Espagne : un tiers des contribuables a payé l’»impôt religieux» (210888)

Futurs problèmes financiers pour l’Eglise

Barcelone, 21août(APIC/Cécile Canonica) Selon les premiers sondages réalisés par les Ministères espagnols de l’Economie et des Finances, moins de

40 % des six millions de contribuables espagnols ont accepté, à l’occasion

de leur déclaration d’impôts effectuée en juin dernier, de verser le 0,5 %

de leurs revenus à l’Eglise catholique. Les 60 % restant ont préféré destiner ce pourcentage aux oeuvres sociales laïques de caractère national.

La Conférence épiscopale espagnole espérait, pour sa part, d’après une

enquête effectuée par l’Université Autonome de Madrid, 56 % de réponses favorables. L’Eglise catholique recevra certainement ainsi une somme bien inférieure à ce que l’Etat lui mettait antérieurement à disposition. Le Parlement devra approuver l’année prochaine un crédit extraordinaire destiné à

couvrir la différence entre l’argent reçu des contribuables et les presque

182 millions de FS (14’000 millions de pesetas) versés traditionnellement

par l’Etat à l’Eglise. Cette procédure, conformément aux accords signés

avec le Vatican en 1979, sera appliquée durant trois ans. Après quoi,

l’Eglise devrait pouvoir s’autofinancer par le biais de l’»impôt religieux»

et la solidarité des fidèles.

Polémique interministérielle

Ce crédit extraordinaire fait déjà l’objet d’une polémique entre les Ministères de l’Economie et des Affaires sociales, le premier proposant que

l’argent manquant soit pris de la somme destinée par les contribuables à

d’autres fins sociales. Il s’agit de quelque 9’000 millions de pesetas.

Pour sa part, la nouvelle ministre des Affaires sociales, Matilde Fernandez, s’est fermement opposée à cette proposition.

Une proposition de loi tendant à supprimer la contribution volontaire à

l’Eglise catholique – avec l’argument de l’inconstitutionnalité de cette

contribution dans un Etat laïc – a été lancée par le député basque Luis Maria Bandrés, d’ «Euskadi Ezquerra» (Gauche nationaliste). Les autorités de

l’Eglise catholique ont réfuté cet argument, en affirmant que l’assignation

de ces fameux 0,5 % à l’Eglise ne signifiait pas automatiquement être membre de cette communauté, mais pouvait également signifier sa sympathie pour

l’oeuvre sociale accomplie par l’Eglise.

Juifs et protestants contre l’ «impôt religieux»

Si l’ «impôt religieux» suscite l’opposition de certains milieux intellectuels et de gauche, les représentants des autres confessions religieuses

en Espagne n’en sont pas tous partisans, le considérant «discriminatoire».

La communauté juive considère la formule de l’assignation tributaire à

l’Eglise catholique contraire à l’article 16 de la Constitution. Les Eglises évangéliques estiment que l’Etat ne doit intervenir dans le financement

d’aucune Eglise.

Les quelque 14’000 millions de pesetas que l’Etat espagnol a mis jusqu’à

cette année à disposition de l’Eglise sont toutefois loin de couvrir tous

ses frais de fonctionnement. En effet, le personnel religieux en Espagne

s’élève à près de 121’000 personnes (90 évêques, 21’000 séculiers, 27’773

religieux, 58’186 religieuses actives et 15’000 contemplatives). Le salaire

moyen d’un prêtre est de 780 francs suisses. Outre les charges de fonctionnement interne de l’Eglise catholique en Espagne, il faut encore ajouter

ses nombreuses oeuvres missionnaires et sociales, ainsi que ses Universités. Le compte est vite fait : l’Eglise espagnole n’a pas le temps de s’enrichir et elle devra compter de plus en plus sur un financement solidaire

de ses fidèles pour mener à bien ses nombreuses tâches pastorales.

(apic/cr/be)

21 août 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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