Un opéra d’Eugène Ionesco et de Probst sur Maximilien Kolbe
Italie : en avant-première mondiale à Rimini (180888)
Rome, 18 août 1988 ( APIC/CIP) Ce samedi 20 août s’ouvre à Rimini, en Italie, la 9ème «Rencontre pour l’amitié entre les peuples», organisée par le
Mouvement catholique «Communion et Libération». La rencontre, qui prendra
fin le 27 août, sera inaugurée par la représentation, en avant-première
mondiale, de l’opéra «Maximilien Kolbe».
le livret de cet opéra a été écrit par l’académicien Francais Eugène Ionesco, auteur entre autres de «La cantatrice chauve» et «Le roi se meurt».
La musique est de Dominique Probst et la mise en scène de Krzisztof Zanussi.
Le Père Maximilien Kolbe, canonisé par Jean-Paul II en 1982, est mort le
14 août 1941 à l’âge de 47 ans, au camp de concentration d’Auschwitz, ou il
a offert sa vie pour sauver celle d’un père de famille.
Eugène Ionesco reconnaît qu’il a trop longtemps ignoré l’histoire du Père Maximilien Kolbe. «A vrai dire, je ne l’ai connue qu’en 1980, quand le
Père Carré, mon collègue à l’Academie Francaise, m’en a parlé. J’ai été
fasciné par l’amour, par le sacrifice et par l’immense charité du Père Kolbe, qui a mérité, à juste titre, d’être honoré par l’Eglise, qui l’a canonisé».
«C’est le musicien Dominique Probst, lui aussi sous l’influence du Père
Carré, qui a voulu faire un opéra, explique encore Eugène Ionesco. On s’est
donc mis d’accord : c’est moi qui écrirais le livret et lui composerait la
musique. Je n’ai écrit qu’un seul acte, parce que nous voulions faire un
petit opéra qui durerait 30 minutes et se terminerait par l’entrée du Père
Kolbe dans le bunker des condamnés. Notre travail a trouvé bon accueil
auprès de l’ancien directeur de l’Opéra de Paris, avec lequel nous avons
signé un contrat. Mais quand le directeur a quitté la direction, personne
n’a plus voulu monter l’opéra.
«A présent, grâce à la rencontre de Rimini, j’ai la possibilité de faire
jouer l’opéra avec la mise en scéne de Krzisztof Zanussi, que j’avais déjà
rencontré au festival de Venise , dont il était le président, tandis que
moi, je faisais partie du jury.
«Alors, j’ai écrit la deuxième partie de l’opéra . Les prisonniers condamnés à mort dans le bunker y expriment leurs doutes, leur désespoir ou
leur vague espoir. Le Père Maximilien Kolbe leur répond seulement par des
bénédictions et des prières. Dans toutes les autres cellules, les prisonniers qui meurent de faim et de soif ne peuvent que crier. Mais là ou se
trouve Maximilien Kolbe, il n’y a ni peur ni cri, il n’y a que des questions. Le Père Kolbe ne répond pas, car aucun homme ne peut répondre aux
questions de Dieu. A la douleur, on ne peut répondre que par la foi.
«Le philosophe Allemand Theodor Adorno a dit qu’après Auschwitz, l’homme
ne peut plus être le même et que la philosophie doit nécessairement changer. Le Père Kolbe apporte la réponse : il n’y a que la foi, la charité et
la prière qui peuvent nous soutenir dans notre existence».
Eugène Ionesco précise encore qu’en général, il est un homme angoissé.
Il aurait d’ailleurs voulu mener une vie contemplative, mais ne s’en sentant pas capable, il a choisi de se consacrer à l’art, parce que l’activité
artistique, dit-il, est celle qui est la plus proche de la contemplation.
«Je vis avec angoisse une recherche intermittente, ajoute l’académicien
Francais. Je cherche Dieu, je prends d’assaut le ciel. Je pense que le ciel
est la seule réalité qui subsiste au-delà du mur de la mort. Mais après,
j’oublie, je me divertis, je m’occupe de rivalités littéraires, de vanités.
Je ne suis pas, malheureusement pour moi, un chrétien à temps plein. Et
c’est pour cela que j’adore le Père Kolbe. C’etait un chrétien à temps
plein, qui a offert sa vie en sacrifice pour promouvoir celle d’un autre.
Le Père Kolbe est allé au devant de la mort en triomphant de la peur biologique. Parce que – je suppose – les saints aussi ont peur de mourir».
(apic/jt/pr)