Fribourg: 8e Rassemblement «Prier Témoigner»
«Ma vocation, c’est l’amour» 3’000 personnes autour de Thérèse
Fribourg, 9 novembre 1997 (APIC) Quelque trois mille personnes ont participé samedi et dimanche à l’Université de Fribourg au 8e Rassemblement «Prier Témoigner». La présence de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a marqué toute la rencontre placée sous le thème «ma vocation, c’est l’amour».
La «petite» Thérèse au fond de son carmel de province, à Lisieux, avait osé dire un jour à ses consoeurs. «Vous verrez tout le monde m’aimera». Cent ans après sa mort cette intuition s’est à nouveau vérifiée à Fribourg. Au détour de chaque conversation on raconte, on se raconte comment Thérèse a aidé l’un, soutenu l’autre, tiré le troisième de la nuit du désespoir. Sa popularité est presque palpable. Lorsque la chasse contenant ses reliques entre ou ressort de la salle sous le feu des projecteurs, accompagné d’une douce musique, tout le monde se lève en signe de respect. Pour les participants de tout âge et de tout rang la «petite» Thérèse a bien sa place parmi les grands saints de l’Eglise.
Si le pape l’a faite docteur de l’Eglise le 19 octobre, c’est bien que cette «petite bonne sœur qui n’a jamais fait parler d’elle de son vivant a quelque chose à nous dire», commente le Père Carme Jean Emmanuel de Ena. «Thèrese est amoureuse de son Dieu, à la folie. Mystique, comique, tout lui va. Mais pas du tout confite à l’eau de rose, coincée ou évaporée. Elle nous montre que le visage de Dieu est celui d’un père et d’une mère tout à la fois.»
La chasse dorée ondule dans la foule
A voir la chasse dorée onduler au cœur de la foule solennellement portée par huit jeunes religieux en aubes blanches et entourée de cierges, certains jugeront le spectacle ringard, d’autres carrément déplacé à la limite de la magie ou de l’idolâtrie. «Venérer ces quelques restes mortels, c’est rappeler que nous adorons un Dieu qui s’est fait homme en la personne de Jésus. C’est dire que nous sommes corps et âme appelés à la résurrection finale», explique le Père Jean Emmanuel.
Les va-et-vient de la chasse vont rythmer tout le week-end. Pour beaucoup c’est un peu comme si la petite carmélite elle-même déambulait parmi la foule souriant au jeune confirmant, touchant la main à une vieille religieuse, saluant l’évêque.
La vérité qui déchire les ténèbres
Du côté des jeunes le souvenir brûlant et sonore des Journées mondiales de la jeunesse est encore bien présent dans le cœur de ceux qui ont fait le déplacement en août à Paris. D’autant que Mgr Renato Boccardo, responsable de la section jeune du Conseil pontifical pour les laïcs, avait fait le déplacement de Fribourg. Le jeune «monsignore» souligne qu’après «l’injection d’espérance» il faut continuer dans la durée. «A Paris, j’ai vu une Eglise qui annonce la vérité. Une vérité qui fait parfois mal parce qu’elle déchire les ténèbres. Je n’ai pas senti un regard moralisateur ou accusateur, mais une invitation à s’élever. Se sentir aimés donne des ailes», relève Christelle.
Dans l’atelier voisin l’heure est à la confidence intime. «J’étais dans la dépression la plus noire, jusqu’à la tentation du suicide, raconte cette religieuse. Thérèse qui a connu la nuit de la foi m’a aidé à sortir de ce trou. C’est la première fois que je viens à «Prier Témoigner», mais je suis venu pour dire cela.» Pour cette personne d’origine alémanique Thérèse est son «alpenstock» sur lequel s’appuyer solidement.
«Je veux te dire que je t’aime»
En soirée l’aula est à nouveau archi-comble pour écouter Pierre Eliane, musicien devenu religieux carme, chanter les poèmes de la sainte de Lisieux. La poésie d’écolière de Thérèse, dans sa naïveté et ses clichés mêmes, a quelque chose de touchant et de juste. Avec des cris d’une femme amoureuse: «L’abandon me livre en tes bras Jésus. Je veux te sourire en dormant sur ton cœur. Je veux te dire que je t’aime. Si tu m’abandonnes oh mon divin trésor, privée de tes caresses je veux sourire encore». Avec les doutes aussi » ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit. Tu le sait au mon Dieu, je n’ai rien pour t’aimer. Laisse-moi me cacher en ta face.»
Sur le mur de sa cellule du carmel, Thérèse avait gravé de sa main «Jésus mon unique amour», rappelle le frère Marie-Michel. Au fil de sa vie, elle a découvert que l’essentiel et de se laisser aimer par le Christ.
Deux coups de canon, comme ceux tirés lors de la Fête-Dieu à Fribourg, ont marqué le départ de la procession des reliques vers l’église Ste-Thérèse. La nuit de prière est restée le moment le plus fort, mais aussi le plus discret de la rencontre «Prier Témoigner». Parce que tout s’est passé dans le cœur à coeur.
«Papa le bon Dieu»
Même ambiance dimanche, même si les paupières sont lourdes et l’esprit un peu vague. Le Père carme Conrad de Meester, l’un des meilleurs biographe de Thérèse de Lisieux, a raconté sa petite enfance marquée par beaucoup d’amour mais aussi par des blessures profondes, dont la mort de sa mère. A 22 ans Thérèse découvre sa petite voie. Elle comprend que la petitesse n’est pas dans l’humilité et la vie cachée mais la confiance en Dieu.
En illustrant dans un jeu scénique l’histoire de Pranzini, l’assassin condamné à mort que Thérèse encore enfant avait pris sous sa «protection», les enfants aidés par les Focolari ont eux aussi raconté la confiance absolue de la sainte en «papa le bon Dieu».
La synthèse finale a été vécu dans l’eucharistie autour de la «petite hostie blanche» que Thérèse a tant aimé. «Jésus s’est fait si petit qu’il est tombé dedans», expliquait un jour un enfant de cinq ans. (apic/mp)