Résolution de marcher vers l’unité
Rome: Message de Jean Paul II au patriarche Bartholomée de Constantinople
Rome, 30 novembre 1997 (APIC) Le pape Jean Paul II a adressé un message pour l’unité des chrétiens au patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, qui occupe le primat d’honneur au sein de l’orthodoxie mondiale. Daté du 25 novembre, à l’occasion de la fête de saint André, patron du Patriarcat œcuménique. Unité des chrétiens et évangélisation sont les deux pôles de ce message.
De fait, une délégation du Saint-Siège se rend désormais traditionnellement au Phanar, siège du patriarcat œcuménique à Istanbul, pour s’associer aux célébrations de la Saint-André. A la tête de cette délégation cette année, le cardinal Edward Idris Cassidy, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et parmi ses membres, le nonce apostolique à Ankara, Pier Luigi Celata, et Mgr Pierre Duprey, secrétaire dudit Conseil pontifical. En raison du recensement qui a lieu en Turquie ce dimanche, les célébrations ont été anticipées au samedi 29 novembre, en l’église patriarcale de Saint-Georges.
Succession apostolique commune
«La fête de l’Apôtre premier appelé, souligne Jean Paul II, donne à l’Eglise de Rome l’occasion de manifester les liens profonds qui l’unissent à l’Eglise de Constantinople». Le pape rappelle ainsi le lien existant entre les Apôtres Pierre et André, appelés par la même Parole de Dieu: «la communion des deux frères dans l’accueil de la Parole de Dieu demeure un exemple et un modèle pour les Eglises qui sont placées sous leur patronage».
Pour le pape, ce patronage apostolique doit conduire à l’évangélisation. «La Parole reçue qui nous transforme doit être annoncée, écrit-il, de manière qu’elle puisse être transmise dans la suite des générations humaines appelées à être vivifiées par elle». Le pape ajoute qu’une telle mission reçoit son authenticité justement de la succession ininterrompue des évêques depuis les Apôtres: «Le lien direct de la succession apostolique garantit, dit-il, l’authenticité de leur mission».
L’unité existe déjà avec les orthodoxes
C’est là l’un des points importants du dialogue œcuménique. L’église anglicane peut aussi se réclamer de cette «succession apostolique». Mais cette dernière n’existe pas dans les églises issues de la Réforme. De fait, Jean Paul II rappelle que l’unité avec les orthodoxes existe déjà, même si elle n’est pas pleine et entière. «La célébration de ceux qui sont à l’origine de nos églises permet, écrit le pape, de prendre une conscience renouvelée de l’unité qui est déjà et qui doit se révéler complètement».
Jean Paul II voit dans cette célébration une occasion d’affirmer de nouveau sa volonté de progresser dans l’unité. «Devant Dieu, écrit-il, associés dans l’action de grâce, la louange et la supplication, nous renouvelons notre résolution de marcher ensemble vers le terme auquel nous sommes appelés et attendus… La présence de la délégation conduite par le cardinal Edward Idris Cassidy, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, sera l’expression concrète de ces sentiments et de cette détermination, de cette espérance».
Une absence remarquée en juin dernier
Selon la Lettre de saint Clément de Rome, l’Eglise de Rome est traditionnellement considérée comme celle qui «préside à la charité». Jean Paul II s’inscrit dans cette tradition en terminant ainsi: «Je vous redis, Sainteté, toute ma profonde charité». Ce message prend tout son sens si l’on se souvient que le 29 juin dernier, en la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, le patriarche de Constantinople avait décidé, pour sa part, de ne pas envoyer de délégué à Rome. Cette absence, en raison des tensions œcuméniques, était d’autant plus remarquée qu’auparavant il s’y était rendu en personne et qu’à cette occasion, le pape avait déjà souligné le lien fraternel existant entre les deux apôtres Pierre et André, et donc, pour lui, entre l’Eglise de Rome et celle de Constantinople.
La primauté de Rome, pierre d’achoppement
La primauté du siège de Pierre est à l’évidence une pierre d’achoppement dans les relations avec l’Orient chrétien, comme le pape le reconnaît lui-même, en particulier dans l’encyclique «Ut unum sint». Mais il semblerait aussi que le patriarche de Constantinople, qui se considère comme la tête de la chrétienté orthodoxe, ait pris ombrage du rapprochement direct recherché par le pape et par le patriarche Alexis II de Moscou.
Lors de l’angélus de dimanche Jean Paul II a une nouvelle fois exprimé ses vœux pour le progrès de l’unité des chrétiens, tout au long de cette nouvelle année liturgique consacrée à l’Esprit Saint. Puisse Dieu, a déclaré le pape en citant «Tertio Millennio Adveniente», hâter l’unité des chrétiens, afin que l’on arrive à franchir le seuil de l’An 2000 «sinon complètement unis, au moins beaucoup plus près de surmonter les divisions du second millénaire». «Nous adressons cette supplication à l’Esprit du Seigneur, alors que nous nous unissons en esprit aux frères de l’Eglise de Constantinople en la fête de saint André Apôtre, frère de saint Pierre».
Enfin, la délégation du Saint-Siège à Constantinople a également rencontré, vendredi 28 novembre, la commission synodale chargée des relations avec l’Eglise catholique et des contacts avec la hiérarchie catholique locale. (apic/imed/be)