Le 33e et le plus jeune Docteur de l’Eglise

Rome: Thérèse de Lisieux, Docteur de l’Eglise

Rome, 19 octobre 1997 (APIC) Ce 19 octobre, Journée mondiale pour les Missions – dont la sainte est la patronne -, Jean-Paul II a déclaré sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face Docteur de l’Eglise. Troisième femme à recevoir ce titre, la «petite» Thérèse devient ainsi le 33e et le plus jeune Docteur de l’Eglise. Le pape a célébré le rite solennel de la proclamation de doctorat devant quelque 70.000 pèlerins.

«Répondant au voeu d’un grand nombre de frères dans l’épiscopat et d’une multitude de fidèles du monde entier, après avoir consulté la Congrégation pour les Causes des saints et après avoir obtenu l’avis de la Congrégation pour la Doctrine de la foi pour ce qui touche à l’éminence de la doctrine, et après en avoir longuement délibéré, en vertu de la plénitude du pouvoir apostolique, nous déclarons docteur de l’Eglise universelle Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, vierge.» Telle la formule solennelle qu’a utilisé Jean Paul II pour proclamer ce nouveau Docteur de l’Eglise.

C’est le plus jeune docteur de l’Eglise, le 33e et la 3e femme dans l’absolu et dans ce siècle, après sainte Thérèse d’Avila, carmélite déchaussée comme elle, et sainte Catherine de Sienne, tertiaire dominicaine, toutes deux proclaméées docteurs de l’Eglise par le pape Paul VI en 1970. Jeune, femme, moniale, n’ayant jamais étudié la théologie: tels sont les paradoxes que ce doctorat souligne et que Jean-Paul II évoque tout au long de ces deux jours.

La jeunesse

Samedi déjà, devant 50’000 jeunes de l’Action catholique italienne de 210 diocèses rassemblés place Saint-Pierre, le pape avait souligné la jeunesse de la sainte, morte à l’âge de 24 ans après neuf ans de vie au carmel de Lisieux. Après avoir évoqué François d’Assise, le pape a poursuivi: «Je voudrais aujourd’hui vous présenter une autre sainte, morte à seulement 24 ans, il y a exactement 100 ans, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, aurait été une très bonne jeune fille de l’Action catholique! Elle était pleine de vitalité, de foi et d’enthousiasme pour Jésus et pour l’Evangile. Elle a voulu être toute à Dieu et a choisi de devenir religieuse carmélite. Sa brève existence a été toute consumée par l’Amour de Dieu et du désir de le faire aimer par le monde entier.»

ans cette anticipation de la déclaration de doctorat, le pape a rappelé aux jeunes la «petite voie» de la sainte: «Thérèse nous a laissé en testament la voie simple et sûre de l’amour plein de confiance en dieu. Elle l’appelait «la petite voie», a-t-il expliqué, parce que celle-ci est ouverte à ceux qui, comme le dit Jésus, savent se faire «petits», c’est à dire humbles et simples. C’est en fait la voie de l’abandon confiant dans les mains de Dieu, contant plus sur Lui que sur ses propres forces. Un exemple que le pape a proposé à nouveau aux jeunes, comme il l’avait fait à Longchamp, devant un million de jeunes du monde entier.

Les reliques de Thérèse en prison

Dimanche, le pape a célébré le rite solennel de la proclamation de doctorat devant quelque 70’000 pèlerins. A sa droite, les séminaristes de Lisieux ont apporté l’urne contenant les reliques de la sainte, qui ont reparcouru le voyage d’Italie qu’elle fit avec son père et sa soeur Céline et le diocèse de Coutances en 1886. La jeune Thérèse venait demander au pape Léon XIII la permission d’entrer au carmel à l’âge de 15 ans.

Cette fois, les reliques ont été vénérées dans nombre de paroisses, mais aussi dans la prison de San Vittorio à Milan. On prévoit, tant fut grande l’émotion, de publier un livret réunissant des témoignages des prisonniers. Les reliques resteront encore pendant deux jours dans la basilique Saint-Pierre, où les pèlerins pourront les vénérer. Juste après la proclamation du doctorat, quatre religieuses de différents continents se sont avancées et ont lancé sur l’urne des reliques des pétales de roses, tandis que deux autres les lançaient au crucifix, répétant un geste familier de Thérèse.

«Je salue chaleureusement les pèlerins de langue française et de manière spéciale ceux de la région de Lisieux, où a vécu sainte Thérèse», a dit Jean-Paul II à la prière de l’angélus. Sa figure spirituelle et son message ont inspiré de nombreux Instituts soucieux d’annoncer l’Evangile, a-t-il ajouté, nommant en particulier «La Mission de France», fondée en 1941 par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, «qui est à l’origine de multiples initiatives missionnaires auprès des pauvres et dans le monde scientifique». Et de souhaiter au moment de conclure, toujours en français, «que tous puissent prendre le nouveau Docteur de l’Eglise comme modèle de vie spirituelle et de courage apostolique».

Missionnaire sans quitter le carmel

Cette dimension missionnaire – second paradoxe – le pape l’a soulignée encore en italien, en évoquant la célébration ce 19 octobre de la Journée mondiale des missions, dont Thérèse est la patronne «sans pourtant n’avoir jamais quitté la clôture du carmel de Lisieux». Jean-Paul II a ajouté que cette dimension missionnaire de sa vocation carmélitaine, elle la vécut «sous la protection de la Vierge Marie», modèle de prière et de zèle apostolique pour les premiers chrétiens de Jérusalem. Le pape a rappelé à ce propos l’épisode de la Pentecôte survenue en présence de Marie en prière. Jean-Paul II a encore évoqué la guérison de Thérèse enfant survenue par l’intercession de la «Vierge du sourire», une statuette qui lui sourit, prélude d’une guérison instantanée. Il a rappelé que cette statuette se trouvait à l’infirmerie du carmel de Lisieux où la jeune religieuse s’est éteinte le 30 septembre 1897.

Dans son homélie, le pape a souligné cette dimension et le paradoxe de cette proclamation de Docteur pour une jeune fille qui n’a jamais étudié, mais qui pourtant se sentait la «vocation de docteur», comme l’a rappelé à la fin de la cérémonie la longue lecture de la découverte de sa vocation: «Au coeur de l’Eglise, je serai l’amour». (apic/ime/cip/ba)

10 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!