sur la dignité et la vocation de la femme
Vatican: lettre apostolique de Jean Paul II (300988)
Rome, 30septembre(APIC/CIP) «Les ressources de la féminité ne sont certes
pas moindre que celles de la masculinité, mais elles sont seulement
différentes»: c’est l’un des principaux enseignements de la lettre apostolique «Mulieris dignitatem» de Jean Paul II sur la dignité et la vocation
de la femme, écrite à l’occasion de l’Année Mariale et dont le texte a été
publié vendredi 30 septembre.
Le pape voit comme un «signe des temps» l’importance accordée à ce
thème. Il a voulu aussi répondre au souhait du dernier Synode des évêques
sur la mission et la vocation des laïcs (1987) pour approfondir «les fondements anthropologiques et théologiques nécessaires afin de résoudre les
problèmes relatifs au sens et à la dignité de la femme et de l’homme». Son
propos est de donner un double éclairage: sur les grandes interrogations
humaines (le sens de la vie, le mal…) et sur la dignité de la femme. Il
livre ainsi une longue méditation (120 pages) ou l’on cherchera en vain des
orientations pastorales sur la place de la femme dans l’Eglise et dans la
société. Le pape précise que celles-ci seront proposées dans l’exhortation
post-synodale, dont la publication est imminente.
La dignité bafouée des femmes
Le document, qui comporte une introduction, sept chapitres et une conclusion, restitue d’abord l’être humain dans ce qui est sa vocation fondamentale. Celle-ci est illustrée par Marie, présente dans «l’événement clé
de l’histoire du salut, l’étape culminante et définitive que Dieu fait de
lui-même à l’humanité, et qui, dans l’élévation surnaturelle de l’union à
Dieu en Jésus Christ – finalité profonde de l’existence humaine -, est la
représentante et l’archétype de tout le genre humain».
Jean Paul II invite ensuite à se replacer dans le contexte du «commencement» biblique, ou la vérité révélée sur l’homme comme «image et ressemblance de Dieu est la base de toute anthropologie chrétienne». On y
trouve en effet, dit le pape, les bases suffisantes pour reconnaître la
vérité essentielle de l’homme et de la femme, ou celle-ci est un autre
«moi» dans une commune humanité. La ressemblance avec Dieu implique aussi,
souligne-t-il, le fait d’exister en rapport avec l’autre «moi», et donc un
appel et une tâche: «humanité veut dire appel à la communion interpersonnelle, appel au don».
C’est encore à la lumière de la ressemblance avec Dieu que Jean Paul II
invite à lire le mystère du péché», qui est précisément le refus de l’être
humain (homme et femme) de cette ressemblance et du don de la plénitude qui
lui est offert par Dieu. Si le refus n’est pas imputable à Eve seulement selon la description biblique à laquelle se réfère Saint Paul, c’est la
femme qui se laissa séduire -, mais à l’être humain, créé homme et femme.
Ce péché, explique le pape, n’en est pas moins l’origine de la dignité bafouée des femmes: il introduit «le déséquilibre dans les rapports originels
entre l’homme et la femme». C’est donc un «devoir de dépasser ce mauvais
héritage (il dominera sur toi, lit-on dans la Genèse) pour restaurer la
dignité de la femme».
Le pape met ici en garde contre la tentation de «masculiniser» les femmes: «La femme ne peut – au nom de sa libération de la ’domination’ de
l’homme – tendre à s’approprier les caractéristiques masculines au détriment de sa propre ’originalité’ féminine. Il existe une crainte fondée
qu’en agissant ainsi, la femme ne s’épanouira pas, mais pourrait au contraire déformer et perdre ce qui constitue sa richesse essentielle…les
ressources de la féminité ne sont certes pas moindres que celles de la masculinité, mais elles sont seulement différentes».
Les femmes de l’Evangile
Un chapitre du document est consacré à l’attitude du Christ à l’égard
des femmes, une attitude, écrit Jean Paul II, «caractérisée par une profonde et une grande transparence».
Il est universellement admis (…), ajoute le pape, «que le Christ s’est
fait auprès de ses contemporains l’avocat de la vraie dignité de la femme
et de la vocation que cette dignité implique». Ce qui provoquait l’étonnement (même chez les disciples) et souvent même «frisait le scandale». Jean
Paul II évoque les nombreuses femmes de l’Evangile pour montrer que «dans
tout l’enseignement de Jésus, et aussi dans son comportement, on ne trouve
rien qui reflète la discrimination de la femme à son époque». C’est particulièrement manifeste quant il s’agit «de femmes que l’opinion désignait
avec mépris comme pécheresses publiques. Le cas le plus éloquent est celui
de la femme surprise en adultère: Jésus montre que que derrière ’son’ péché
se cache un homme qui est coresponsable et qui, parfois, en arrive même à
être l’accusateur».
Le pape regrette ici que trop souvent la femme soit seule à payer pour
ce péché, par exemple lorsqu’elle est abandonnée avec sa maternité, voire
quand, sous diverses pressions, même de la part de l’homme coupable, elle
«se libère» de l’enfant avant la naissance.
Jean Paul II souligne aussi qu’il n’est pas seulement étonnant que
Jésus, libre par rapport à la mentalité de son époque, ait révélé aux femmes des vérités importantes et fait de leur compréhention et de leur disponibilité un exemple; ni qu’on les trouve nombreuses au pied de la croix.
«Au cours de cette épreuve de la foi et de la fidélité, qui fut la plus dure, les femmes se montrèrent plus fortes que les Apôtres», dit le pape.
«Pas étonnant qu’elles soient les premiers témoins de la Résurrection».