L'affaire "londonienne" jugée au Vatican engage des procédures complexes | © Pixabay
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Le procès de l’immeuble de Londres piétine

«Il faut encore du temps pour commencer, si tant est que nous puissions commencer». De l’aveu même du juge Giuseppe Pignatone, le procès de l’immeuble de Londres peine encore à démarrer. En témoignent les nouvelles difficultés procédurales et annonces survenues lors de la quatrième audience du procès, dans la matinée le 17 novembre 2021. Une nouvelle audience est prévue pour le 1er décembre prochain.

En raison de dossiers toujours incomplets, le juge Pignatone a annoncé que quatre des dix accusés – Raffaele Mincione, Nicola Squillace, Fabrizio Tirabassi et Mgr Mauro Carlino – ne sont plus pour l’heure concernés par le procès. L’enquête du promoteur de justice – l’équivalent du procureur – se poursuit pour eux, avec notamment des interrogatoires. Le promoteur devra ensuite décider s’ils doivent être réintégrés au procès en cours.

Le juge Pignatone a en outre reconnu un certain nombre de dysfonctionnements dans la communication entre le tribunal et le Promoteur de justice. Il a décidé de nommer un juge suppléant – Lucia Bozzi – pour l’assister, considérant cette aide nécessaire tant ce procès est «un processus complexe avec un délai court».

Des preuves «mutilées»?

Les avocats de la défense des six autres accusés ont une nouvelle fois réclamé la nullité au juge Pignatone, affirmant que des pièces versées au dossier avaient été «mutilées» par le Promoteur de justice Alessandro Diddi. Lors de la précédente audience, le juge avait demandé à ce dernier de compléter les actes du procès avant le 3 novembre.

Plusieurs avocats, dont celui du cardinal Angelo Becciu, Fabio Viglione, ont déploré les nombreux «omissis» – coupes volontaires dans des vidéos d’interrogatoires, notamment ceux de Mgr Perlasca, un témoin clé du procès. Ils ont en outre affirmé que certaines coupes n’avaient pas été mentionnées par le Promoteur de justice.

Le promoteur de justice Alessandro Diddi leur a répondu que ces coupes étaient justifiées par le fait qu’elles concernaient d’autres enquêtes en cours. Le «secret de l’instruction», a-t-il insisté, concerne en effet une partie de ces documents.

La défense a aussi pointé du doigt les incohérences constatées entre les horaires officiels des interrogatoires et la taille finale des comptes rendus manuscrits, jugeant ces derniers peu fournis en rapport au temps des interrogatoires.

Le promoteur de justice s’est justifié, expliquant que les heures ne correspondaient pas parfaitement, et qu’il fallait par exemple décompter les heures de déjeuner. Il leur a aussi rappelé que «les procès-verbaux ont été lus et signés par les accusés et leurs défenseurs», les mettant au défi de porter plainte pour faux.

Un «témoignage» du pape manquant?

Un des rares éléments nouveaux dans le procès de l’immeuble de Londres est venu de Luigi Panella, avocat d’Enrico Crasso – un financier qui a géré des fonds de la Secrétairerie d’État pendant 27 ans et qui est accusé d’extorsion, de fraude, de blanchiment d’argent, de faux, d’abus de pouvoir.

L’avocat italien a en effet remis un rapport dans lequel il cite une phrase prononcée par le promoteur de justice Alessandro Diddi dans un interrogatoire filmé de Mgr Perlasca. «Avant de faire ce que nous faisons, nous sommes allés voir le Saint-Père et lui avons demandé ce qui s’était passé», déclarerait dans cet extrait le promoteur au prélat, au cours de cet interrogatoire à propos de l’immeuble de Londres du 29 avril 2020. Autrement dit, le pape aurait échangé avec son procureur sur l’affaire.

Présentant son ordinateur à l’audience, l’avocat a tenté de montrer, sans succès, l’extrait à l’assistance. Sur cette base, il a donc demandé à ce que le témoignage du pape François mentionné soit ajouté au dossier, comme le veut la procédure.

S’empressant de lui répondre, Alessandro Diddi a nié l’existence de cet entretien avec le pape François. Le promoteur s’est défendu, expliquant avoir fait référence à la conférence de presse du pontife, faite en novembre 2019 dans l’avion qui le ramenait du Japon, pendant laquelle le pape François avait révélé l’affaire de Londres à la presse. (cath.ch/imedia/cd/rz)

L'affaire «londonienne» jugée au Vatican engage des procédures complexes | © Pixabay
18 novembre 2021 | 09:56
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
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