"Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé.» | Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
Homélie

Homélie du 19 février 2023 ( Mt 5, 38-48)

Abbé Pascal Lukadi – Chapelle de Glace, Leysin, VD

« Tous appelés à la sainteté »

Après un message de la radicalité du message évangélique le dimanche passé où Jésus nous invitait à faire des choix fermes, qui puissent nous apporter le vrai bonheur, comme autrefois avec ses disciples sur la montagne, c’est de la montagne de Leysin que Jésus s’adresse à chacune et chacun de nous, où que nous soyons, à la maison en train de finir notre petit déjeuner, en voiture, à l’hôpital ou en clinique malades ou soignants, il s’adresse à nous dire en quel esprit devons-nous parfaire les lois et les pratiques du judaïsme.

En fait, Jésus nous invite à l’impossible : il nous offre à aimer comme il nous aime. Ce qui n’est pas possible à l’homme que nous sommes. Cependant, à Dieu rien n’est impossible. Et sa sagesse, folie aux yeux du monde. Et l’Apôtre Paul ne cesse de nous rassurer : je peux tout en Celui qui me fortifie, dans l’absolue conscience de sa faiblesse. L’hymne à l’amour, ce texte le plus célèbre de Paul, lu à la fois au mariage et aux funérailles, nous dit que des trois vertus théologales (avec la foi et l’espérance), la charité est la seule qui subsiste au ciel. On peut bien le comprendre : Dieu est amour et Dieu est plus grand et demeure. Et Paul de dire : Sil me manque l’amour, je ne suis rien. Si Dieu me manque, je ne suis rien. Mais si Dieu est en moi, par son Esprit, alors je peux.

Aimer tous les êtres : un don de l’Esprit

En effet, être capable d’aimer tous les êtres ne peut être qu’une grâce accueillie, un don de l’Esprit. Tout vous appartient, (2ème lecture), tout est à vous, il confirme, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. Le plus important est notre appartenance au Christ, et non à tel pasteur, tel curé, Apollos, Paul ou Pierre.   Et c’est dans cet ordre que se conjugue l’amour : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Alors peut-être pouvons-nous demander la confiance des petits : « Jésus, le Christ, mon Sauveur et mon Dieu, donne-moi la grâce de Te laisser m’aimer tout au long de ce jour »

Et c’est avec cette assurance de l’amour du Christ que nous pourrons aimer, non seulement ceux qui aiment, qui nous veulent du bien, mais aussi celles et ceux-là qui ne nous portent pas dans leurs cœurs. Tout comme nous, à leur égard. Le livre de Lévitique nous demande de refuser la haine, de préférer l’amour à haine, de ne pas garder rancune. Nous sommes appelés à aimer. Qui est-ce ? tout le monde, sans discrimination, sans distinction.

La foi qui change la vie et nous transforme

Jésus termine son discours aujourd’hui en nous invitant à être parfaits, comme notre Père céleste est parfait. Voir la 1ère lecture. Notons que si la sainteté a quelque chose à voir avec la conduite que nous adoptons, elle se comprend d’abord et essentiellement en rapport avec Jésus Christ, le Saint de Dieu. Nous sommes tous appelés à la sainteté, nous rappelle le Concile Vatican II. Mais les textes nous aident à comprendre qu’il s’agit moins d’une injonction morale (être parfait) que d’un appel à la Foi (être au Christ), une foi qui change la vie et nous transforme intérieurement au point de nous convertir à la justice, au pardon et à l’amour. Dit autrement, la confession de foi de la sainteté de Dieu nous engage vis-à-vis de Dieu, du prochain et de nous-mêmes. Les mots de la foi ne sont pas de simples mots, ils sont toujours déjà des pratiques, des mises en œuvres de ce qu’ils contiennent. Car le contenu de la foi en Dieu n’est pas autre chose que sa traduction concrète dans la justice, le pardon et l’amour. Ce qui nous rassure, c’est ce que nous dit l’Evangile, que nous sommes au Christ (et que le Christ a réalisé tout cela), et le Christ est à Dieu, le Saint. Et l’extraordinaire repose en Dieu dont nous tenons le sens, alors le vrai, de la justice, du pardon et de l’amour parce qu’il les amène à leur plénitude en son Fils et que nous en vivons déjà aujourd’hui, au milieu de nos limites.

Écoutons Maximilien Kolbe dans le camp de concentration d’Auschwitz. Alors que son bourreau le torturait dans ce camp, il demanda à Maximilien d’arrêter de le regarder avec miséricorde. Maximilien, ce prêtre franciscain, de lui répondre qu’il pouvait le tuer mais qu’il ne pourrait cependant pas l’empêcher de l’aimer. Et ayant pris la place d’un père de famille, il mourut avec d’autres, mais en dernier dans le bunker de la faim.

La suite de ce discours nous conduit sûrement sur l’entrée en Carême avec ses trois piliers : l’aumône, la pénitence et la prière. Nous y reviendrons le mercredi 22 février, mercredi des cendres pour commencer notre combat spirituel, qui nous permette de rentrer en nous-mêmes. Le retour à la vie intérieure est lié à la découverte du sacré au plus intime de nous, disait Maurice Zundel. Et un autre commentait : il n’y a que la découverte du sacré qui nous ramène à l’intimité avec soi-même et avec les autres. Donc au vrai amour !

7e Dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Lévitique 19, 1-2, 17-18 ; Psaume 102 ; 1 Corinthiens 3, 16-23 ; Matthieu 5, 38-48

«Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.» | Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
19 février 2023 | 09:35
Temps de lecture : env. 4  min.
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