Louvain: «Veritatis splendor» ne laisse pas assez de place au dialogue
Prise de position de cinq moralistes de l’Université catholique
Louvain, 11octobre(APIC) Pour les théologiens de l’Université catholique
de Louvain (KUL néerlandophone), la nouvelle encyclique du pape laisse trop
peu de place au dialogue en préconisant de manière exclusive et radicale un
type particulier de raisonnement théologique et moral. Dans un communiqué
signé par cinq d’entre eux, les théologiens assurent cependant partager la
préoccupation fondamentale de ’Veritatis splendor’ à savoir la promotion de
la dignité de l’homme comme image de la bonté et de la proximité de Dieu.
Pour les moralistes de la KUL la question centrale de l’encyclique est
comment le fidèle, dans le contexte de la vie actuelle, peut-il parvenir à
opter en vérité pour le bien? Divers modèles de théologie morale sont placés les uns à côté des autres, mais finalement l’encyclique privilégie une
méthode particulière. «Affirmer que les commandements négatifs déduits de
la loi naturelle ont une portée universelle (toujours et définitivement)
implique qu’il est imposssible de faire honnêtement la part des choses entre les valeurs et les non-valeurs. L’encyclique ne laisse donc aucune place à ce qui est humainement tenable dans les circonstances précaires et
complexes.»
Les moralistes observent que l’encyclique propose une vision unifiée de
l’homme. Mais la référence majeure à la loi naturelle donne l’impression
que les auteurs ont négligé un siècle de réflexion philosophique. A leurs
yeux, l’encyclique sous-estime la part de l’expérience humaine et de l’histoire dans la maturation de la foi et du jugement moral. Cette faiblesse
étonne d’autant plus les théologiens que le christianisme est une religion
de l’incarnation.
Même réflexion à propos de la recherche biblique. Pourquoi dépenser tant
d’énergie à l’étude de la Bible dans les facultés catholiques si le Magistère ignore les fruits de cette recherche? interroge le communiqué. Sous le
pontificat même de Jean Paul II, l’Eglise catholique a pris des positions
que l’encyclique semble aujourd’hui invalider. Ainsi l’Eglise semblait admettre le recours à la violence dans le cas d’une légitime défense, ce que
«Veritatis splendor» semble contester.
Les théologiens louvainistes espèrent encore que la lecture de cette encyclique se fera dans le dialogue. On ne peut qualifier d’intrinsèquement
mauvais des comportements, sans entrer réellement en dialogue avec la vaste
tradition de la théologie morale dans toute sa diversité et sa complexité.
La théologie morale peut contribuer à éviter les simplifications outrancières et les interprétations erronées, affirment-ils. (apic/cip/mp)