Rome: 103 modifications au «Catéchisme de l’Eglise catholique»
La peine de mort pratiquement inapplicable
Vatican, 9 septembre 1997 (APIC) Cent trois modifications, la plupart mineures, ont été apportées au «Catéchisme de l’Eglise Catholique» entre la première version publiée en français en décembre 1992 et la version définitive en latin présentée mardi à Rome. Les changements les plus substantiels et les plus attendus concernent la peine de mort: elle n’est toujours «pas exclue» dans son principe, mais devient «pratiquement inapplicable», selon l’enseignement de l’encyclique «Evangelium Vitae» de Jean-Paul II en 1995.
En janvier 1997, à l’occasion de la publication en russe du catéchisme, le cardinal Joseph Ratzinger avait déjà annoncé ce changement à venir qu’il avait qualifié comme «un progrès de la doctrine».
Deux amendements majeurs sont en effet intégrés dans les paragraphes 2265, 2266 et 2267 relatifs à la peine de mort. Le premier touche la question de la «légitime défense» de la part de l’autorité publique. Dans la première version, celle-ci pouvait «sévir par des peines proportionnées à la gravité du délit, sans exclure dans des cas d’une extrême gravité la peine de mort». La nouvelle version a supprimé la mention : «sans exclure dans les cas d’une extrême gravité la peine de mort».
Mais c’est le paragraphe 2267 qui subit le plus grand changement. La version précédente disait: «Si les moyens non sanglants suffisent à défendre les vies humaines contre l’agresseur et à protéger l’ordre public et la sécurité des personnes, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.» Le nouveau paragraphe 2267 en latin complète cette formulation comme suit: «L’enseignement traditionnel de l’Eglise n’exclut pas le recours à la peine de mort à condition que soit reconnue la pleine détermination de l’identité et de la responsabilité du coupable, et quand cette voie est la seule praticable pour défendre efficacement la vie des êtres humains de l’agresseur injuste. Si, au contraire, les moyens non sanglants sont suffisants pour défendre de l’agresseur et pour protéger la sécurité des personnes, l’autorité se limitera à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.»
Aujourd’hui, en effet, en raison des possibilités dont dispose l’Etat pour réprimer efficacement les crimes en rendant inoffensif celui qui l’a commis et sans lui enlever définitivement la possibilité de se racheter, les cas d’absolue nécessité de suppression du coupable «sont désormais assez rares, si non même pratiquement inexistants» (encyclique «Evangelium Vitae», no 56).
Le «Catéchisme de l’Eglise catholique» dans sa version latine de référence a été présenté aux journalistes par le cardinal Ratzinger, un jour après sa présentation au pape, lundi 8 septembre. Cette version dite «typique» est promulguée par une lettre apostolique datée du 15 août 1997 intitulée «Laetamur magno opere» (nous nous réjouissons de l’oeuvre). Le Catéchisme a été rédigé à partir de 1986 et promulgué dans sa version française originale en 1992. En 1993, Jean-Paul II avait créé une commission composée de représentants de divers dicastères de la curie en vue de l’élaboration de l’édition typique latine, qui est le fruit des corrections suggérées pendant cinq ans par les évêques du monde entier. (apic/cip/imed/mp)