais le nom et le prénom… V. les noms de tableaux. Un
très grand repest de la personne.
Il y a une profonde amitié… Oui. Et je l’ai vraiment redécouvert en
relidsant les lettres, pour écrire mon livre. On ne peint pas ce qu’il a
peint, qu’on a le regard qu’il a, sans avoir ce respect. Votre mère, dans
tout cela. «Mon père est mort en 42. Elle était encore sous le choc, ma mère. Jeune, qu’il était, 48 ans, et mamane en avait 42. Elle a été sous le
choc pendant très très longtemps. C’est pas qu’elle capitulait… mais elle
était prise par son chagrin et au fond, c’est nous qui avons pris les directives. On était trois à la maison. Et beaucoup de choses reposaient sur
moi.
Durant la piode des premières poses, vous aviez déjà dans l’idée d’entrer dans les Ordres? J’ai hésité plus ou moins. On y pense, et ne repense
pas… On lutte un peu. Et puis voilà. Jusqu’au jour ou je me suis décidée.
En-dehors des poses, une fois la glace rompue, est-ce que Matisse se
laissait aller à quelques confidenses, de quoi parlier vous?. De peinture.
Vous savez, je derssinais déjà à l’époque. J’avait toujours le premier prix
de dessin en classe. Et on me disait que c’était le prix des ânes. J’avais
toujoursd le premier prix de dessins et que des accessits ailleurs… «
Je lui montrais du reste parfois mes dessins. Et on discutait. Il me
conseillait, ce que je devais faire. Il m’a notamment appris à faire de la
linogravure, puis la gravure sur bois… D’ailleurs, lorsque je suis entrée
à Monteils, de sculpter les portes du tabernacle. Du bois. J’ai dit à Matisse: «Je suis sûr qu’on va me donner du chêne. Vous allez voir. On verra
bien, me disait-il… laissez venir… En réalité ce fut du chêne. Il m’a
donné la de nombreux conseils et montré comment il fallait faire. Et j’ai
scultpé les portes du tabernacles. (des épices de blé styli)sé) Il avait
trouvé que c’était bien… il s’arrangeait toujours pour faire un compliment. Il m’a beaucoup intéressé à la linogravure. Et j’avoue que j’auun
faible pour la lino.. J’en fait quelque fois. Encore aujourd’hui. Loisirs?
Je n’en ai pas beaucoup… malheureusement.
Durant mes heures de pose, je ne parlais jamais avec lui de choses religieuses. Pas à ce moment là (v. Plus haut). Quant j’ai pris la décision de
partir au couvent, j’ai prévenu Mme Lydia… sa secrétaire. Elle m’a dit:
Ne le dites pas au patron, je le lui dirai». Je n’ai rien dit, j’ai di au
revoir, j’ai dit que j’ALLAIS TRAVAILLER DANS L?Aveyron. Il était un peu
ennuy quand même de me voir partir dans cette région… c’était loin. J’ai
après coup reçu un téléphones de lui au foyer: «Vous êtes folle, pourquoi
vous partez,qu’est-ce qui vous prend?…. Moi je veux vouzs pousser dans le
dessin. Il n’était pas content». Je suis allé le voir quand même. Il paraît
qu’il est ensuite resté plusieurs mois sans travailler. Oui, c’est vrai, il
avait une profonde amitié pour moi. Il me rendait bien celle que je lui
portais. C’était un peu une élève qui s’en allait? Oui… peut-être. Il
croyait en vous dans le dessin… Il m’a écrit en suite à Monteils (v. plus
haut). Lorsque je suis parti de Monteils (v. plus haut) j’ai demandé à
rtourner à Vence. Le climat, pour ma convalecence, m’allait bien. Je suis
allé voir Monsieur Matisse (c’est ainsi qu’elle l’appelle). Il m’a acheté
des médicaments qu’on ne trouvait pas ddans la pharmacie à l’époque à ce
moment là, pour que je me guréirsse mieux. Il m’a gâté. Je lui ai fait remaruqer: «Monsieur, vous n’étiez pas contente que je parte, et maintenant
vous fate l’impossible pour que je retourne à Montreils. Il m’a répondu:
«Si c’est là que vous êtes heureuse, retournez-y». Et je suis repartie,
après donc avoir encore servi de modèle pour dessin. Je suis repartie, et
on m’a repris.
Vence encore… Matisse n’assite jamais à un de ses vernissages, à un
vernissage de son exposition. Début 1946, ma santé s’améliorait: «Matisse:
C’est avec vous que j’ai fait mes meilleurs dessins et mes meilleurs
tableaux». Je reparti ensuite vers Montreils au printemps 1946. Le 8
septembre, j’au pu prononcer mes premiers voeux avec mes compagnes.
Fatiguée, encore mal rétablie, je suis repartie le lendemain pour Vence.
«Mon premier soin fut d’aller dire bonjour à Matisse. Il fut très ému de me
recevoir avec l’habit religieux. Il me fit tourner dans tous les sens. Il
me retrouvais un peu, disait-il, mais la cornette le gênait.. De temps en
temps, lorsqu0il avait besoin de moi pour des soins, il me téléphonait.
C’ltait facile, je n’avait qu’à traverser la route et un bout de champ pour
me rendre auprès de lui. J’étais devenue une soeur soignante dont le rôle
était d’aller à bicyclette voir les malades à domicile. Plus le caté chaque
jour pour des enfants.»
Rédaction… retour en arrière… sur le dessin à l’école et les prix.
«Quand j’étais au Lycée, j’avais fait un petit album, de la taille d’un
timbre-poste, composé de paysages grands comme la moitié d’un timbre. Un
jour, en 1942n ou 43, je le montrai à Matisse. Il le pris, l’ouvri et me
dit: «Mais vous êtes folley Que vous a dit votre professeur de dessin?» La
même chose que vous, Monsieur, lui répondis-je. Il en a beaucoup ri. Aussi,
un jour de l’an, je lui offris un petit livret semblable, un peu mieux relié. «Qu’il était content. On aurait cru que je luis avait offert quelque
chose de formidable, un cadeau de prix. Il l’enferma dans une petite boîte
en argent. Cette boîte, je l’ai retrouvée en vitrine dans un Musée. la boite était ouverte et on y voyait le petit livre. En 1976, le petit livre a
disparu. On l’a sans doute volé».
Revenons à l’opoque ou vous posiez. Quelle vision sur la vie, quel regard sur les gens… Matisse aimait évoquer ces voyages, il parlait de sa
famille, des gens que j’avais connus, de ma famille. «Un jour, il regardait
Vence. Voyez là-bas, il y a tous les vices et il y a toutes les vertus». Il
désignait la ville de Vence. Profondéement humain, Matisse. On pouvait entamer n’importe quelle question, on avait la réponse pile. Ce qu’il fallait.
Durant l’époque avec Matisse, différents noms de la peinture. Oui, Chagall, que j’ai connu, Picasso aussi. Ces deux, avec d’autres et notamment
Aragon, je les ai rencontré plusieurs fois. A Vence. Lorsqu’ilos venaient
chez Matisse. Chagalle, chez lui. C’était au moment où sa femme l’a plaqué,
partant avec son gosse. Chagall était très déprimé, complètement retourné.
(aux alentours de 45). je suis d’ailleurs alllé lui porté une lettre de matisse qui lui écrivait une lettre de consolation. Mais c’était deux tempérament complètement différent. Autant par exemple Picasso, qui venait souvent, était vive argent, un «nerveux», autant Matisse était calme. Posé.
Tout à fait différent. Même Chagall… il n’avait pas toujours les pieds
sur terre». «Une anecdote, un souvenir précis… de ces rencontres. «Matisse avait de très beaux pigeons blancs. Il en avait assez, il les a donné à
Picasso. «Picaso a du reste fait sa colombe de la paix après coup… Matisse lui dit: ta colombe de la paix, ta colombe dela paix… c’est mes pigeons à moi»…
Est-ce qu’il y a eu de grandes discussions? Oh oui. Et pas toujours très
gentille. Picasso, par exemple, n’a pas été très gentil au moment de la
chapelle. Il n’acceptait pas du tout cette chapelle. Et Picasso lui dit,
quand tu sera mort, ta chapelle elle sera une halle à légumes». Déemti. Matisse a fait tout ce qu’il a pu pour empêcher que ce soit le cas.
Comment se passait ces réunions, lorsque vou y participiez… silence…
Quels autres souvenirs, qui vous a marqué. Aragon. Mais je m’en garde pas
le meilleur souvenir. Aragon discutait un jour avec Matisse à Vence. et
lorsque je suis arrivée, Matisse me dit… Venez Soeur Jacques.. j’arrive.
Monsieur Aragon, je vous présente Soeur Jacques, dit Matisse. Et Aragon m’a
tourné le dos, carrément. Quand j’ai vu cela, je me suis dit bon ça va…
je suis sortie. Matisse était fou furieux. Oui, quand même, ce malotru. Illustré des poème d’Aragon, Matisse).
Matisse parlait de sa famille? Ah oui, il était marié et avait deux garçons et une fille. Il m’en parlait. Il était coupé avec sa famille. Et cela
lui manquait, je crois. Il a beaucoup souffert… il m’en parle dans une
lettre. ma femme et ma fille sont prisonnières des allemands. Il m’en parlait.
Beaucoiup de correspondance, avec Matisse (V. Lettre) oui. Mais il faut
dire que j’étais souvent avec lui. 12 ans. Il n’y a que les années dui noviciat ou je n’étais pas avec lui. Puis il m’a beaucoup écrit, sur la fin
de sa vie, quand je suis partie de Vence, en 52. La chapllle était terminée. Il est mort en 54.
«Si j’avais su qu’il n’avait plus que deux ans à vivre, je serais restée. J’aurais fait l’impossible pour rester. De la triste dans sa voix…
réd. comme du regret… … «on pewut pas prévoir. Parce que ça lui a fait
malà la veille de mon départ… Toute ces lettrews ensuites, avec ce leitmotf: «Quand est-ce que vous revenez?». «La chapelle, c’est pour vous…»
Dans cette chapelle. vous avez joué un grand rôle. Oh oui. C’est sûr que
si j’avais pas été là, c’est sûr que la chapelle ne se serait pas
construite.
Matisse passe pour une personne peutêtre pas athée mais en tout cas pas
foncièrement croyante. Profondéement respectueuym, certes. Oui, il était
très respectueux… Pas croyant… je ne sais pas. je ne peux pas vous le
dire. j’en suis incapable. Mais peut-on peindre ce qu’il a peit dans la
chapelle de Vence sans avoir une certaine foi?, sans croire? «Sans croire?
Moi je dis que non!. Un père par exemple, ne voulais pas que la Vierge figure, qu’elle n’ait pas l’enfant dans les bras… Et Matisse la pourtant
raélisé…
Votre influence dans tout cela. Un concours de circonstance. J’avais une
soeur qui était sacristine, morte d’une tuberculose. Avant de mourir, elle
disdait: Ne vous inquiété pas, quand je serai au ciel, je m’occuperai de la
chapelle. Et je vous promet que vous aurez une chapelle, disait-elle à la
communauté. Elle est morte. A ce moment là, on veillait chacune son tour.
Qu’est-ce que j’ai fais, moi, j’étais toute seule, je me suis mise à dessiner. Et j’ai fait un genre de vitrail. A ce moment là, je l’ai trouvé pas
trop mauvais, même si maintenant, je le ferais pas comme ça. Je fais mon
vitrail… et je vais le montrer à Matisse. «Ah, c’est bien, il faut le
réaliser», qu’il me dit. «J’en suis incapable, je lui dit. «Je vous achèterai le verre, le matériel… le plomb… et vous allez le raéliser, je vous
aiderai», dit Matisse. J’en parle à ma supérieure, qui me dit de laisser
tomber. Mais matisse, lui, il y tenais et voulais absolument que cela se
fasse. Il me relançait de temps en temps. Jusqu’au jour où arrive un frère
dominicain, un novice, de la province Paris, le Père Rayssiguier, au Foyer
Lacordaire. Ce fut lui qui demanda si quelqu’un de connu de la région pouvait faire quelque chose pour la chapelle. Ce fut la supérieure qui liui
parla de Matisse. Encore fallait-il avoir un prétexte. Elle me fit appeler.
Vous nâvez qu’à dire que vous êtes architecte… elle, la supérieure, qui
ne voulait auparavant pas emnntendre parler de chapelle.
Il est all. voir Matisse, sur ma recommandation… il est revenu deux
heures après et la chapelle était faite… sur le papier. Les fonds? comment va-t-on les trouver? Oh vous allez les trouver, ne vous inquiétez pas,
dit-elle, la supérieure. je retourne voir Matisse. Vous savewz, il avait sa
tête… «Je fais les décorations, je fais les vitraux», quand il était décidé à faire quelque chose. Et les fonds, comment? lui ai-je dit. «Ne vous
inquétez pas, on va faire une exposition et une litographie qu’on va vendre
les litos… Et ça s’est fait comme ça». Mais pas sans heurts ni problèmes… Les soeurs entre autres, qui ne le connaisait pas… ça n’a pas été
tou seul, je peux vous le dire. Mais ma prieure générele, a dit oui, finalement, grâce à l’influence du Père Couturier. Sans Soeur J.M, en particulier, et le P. Couturier, pas de Chapelle.
Matisse a été entièrement libre au niveau des sujets. Je ne l’ai pas
influencé. Le laissant libre. Mais on était dominicaines, dominicaines de
Notre Dame du Rozaire, donc il fallait la vierge. Et le chein de croix…
Comment est-il représenté, ce chemin de croix. Matisse la volu comme un
drame «C’est un drame qui se pose». Toutes les stations sont imbriguées les
unes dans les autres. Elles se tiennent. Eléles ne peuvent pas être
séparées. C’est un chemin, chaotique. «Vous savez, quand j’ai vu ce chemin
de croix pour la première fois sur la céramique, avant que ce soit cuit,
j’ai reçu un coup dans l’estomac.
Réd… Complément à la sculpture du tabernacle, travaillé par la soeur.
Elle, quand elle l’a terminée: Monsieur, j’ai fini». Lui: «Ma soeur, un
chef d’oeuvre n’est jamais achevé».
En janvier 1948, les plans de la chapelle sont définitivement conçus.
J’ai en ma possession le plan définitif daté de décembre 47, établi par
Frére Rayssigier. Au printemps 48, Mtisse se plonge dans son travail pour
la chapelle. Avec ardeur».
Frère Rayssigier voulait que la Vierge soir rprésentée habillée comme à
l’époque actuelle, avec les deux coudes sur les genoux, le meton dans dans
les mains. Matisse protesta: » La vierge sera habillée comme on a l’habitude de la voir et elle aura un enfant dans les bras. Car sans l’enfant, elle
n’aurait pas sa raison d’être». Plus tard, à Nice, matisse s’est haté de
dessiner les études pour la Vierge, car la fillette qu’il avait prise comme
modèle avait onze ans et il remarquait que corporellement elle se tranformait. Or pour la Vierge qu’il voulait peindre, il voulait la pureté d’un
enfant. «J’espère une ouvre pure du point de vue spirituel et plastique»,
me disait-il.
Martisse.. si je lui parlais de la mièsre ou de la souffrance d’un malade, il n’en dormait pas la nuit. Il pensaaitr à ce malheureux. Tout chez
lui était profondément médité. Comme ses tableaux. la Vierge et son chemin
de croix furent longuement médités au cours de son travail. Malgré sa manière der vivre, il avait un espri chrétien Pendant les nuits de veille,
afin de s’apaiser et de trouver le sommeil, il récitait des pater et des
ave, l’initiation de Jésus-Christ était un de ses livres de chevet. «Pour
m’endormir, disait-il en riant». je me souviewns d’une de ces répliques
faite à Picasso», dit Soeur… «Oui, je fais ma prière lorsque tout va mal.
Vous aussi, et vous le savez bien. Nous nous jetons dans la prière et nous
retrouvons le climat de notre première communion. Vous le faites. vous aussi». «Picasso n’a pas dit non.
Matisse m’a appris énormément de choses… C’est là le souvenir le plus
marquant. Une vie humaine, le contact avec les autres… Les conseils qu’il
m’a donné. Et il m’â ouvert énormément. Les dernières fis que je l’ai vu…
en 54, avant sa mort, je l’avais trouvé très très changé. Ca m’avait fait
mal de le voir, à Vence. J’avoue, que dans ce moment là, on a entamé la
question religieuse. J’aurais trahi ma vocation si je ne l’avais pas fait
Mon devoir. Mais je l’ai laissé entièrement libre dans ses pensées quand
même. Je me rappelle…. il me tenais la main… Et je lui ai dit:
Monsieur, je sais que si je restais, je vous ferais faire le pas». «Il m’a
répondu: Peut-être bien». Simplement. Vous aviez un énorme respect pour
lui. Et qu’il avait au fond de lui quelque chose de plus que ce qu’il
voulait bien dire. Et dans ces lettres, il me l’avait dit… «je vous des
détails que je n’ai pas l’habitude de donner, quer je garde pour moi».
Ma visite était au mois d’août… il est mort au mois de novembre. Ce
fut un choc pour moi». Même si je m’y attendais un peu, comme je l’avais
vu… il y a des choses qui ne trompent pas. «J’avoue que je regrette de
lui avoir fait cette peine d’être partie de Vence». Ca a été dur, ce choix
que vous avez dû faire à un moment donné? «Oui, c’était dur. Tout a été
dur. Même la chapelle. Comment avez-vous eu la force….». «J’ai un tempérament vendéen. Plus on m’en fait voir, plus je m’accroche.
Mais c’est pas courant, ça. Vous rencontrez Matisse, qui est le père du
fauvisme.. Matisse, le génie, le peindre.. qui vous adopte comme modèle,
qui vous prend comme sa confidente, qui vous corrige vos dessins… donc
qui croit en votre talent. A ce que vous faites. Qui avez sans dopute un
certain talent…. Et puis là vous choississez d’entrer dans le sordres…
«Il m’a rdit à ce propos: «Au moins, on ne dira pas que tous mes modèles
tournent mal».
Vous savez, raconte Soeur… Je me permettais aussi de critiquer ces
oeuvres, Un jour, il me fait venir dans son atelier. Alors, qu’est-ce que
vous en penseé, me dit-il à propos d’un de ces tableaux.. Alors là, je ne
savais pas trop quoi dire.. C’était tout au début que j’étais chez lui…
donc … alors je ragrde. Il insiste: Alors, qu’est-ce que vousen pensé».
Eh Bien… Monsieur… j’aime beaucoup les couleurs… les formes un peu
moins… «Eh bien au moins vous dites pas «cher maêtre c’est ravissant,
alors que vous penseé le contraire». Il avait beaucoup apprécié. Vous savez… Martisse ne se faisait pas beaucoup d’illusions, il était pas mal
critiqué. «Il n’assistait ru reste jamais au vernissage, car il n’aimait
pas les gens qui était là et qui pensait le contraire que ce qu’ils disaient. Pa sun hypocrithe. Pas du tout.
Auparavant, avant d’être religieuse, lorsque j’allais chez lui, j’y prenais très souvent une collation, ou un gateau, ou un bonbon. Mais du jour
ou je me suis revenue en religieuse, je ne pouvais plus riena accepter, car
à cette époque, c’était très strict. Un jour, lorsqu’il était à Vence, à la
Villa «Le Rêve», j’arrivai juste à l’heure du goûter et il voulut à toute
force m’offir une tasse de thé que je refusai. Idem avec les bvonbons. Il
ouvrait une boite, me la tendait. En vain Devant mon obstination, il vidait
une partie de la boite dans un papier : «Ca c’est un truc pour avoir le
tout. Il se boucahit les yeux et me disait tenez, je ne reagred pas.
C’était un homme très affectueux». Lui et moi étions franc jeu. C’est comme
ça qu’on s’est apprécié.
Quel souvenir vous avez de son atelier. Il n’était pas bizard son atelier, contrairement à ce qu’on pense d’un atlier de peindre. Tout était en
ordre et bien rangé…. Tout était bien rangé… ces pinceaux bien rangés,
ces couleurs…
Retro à Paris. Au début de l’année à New York. Comment vous vivez cela
aujourd’hui… Je n’en retire aucun orgueil. Aucun. Je n’en parle jamais.
Ja’i une céramique de Matisse. Deux litos, des lettres, toutes celles qu’il
m’a écrites… avec des dessins, certaines. Je ne lui ai jamais demandé
quelque chose pour moi. Jamais. Il m’a donné une lito le jour de mes voeux
perpétuels. Et une autre juste avant sa mort, en 54, que je conserve.
Oui, je regrettre un peu Vence. Ici… c’est certes pas la lumière de
Vence et de la région… Mais la plus belle lumière c’est à l’ile de Ré,
que je l’ai vu. …. broder.
Ces noms de grands peintres font quand même rêver et chanter… ces gens
que vous avez rencontré et aujourd’hui disparus… Consciente de ce privilège. je l’avoue. Mais je n’en tire d’orgueil. Mais pour moi, c’était surtout Matisse qui comptait. Les autres… » Mais qu’est-ce qu’il avait de
plus que les autres, Matisses. Dans la mesaure ou l’homme et le peintre
peuvent être dissociés… qu’est-ce qui vous atirait le plus, l’homme, sa
manière de vivre, sa mainière de penser, de voir les choses, ou alors le
peintre? «Non. c’est surtout l’homme. Surtout l’homme. je veux vous oire.
Lorsque je l’ai rencontré, c’est au moment où j’ai perdu mon père. Est-ce
que inconscienment j’ai rechercé cette affection paternelle? Ca ce peut.
Inconsciement. J’essaie moi aussi d’analyser.
Et chez le peintre, qu’est-ce que vous admiiriez`Les couleurs. le calme.
parce qu’il aune manière royale de maîtriser la couleur. Il m’a marqué ensuite dans le dessin. Je ne copie pas. Mais je suis un peu influencé par
lui, je l’avoue. C’est obligé.
Non… je ne regrette pas d’être entré dans les ordre… par rapport au
dessin, auquel Matisse croyait? Non aucun regret. Même si j’aurais peutêtre pu réussir dans le dessin. Matisse m’a dit un jour… je voulais faire
les beaux arts, même si j’aurais aimé faire de la musique… la famille,
une tradition… Musique et peinture: cela va ensemble. les accords de musiques c’est comme les accords de peintures… La guerre est arrivée… je
n’ai pas pu partir au beaux arts… J’ai donc fait des études d’infirmières… Et vos loisirs… il ne me reste pas beaucoup de temps pour moi. Les
poissons… la céramique. J’aurais aimé faire un peu plus de recherche. Pas
le temps. J’ai écrit un livre. Qui sort maintenant: douze ans de vie avec
Matisse. 1942 1954.
J’avais déjà, à la demande de a supérieure, écrit mes souvenirs… mais
jamais publiés. En 52, un journaliste m’avais demandé des impressions. je
n’ai pas répondu… A ce moment là, il ne fallait pas en pèarler, il ne
fallait rien dire. Je n’ai pas répondu. C’était mal vu… Vous ne m’auriez
pas interrogé il y a 40 ans… Bref… je me suis dit que vis-à-vis de Matisse c’était pas chouette. Il y a donc un autre manuiscrit non publié…
gardé chez les soeurs.
Matisse un acète? Matisse ne faisait jamais d’excès. Le vin? s’il prenait deux doigts de vin… c’est le maximum… Et lrsqu’il rencontrait ses
amis… .. Vous savez. c’était avant tout son travail. Tout était organisé
pour son travail. Rien que cela. Je ne l’ai jamais vu faire des excès. Il
avait de gros problèmes intestinaux… Il ne pouvait pas s’amuser à faire
des excès… Vous savez, quand je n’avais pas d’argent, je ne pouvais pas
manger et je travaillais. Quand j’ai eu de l’argent, je me suis aperçu
qu’en ayant de l’argent je pouvais manger, mais je ne pouvais plus travailler. Il fallait faire le choix.
Vous avez une grande admiration pour Matisse. Oh OUi. Il vous le rendait. Oui… Une profonde amitié entre lui et elle. «C’est vrai, il avait
une confiance totale. Matissse… Il n’aurait pas admis que je faille à ma
vocation religieuse. Il me l’écrit dans une lettre: «Ce que vous avez choisi… il faut… V le livre. Il aurait été déçu que je faillisse. De respecter les engagements était une preuve qu’il avait eu raison de son amitié. Jusqu’au bout. Comme lui allait jusqu’au bout. Toujours. Matisse était
aussi comme ça. Jusqu’au bout. Quelque chose de très semblable entre matisse et Vous… silence… je sais qu’on s’est très bien entendu…
Matisse n’a jamais dénigré un autre peintre. Jamais.
Même si mes souvenirs datent… j’étais très jeune.
Elle se souvient… «Un jour, j’avais été opérée de l’apendicite. Il ma
demandé: «Qu’est-ce que vous voulez… des fleurs dessinées ou en réelles?»
Les deux, lui ai-je répondu. Il m’envoie une lettre avec des fleurs dessinées. Et puis alors après, j’entends quelqu’un qui souffle dernière la porte… je vois arriver Matisse, avec sa barbe et sdon chapeau sur la tête…
avec un gros bouquet de fleurs… lui derrière. Et un livre… «Le grand
cirque». Je l’ai lu en deux jours… en 49.. Quand il arrivait… il faisait bien sûr grande impression. Monsieur matisse arrive…
Les lettres, les linos et le reste… qu’en vouleu vous faire un jour…
je ne sais pas… à la chapelle de Vence? Parce qu’au fond, cela fait partie de la chapelle de Vence… Silence… méditation. Il a fait d’autres
chapelle? Non… l’autre jour je lui ai dit… pardon à l’époque… il m’a
dit Ah non, c’est terminé. «Cela l’avait fatigué». Il avait plus de 80 ans
quand même. Avec le souci qu’il avait de se demander s’il allait pouvoir
aller jusqu’au bout.
On a Matisse qui crée la chapelle de Vence. Il a sa conception de la religion, qu’il exprime à travers son oeuvre. Comment on réagi les religieuses, la supérieures… Selon elle… «Ce sera un magasion de chaussures, on
ne pourra pas y prier, disait-elle. Et d’autres… ce sera une salle debain.. avec ses carreaux… Un visiteur: c’est une honte… Heureusement
que les critiques sont dépassées par les louanges.
Beaucoup ont dit qiu’il avait usé son coeur à la chapelle. La maison mère de Monteils qui brûle… on a refait la chapelle… v. le livre de la
soeur… Ce que je n’aime pas, c’est la vierge avec ses seins… il a voulu
ontrer la maternité de la vierge… une vieille religieuses de 80 ans, qui
disait préférer la chapelle de Vence à celle reconstruiote de Montreils.
L’oeuvre est là aujourd’hui… pour la postérité… Maintenant j’ai
presque lâge de Matisse quand il m’a reçu. A un an près. 73/ 64 ans… Il
est né en 1892. Se souveint de son bonnnet de nuit vert pomme qu’il portait
chaque nuit… Toujours quelque chose sur la tête. le jour le chapeau. Cela
lui allait bien, il était blonc, sa peau était blonde. Très gai, très
joyeuy, sous un apsect très rude mais distingué.
Quand on peignait les papiers pour découper… c’est nous qui peignons
les papiers à découper. On peignait des grandes pages de dessins… tout
dans un seule couleur. et il fallait que cela soit bien régulier. Il sortait la couleur de ses tubes.. là, comme ça… Oui, j’ai donc participé à
la réalisation de certaines oeuvres. En peignant les papiers. Ce que je
faisais était toute de même modeste.
Voir les lettres à la fin du livre….
Voir lettre «la chapelle en aurta un bénéfice de 480’000 francs.
Le vent du sud souffle. Pas de nuages. Pas de touristes… La mer…
etc… description des lieux. L’Espagne au loin.
Soeur Jacques a le permis de poinds lourds avec remorque, de trtasports
en commun…. Ouais… de semi remorque.. . etc, de moto.
Matisse écrit: je suis navré de votre maheur. Pouvez-vous sonder la volonté du ciel. Il faut un don de rsésignation epu commune pour ne pas perdre courage… N’êstes vous pas sur la terre pour subir les épreuvers par
lequelles vous êtes signées. vous et vos compagnes pour la glorification de
Dieu. Ne serait-ce pas notre chapelle, trop orgueilleuse que nous considérons comme une perle même avant sa terminaison» Que vbeut-il dire là. On a
eu un incendie à Monteils à la maison mère. Tout avait brûlé. Ce qui l’acvait frappé… il s’était cuplabilisé… car en construisant une chapelle,
une autre se démolisait. Mais cette réaction… c’est celle d’homme qui a
la foi. «Je ne vous ai pas dit qu’il ne l’avait pas». Mais je laisse dire
l’opinion publique… Ca n’empêche pas que j’ai ma petite idée».
Le courrier, à partir de 1953, en particlier ce qu’il vous écrit… on à
l’impression qu’avant il a besoin de vous comme eprsonne capable de l’écouter, de partager, de l’écouter, de dialoguer. Mais là, on a l’impression
qu’il aplus besoin de vous comme la religieuse que vous êtes. Une sorte
d’appel au secours… Oui… c’est vrai… Et puis il sent partir». C’est
plus à la religieuse qu’il s’accroche… il sent qu’il va partir, qu’il a
besoin de comprendre un certain nombre de choses que vous pouvez lui donner…. Oui, c’est vrai… c’est aussi pour cela que je regrette mon départ
de eux ans. Mais qui pouvait le prévoir. Il fallait que je m’en aille, que
je prenne du large. Pas drôle. J’étais la plus jeune, là bas.
Vous n’avez pas assisteé aux funérailles de matisse. Empêché par ma supérieure qui n’a pas voulu que j’y assiste… la presse… etc. A ce moment
là… il faut se reporter à l’époque. Vous n’avez pas eu envie de désobéir
là. «Oh de désobéire, oui, bien sûr que j’en avais envie.» SDi vous aviez
un regret à émettre aujourd’hui est-ce que se serait celui-là. «Non, même
pas. Le vrai regret que j’ai c’est d’être parti et de n apas l’avoir suivi
dans son cheminement final, au moment ou il avait sans doute le plus besoin
de moi».
Histoire d’amitié qui vous lie à Matisse et que Matisse lie avec vous…
est-ce que c’est une hisatoire de l’Amour… Je ne dis pas une histoire
d’amour. Peutêtre… Chez moi, voyez-vous, l’amitié compte énormément. J’en
ai deux, dont Matisse. Je parle de vrai. J’ai de nombrfeux camarades… Il
en faisait partie. Et il me le rendait bien. Mais c’est pas ce que l’on dit
au point de vue amour… Pas un amour que j’allais dire charnel. C’est pas
du tout cela, rien à voir. C’est pas défendu. Pas un amour exclusif…
l’amitié que j’avais pour Matisse et pour mes amis, ça n’est jamais exclusif. Mais ouvert à d’autres. Pas facile à expliquer…»
Vous posez un jour la questionb à Mtisse… Mais cela ne me ressemble
pas… j’étais même décue… Je ne photo.. Aujourd’hui, lorsque vous regarder vos portraits, est-ce que vous vous reconnaissaez plus… Oui… La
forme du visage, les gestes, la fa%on… de me tenir surtout dans les dessins à la plume. Etz au-delà du trait, ce que vous êtes, vous profondéement, avec votre sensibilité… Est-ce que vous vous reconnaissez davantage. Oui. je me reconnais. Oui. Car c’est surtout cela que Mariysse à capter. je m’en rend compte aujourd’hui. je me reconnait bien. Votre regard..
Il y a des dessins que je n’aime pas. Je n’aime pas Monique. Ca c’est bien
moi… un peu de rêve là dedans. Cétait vraimeent la pose que j’avais adoptée. Oui, je me souvient très bien de ce moment là.
Je retourne très souvent à Vence… Comme un pèlerinage? Oui, un peu….
En juillet, j’irai quand le musée de Nice s’ouvrira à nouveau après transformation. Oui, oui… nostaligique, c’est un pewu un pèlerinage. 0est desannées de jeunesses que j’ai là bas. Tout est aussi changé là bas. les gens
que j’ai copnnu ne sont plus là. morts ou partis. beaucoup à Nice. à 13 15
km de Vence. Vence, c’est votre oeuvre par personne interposée…. Oui,, je
ne le nie pas. J’ai servi de trait d’Union. mais sans ce trait… si je
n’avais pas été là… la chapelle n’existait pas, c’est sûr.
lito 51 17 du 8 51 j0ai fait profession le 8 dz 9. l’autre, la dernière
fois que je l’ai vu, datée de 54… A Soeur Jaques— de Martisse. l’Autre,
un carreau de céramique, donné aussi avant sa mort, datée du …. qui s’accroche en oblique.
Pourquoi matisse ne vous laisse pas une oeuvre en couleur.. Je ne lui ai
jamais demandé.. Même si j’enavais envie de lui demander… Il ne me
l’aurais certainement pas refusé. Mais je ne lui ai pas demandé. Il faut
que cela vienne de lui. Un petit orgueil sur ce point là.
Il n’aimait pas qu’on vienne le «taper». Enterré à Nice, Matisse… J’ai
aussi connu son atelier à paris, au boulevard Montparanasse… Un peu petit, une grande pièce… il avait ces affaires tout autour. Il avait de jolis meubles. En homme de goùt.