Ce que mettent en avant les paroles de Jésus c’est l’impréparation de ceux qui sont touchés par le déluge (Illustration:  Bernadette Lopez/Evangile et peinture)
Homélie

Homélie du 27 novembre 2022, Avent 1 – (Mt 24, 37-44)

Abbé Côme Traoré – Basilique Notre-Dame, Genève

Chers amis,

L’Eglise universelle entame, en ce dimanche, le temps de l’Avent ; autrement dit, le temps de préparation de la venue dans la gloire de Jésus le Seigneur de l’histoire et des temps ; lui qui revient pour instaurer le règne de justice et de paix qu’il n’a cessé d’annoncer par sa vie, ses enseignements, ses œuvres, sa mort et sa résurrection.  Oui chers amis, « Jésus le Christ reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ».

Appel à abandonner la routine

Le texte de l’Evangile qui vient d’être proclamé, et qui n’est certes pas un des ceux qu’on choisit délibérément afin d’y trouver un réconfort moral, nous invite pourtant à abandonner la routine, la marche régulière et monotone des occupations habituelles, les habitudes, les coutumes, qui nous éloignent du chemin de Dieu ; il nous invite à nous convertir et à repartir sur le chemin de la sequela Christi. Tout en accueillant la bonne et joyeuse nouvelle de l’Evangile qui annonce la venue rétentrice du Fils de l’homme, nous sommes invités à ne jamais oublier l’éventualité du Jugement. N’est-ce pas cela la faute récurrente des disciples de Jésus ! Voilà pourquoi d’ailleurs cette page d’Evangile se conclut par un pressant appelle à la vigilance !

En effet, c’est Jésus lui-même qui met en garde ses propres disciples sur la manière de se préparer à sa venue même si de prime abord, il semble déclarer l’incertitude qui couvre un tel jour : « Mais ce jour et cette heure, nul ne les connait, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne sinon le Père, et lui seul », disait-il à ses disciples.  Alors, nous avons comme envie de lui demander : « Comment veux-tu que l’on se prépare au jour de ta venue si tu nous laisses planer dans l’ignorance la plus complète ? » Et c’est alors que Jésus commence à lever le voile de l’ignorance en instituant un parallèle entre un événement bien connu de ses contemporains (il s’agit du déluge vécu par Noé et sa génération) et la venue du Fils de l’homme. Que s’est-il donc passé pendant les jours qui précédèrent le déluge ? Eh bien, les hommes passaient leur vie à manger, à boire, à se marier, à faire des enfants, à travailler, à faire la fête… En toute vérité, ce style de vie, n’a rien de mauvais en soi ; par contre, il devient dangereux pour l’homme lorsque toute son existence se transforme uniquement en une recherche frénétique et maladive de la satisfaction de ses besoins matériels.

Vigilance et persévérance

Un tel désir incontrôlé, nous le savons, conduit souvent à l’injustice, à l’immoralité et à la violence. De fait, les contemporains de Noé furent surpris par le déluge qui les engloutit.

Qu’est-ce qu’on reproche à la génération de Noé et qui peut également faire objet de reproche aux hommes et aux femmes de notre temps ? Eh bien leur faute consiste :

En un manque de conscience, de discernement, de prudence, d’esprit d’attente et de vigilance ; en d’autres termes c’est l’indifférence, la distraction et le refus de se mettre dans une posture de découverte du plan de Dieu sur les hommes. Et cette posture du disciple n’est autre que celle de la sentinelle, celle de savoir « veiller » : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient », dit Jésus. La vigilance évangélique exige une grande persévérance dans la prière et la charité ; une lutte intérieure contre toutes formes de conformismes qui nous portent loin de Dieu et de ses commandements ; elle ne nous impose en aucun cas des privations qui nous empêcheraient de vivre une vie digne en homme et femme épanouis mais elle nous impose un style de vie digne de nos engagements baptismaux, digne de notre-être disciples du Christ et filles et fils de Dieu.

Oui chers amis, Jésus est bien celui qui doit venir (il est ho erchomenos) et son jour est le Jom Adonai (« le jour du Seigneur »). En chaque Avent nous célébrons liturgiquement mais réellement et de manière anticipée cette ultime et définitive manifestation du Seigneur en priant : Maranatha, « le Seigneur vient » ! Oui, le Seigneur vient ; puisque c’est lui « l’Emmanuel », « Dieu-avec-nous »,  aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen !

1er Dimanche de l’Avent
Lectures bibliques :
Isaïe 2, 1-5; Psaume 121; Romains 13, 11-14a; Matthieu 24, 37-44

Ce que mettent en avant les paroles de Jésus c’est l’impréparation de ceux qui sont touchés par le déluge (Illustration: Bernadette Lopez/Evangile et peinture)
27 novembre 2022 | 09:30
Temps de lecture: env. 3 min.
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