De nombreuses activités se passent dans la nature | © Grégory Roth
Suisse

Scouts d'Europe: bientôt mille membres en Suisse

Né en 1977 dans le canton de Vaud, le Scoutisme Européen Suisse (SES) essaime dans de nouveaux cantons, comme Neuchâtel ou Zurich, et compte bientôt mille membres. Rencontre de deux clairières de louvettes réunies pour un camp les 14-15 mai 2022 à Morat.

«Allez dans la paix du Christ…», «…Nous rendons grâce à Dieu.», «…Et n’oubliez pas votre promesse scoute: de rendre chaque jour un service à votre prochain». C’est par ce dialogue que se termine la messe, célébrée en pleine forêt par l’abbé Jacques Papaux, pour une quarantaine de louvettes fribourgeoises et neuchâteloises, durant leur week-end de mai, basé aux alentours de Morat.

L’abbé Jacques Papaux célèbre la messe avec les louvettes de Fribourg et de Neuchâtel | © Grégory Roth

Une nouvelle clairière à Neuchâtel

«Nous avons choisi un lieu à la fois proche de Fribourg et de Neuchâtel, explique la cheftaine fribourgeoise Michelle Berchtold. Nos deux clairières de louvettes font leurs activités chacune de leur côté en général, mais nous nous retrouvons parfois pour partager des moments ensemble car la clairière de Neuchâtel vient d’ouvrir et nous connaissons bien les louvettes et les cheftaines».

Après la messe, un petit goûter est servi dans la forêt. Les louvettes qui le souhaitent peuvent profiter de la présence du prêtre pour le sacrement de la réconciliation. Pendant ce temps de pause, deux louvettes se présentent à cath.ch.

Apprentissage et ambiance joviale

«Ce que j’apprécie particulièrement aux scouts, c’est le temps que l’on passe dans la nature», raconte Lidia, 11 ans, de Neuchâtel, dans sa quatrième et dernière année comme louvette, avant d’aller chez les guides à la compagnie (12-17 ans). «On apprend beaucoup de choses: reconnaître les plantes, les fleurs, ou comment se servir des orties, etc. On a même appris comment prendre les orties pour les manger – elles ont un petit goût sucré – ou en faire de la soupe». Est-ce que Lidia préfère apprendre à l’école ou chez les scouts? La réponse est: «chez les scouts», bien entendu.

Akela, la cheftaine Michelle Berchtold au campement près de Morat | © Grégory Roth

«En général, je suis plutôt une fille casanière et un peu intello», confie Elisabeth, 12 ans, de Guin (FR). «Alors avec les scouts, c’est l’ambiance joviale du groupe qui me plaît beaucoup, mais aussi tout ce qui concerne l’intendance ou le soin du matériel».

Badges et progression personnelle

Comme Lidia, Elisabeth apprécie la progression personnelle: chacune d’elles arbore fièrement leurs badges cousus sur leur chemise. «On reçoit des badges pour nos connaissances liturgiques, pour les sciences de la nature, pour la créativité, pour la maîtrise du feu, des nœuds ou de différents sports, pour l’aide aux camarades, entre autres», détaillent-elles.

Après le goûter, les louvettes retournent sur le lieu de camp. Au programme: un temps de préparation de la veillée du soir, avant de souper. La discussion reprend en route. «Nos activités sont calquées sur la vie spirituelle: nous nous levons avec le soleil en priant, nous nous couchons le soir en priant. Nous chantons un bénédicité avant chaque repas. Nous vivons une messe chaque jour d’activité avec, comme spécificité à Fribourg, un rythme d’une messe sur trois en latin, en forme extraordinaire, puisque la Fraternité sacerdotale St-Pierre (FSSP) a été très active depuis la création de notre groupe Scout d’Europe fribourgeois», révèle la cheftaine Michelle Berchtold, qui partage le sens de sa mission.

Lidia, la cheftaine Michelle Berchtold et Elisabeth (de g. à d.) | © Grégory Roth

Responsabilité et charge d’âme

«Je suis davantage qu’une responsable d’un groupe de jeunes filles. En tant qu’Akela [chef de clan dans «Le livre de la jungle», ndlr], j’ai une véritable charge d’âme de chaque louvette qui m’est confiée. A côté des prêtres que nous avons la chance d’avoir pour vivre les sacrements, nos activités ont une véritable portée pédagogique et spirituelle. Nous nous retrouvons avec les louvettes toutes les trois semaines et sommes en contact régulier avec les parents».

Une qualité du scoutisme que Lidia perçoit comme utile pour le futur? La ‘débrouillardise’. «Par exemple, je prépare déjà mon grand sac à dos toute seule, sans l’aide de mes parents. Cela me permet aussi de m’occuper du jardin, de faire des boutures». Pour Elisabeth, c’est cette fonction catéchétique du scoutisme qui pourra lui servir sur le long terme. «Aux scouts, je peux me rapprocher de Dieu. En ce sens, pendant le camp, nous faisons toujours une journée de pèlerinage».

Une promesse à vie

Et à Michelle Berchtold d’ajouter: «Notre promesse scoute, nous la faisons pour la vie: ‘Être fidèle à Dieu et rendre service à son prochain chaque jour’, c’est une promesse que nous nous engageons à tenir, même lorsque que nous ne porterons plus l’uniforme». De quoi donner raison au fameux dicton: «Scout un jour, scout toujours !» (cath.ch/gr)

Les scouts en Suisse
En 1907, Baden-Powell organise le premier camp scout sur l’île de Brownsea. En Suisse, les premiers groupes scouts sont créés dès 1910. Diverses associations de scoutisme cantonales se réunissent à Berne et fondent la Fédération des Éclaireurs Suisses en 1913, et la Fédération des Éclaireuses Suisses en 1919. À partir des années 1970, la collaboration entre les éclaireuses et les éclaireurs s’intensifie, jusqu’à la fusion des deux organisations, en 1987, et la création du Mouvement Scout de Suisse (MSdS), qui compte aujourd’hui environ 50’000 membres.
Le développement d’un groupe catholique à Genève
En 1980, une troupe catholique de l’Association genevoise des Éclaireurs cherche à vivre plus intensément la dimension chrétienne de son scoutisme et souhaite suivre avec plus de fidélité la méthode scoute de Baden-Powell. Le groupe catholique genevois se rattache alors aux Scouts d’Europe. A la fin des années 2000, il compte 350 membres, et des groupes sont ouverts dès 2007 à Lausanne, à Fribourg et à Zurich. En 2014, un réseau se crée en Valais, puis une clairière à Neuchâtel dès 2021. Aujourd’hui, l’association compte près de mille membres en Suisse romande et à Zurich. Les groupes sont francophones, mais proposent, depuis 2021, leur scoutisme également à des familles germanophones, à Zurich notamment par l’ouverture d’une clairière. GR

De nombreuses activités se passent dans la nature | © Grégory Roth
20 mai 2022 | 17:00
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 4 min.
Camp (4), Fribourg (590), Neuchâtel (103), Scouts d'Europe (4)
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