Réflexion pour l’année mariale : Karl Barth et la mariologie (180987)

Fribourg, 18septembre(APIC) En ce début d’année mariale et en un temps

ou l’on parle beaucoup d’oecuménisme, il est utile de rappeler la position

du grand théologien suisse Karl Barth sur la doctrine mariale, afin de faciliter le dialogue.

Karl Barth est né à Bale le 10 mai 1886. Il a étudié à Berne, Berlin,

Tubingen et Marburg. Très tot il s’est dirigé vers la théologie

protestante. En 1911 il est pasteur de Safenwil, puis il devient professeur

de théologie dogmatique à Gottingen (1921), Munster (1925), Bonn (1930) et

Bale (1935). Il se consacre alors à la rédaction de son oeuvre majeure, la

«Kirchliche Dogmatik» (la «Dogmatique»), dont les quatre volumes paraissent

en 1927, 1932, 1951 et 1957. Il meurt à Bale en 1968. S’inspirant de la

doctrine calviniste, il veut maintenir la pureté de la théologie par le retour à la Bible. Il affirme en outre que l’homme ne peut rien par lui-meme

pour son Salut et que tous les domaines de l’activité humaine dépendent de

Jésus-Christ. C’est au nom de l’engagement de l’Eglise dans le monde (politique aussi : la lutte contre le nazisme par exemple) qu’il réfute l’idéalisme et la piété individuelle : pour lui le Royaume se construit au milieu

du monde.

Sa réflexion sur Marie se définit clairement à partir de 1948 (époque de

la constitution du COE – le Conseil Oecuménique des Eglises) : pour lui la

doctrine mariale catholique est contraire à l’Evangile. «Notre attitude à

l’égard du catholicisme est celle de la mission, de l’évangélisation; mais

non de l’union» écrit-il alors. L’examen des textes du Concile Vatican II

le conduit à considérer la mariologie comme un «excroissance». Dans la

«Dogmatique» il emploie le mot «hérésie» : c’est qu’il refuse toute idée de

coopération de Marie à l’oeuvre de son Fils, voyant en cela une atteinte à

la Seigneurie du Christ. Le théologien balois, partant de l’idée que la

créature est totalement incapable d’obtenir le Salut par ses propres forces, ne peut accepter aucune collaboration de l’hommme à l’oeuvre

rédemptrice : sur ce point il s’oppose absolument à la position catholique.

Cependant Barth affirme que Marie est Mère de Dieu et il croit au mystère

de la conception virginale du Christ, qui atteste son origine divine.

En cette année mariale dans l’Eglise catholique, temps fort de réflexion

sur le role de Marie dans l’histoire du Salut, il est bon de s’interroger

sur la position mariale protestante pour mieux situer chaque confession et

en dégager l’originalité. Une telle initiative ne peut que favoriser une

approche plus respectueuse et plus vraie des valeurs mutuelles dans le dialogue oecuménique. (apic/cor).

18 septembre 1987 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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