Pérou : endoctrinement des jeunes par le «Sentier Lumineux» (131087)

Lima, 13octobre(APIC) Le cardinal Juan Landazuri Ricketts a déclaré jeudi

dernier à Lima que le drame de la violence au Pérou est encore beaucoup

plus grave que ne veulent bien le laisser entendre les autorités. Quant à

l’Eglise catholique péruvienne, pour l’instant tenue à l’écart des actions

terroristes du «Sentier Lumineux», elle pourrait bien à l’avenir servir de

dessert à ce mouvement subversif, a-t-il affirmé.

Tant les observateurs étrangers que certains analystes militaires ou politiques proches des milieux gouvernementaux partagent cette opinion, ne

dissimulant guère l’idée selon laquelle la violence subversive a atteint

son niveau le plus haut. Qu’elle est devenue la préoccupation nationale majeure. Cela dans la mesure ou l’avance de la subversion affecte non seulement plus de 20 millions de Péruviens, mais encore en raison du fait qu’elle se réalise par l’intermédiaire de milliers de jeunes désormais séduits

par la «cause» et les méthodes propres au sendérisme.

Recrutement dans les quartiers pauvres

Cette constatation, le cardinal Landazuri n’a pas manqué de la faire,

relevant notamment que chaque jour voit croitre le recrutement par le

«Sentier Lumineux» d’enfants et de jeunes gens des zones marginales et

périphériques de Lima, des biddonvilles de la capitale et d’ailleurs. Enfin

de la région des andes, complètement livrée à elle-meme.

Pour appuyer ser dires, le cardinal a révélé que de nombreux pretres

constatent chaque jour l’avance du «Sentier Lumineux» dans les paroisses

les plus pauvres de Lima. Ces pretres, a-t-il déclaré, sont ainsi témoins

de l’endoctrinement d’enfants et de jeunes. Il a précisé : «Des jeunes pour

la plupart sans travail et attirés par une campagne subversive en faveur de

la lutte armée».

En réalité, il est de notoriété publique que des enfants et des adolescents, en particulier issus de communautés campagnardes de la «sierra» et

des Andes, sont formés dans ce qu’il convient d’appeler les «écoles populaires» ou dans les «théatres mobiles du peuple». C’est-à-dire là ou se

moule la personnalité des future combattants. Une école ou le vocabulaire

sélectif entend exclure du langage les mots «pardon» et «clémence». Une

école enfin ou le «Sentier Lumineux» prétend former une véritable armée

composée d’enfants et de jeunes.

L’Eglise catholique encore indemne

Curieusement cependant, après 7 ans de guerre subversive au Pérou, seule

l’Eglise catholique demeure indemne face aux menées de la guérilla du Parti

communiste péruvien d’inspiration maoiste (»Sentier Lumineux»). Mais aujourd’hui toutefois, certaines préoccupations surgissent sur la possibilité

de voir l’état-major politico-militaire du «Sentier Lumineux» replanter sa

stratégie. Des noms appartenant à la hiérarchie de l’Eglise catholique

péruvienne apparaissent en effet de plus en plus fréquemment dans les documents clandestins en circulation à Lima.

Reste que les déclarations faites par l’archeveque de Lima rappellent à

la réalité une opinion publique plongée dans l’indifférence, prostrée face

aux événements, habituée à cotoyer, d’ou qu’elle vienne, la violence quotidienne, à la vivre sans plus s’en apercevoir. Une accoutumance dangereuse,

sans doute aussi dangereuse que la violence elle-meme. (apic/pr/cor)

13 octobre 1987 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!