Un apôtre proche du peuple
Fribourg: Journée officielle du 4e centenaire de la mort de saint Pierre Canisius
Fribourg, 30 octobre 1997 (APIC) L’Université de Fribourg était en fête mercredi pour célébrer saint Pierre Canisius à l’occasion du 400e anniversaire de sa mort dans la cité des bords de la Sarine. Si saint Pierre Canisius, mort il y a 400 ans, peut encore être un exemple aujourd’hui c’est parce qu’il fut un théologien très pratique, attentif aux questions de son temps et proche du peuple, a souligné Mgr Peter Henrici, évêque auxiliaire à Zurich.
Autorités religieuses, civiles, universitaires et militaires, anciens du Collège St-Michel, membres des congrégations religieuses placées sous le patronage de saint Pierre Canisius, membres des congrégations mariales se sont réunis mercredi à l’aula de l’Université pour honorer la mémoire de celui à qui Fribourg doit l’arrivée de l’imprimerie et sa réputation de ville d’études.
Lorsque le jésuite néerlandais Pierre Canisius arrive à Fribourg en 1580, à l’âge de 59 ans, il a déjà sa carrière derrière lui. Mais les Fribourgeois s’attacheront si fortement à sa personne qu’ils refuseront toujours de le laisser repartir. «Il est le plus fort rempart et le plus bel ornement de notre République», estimaient-ils alors.
Mgr Peter Henrici , lui-même jésuite, a décrit l’homme à partir de sa spiritualité basée sur trois piliers l’envoi, la tradition et la proclamation de l’Evangile. Les innombrables voyages de Pierre Canisius, 60’000 km à pied ou à cheval à travers l’Europe, de Cologne à Messine, de Cracovie à Fribourg sont sans doute le trait le plus caractéristique de sa vie. Il est toujours disponible là où on le demande pour fonder des collèges, réformer des universités, participer au Concile de Trente, conseiller les princes ou les évêques. Canisius suit un appel, il a une tâche et poursuit un objectif.
Défenseur de la tradition catholique, agent très actif de la Contre-Réforme, Canisius n’en est pas moins un homme de son temps, un humaniste qui se rattache plus aux pères grecs et latins qu’à la théologie scolastique du Moyen-Age. Un homme de la raison beaucoup plus que de l’anathème.
Faire reculer l’ignorance
Confronté à un nouvel enseignement chrétien issu de la Réforme, Pierre Canisius s’attache à faire reculer l’ignorance en particulier religieuse. Ses catéchismes ne sont pas seulement des traités de doctrine, mais aussi des livres de vie contenant notamment de nombreuses prières. Il choisit un langage simple, rejette tout jargon ecclésiastique. Celui qui souvent a dû convaincre les princes et les rois, apprécie aussi la prédication populaire. Il fut durant longtemps le seul jésuite capable de prêcher en allemand. Il écrira aussi toute une série d’ouvrages sur la vie des saints de Suisse.
Canisius homme pratique qui sait s’adapter à son public, choisit avec l’imprimerie le moyen de diffusion le plus moderne de l’époque.
Louis Châtellier, professeur à l’Université de Nancy, a présenté un aspect moins connu, mais peut être finalement tout aussi décisif de l’activité de Pierre Canisius: la fondation des congrégations mariales qui furent des sortes de groupes d’Action catholique avant l’heure. Ces congrégations marquèrent durablement la vie religieuse et sociale de nombreuses cités et de Fribourg en particulier. Elles contribuèrent de façon importante à l’émergence d’une nouvelle société catholique. Deux traits assez novateurs caractérisent le mouvement. Les congrégations s’ouvrent à toutes les catégories sociales; la volonté est de réunir plus que de compartimenter. Surtout les congrégations s’ouvrent aux femmes ce qui est plutôt contraire à l’esprit du temps et à celui des jésuites en général.
Une tradition intellectuelle, européenne et religieuse
Saint Pierre Canisius fait partie du patrimoine spirituel et culturel de Fribourg, a insisté de son côté le syndic Dominique de Buman. Canisius a implanté à Fribourg une tradition intellectuelle, européenne et religieuse qui perdure encore aujourd’hui. Le syndic y ajoute un attachement tout personnel: sa mère ne s’est-elle pas rendue la veille de sa naissance dans la chambre mortuaire du saint au Collège St-Michel ?
Urs Schwaller, président du gouvernement fribourgeois rappelle lui aussi l’importance du Collège St-Michel «où nous avons eu la possibilité de recueillir le meilleur et d’ignorer au besoin le pire». Canisius par sa dimension européenne reste un exemple pour une Suisse qui a encore trop de peine à adhérer sans restriction aux programmes européens d’études. Aujourd’hui encore, comme à l’époque de Canisius, il est bon de tenir le pari de l’enseignement et de la culture, richesse première de Fribourg.
Mgr Amédée Grab, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, a conclu en reprenant les points forts de la lettre du pape Jean Paul II aux évêques allemands pour le Jubilé Canisius. Pierre Canisius a su mettre la nouveauté et la tradition au service de la vérité, dans la fidélité à l’Eglise, écrivait le pape. Ce géant de l’apostolat a trouvé dans la prière la force de son engagement.
Quatuor du Jacquemart, chœur St-Michel et fanfare du Collège ont agrémenté de leurs productions la célébration officielle. Avec notamment une chanson d’Emile Gardaz, un ancien du collège: «La cour du Collège a connu tant de pas, la cour du Collège n’oublie pas.» (apic/mp)