Protéger la liberté religieuse sans favoriser les sectes

Angleterre: Londres prépare une loi contre la discrimination religieuse

Londres, 17 août 1997 (APIC) La question de la liberté religieuse et des relations Eglise-Etat agite à nouveau les esprits en Grande-Bretagne. Un projet de loi contre la discrimination religieuse entend redéfinir la place accordée aux minorités religieuses et du même coup les rapports entre l’Eglise anglicane, la Couronne britannique et l’Etat.

«Nous sommes sur un terrain très glissant», a expliqué le ministre de l’Intérieur Jack Straw. L’adoption d’une loi contre la discrimination religieuse doit permettre de protéger la liberté d’expression et la liberté de culte des personnes. Sans pour autant accorder aux sectes de tous poils des droits juridiques trop étendus, notamment celui de porter plainte pour discrimination religieuse devant les tribunaux. Selon les chiffres officiels, la Grande-Bretagne ne compterait pas moins de 500 sectes réclamant un demi million d’adeptes.

Les initiateurs du projet souhaitent en matière religieuse une loi semblable à ce qui existe à propos de la discrimination raciale. L’incitation à la haine basée sur des motifs religieux serait ainsi punie pénalement.

Il s’agit cependant pour l’Etat de définir les religions officiellement reconnues. Depuis la rupture d’avec Rome et la fondation de l’Eglise anglicane par le roi Henri VIII au XVIe siècle, la législation religieuse britannique s’applique exclusivement à l’Eglise anglicane nationale. Catholiques, méthodistes, baptistes, juifs, musulmans ou bouddhistes ne bénéficient d’aucune législation propre.

Pour l’Eglise catholique, une loi contre la discrimination religieuse serait une bonne chose. Depuis la rupture avec le Vatican, et parfois encore aujourd’hui, les catholiques furent traités de «papistes» et considérés comme peu dignes de confiance parce que dépendant d’une religion dirigée de l’étranger. Ce n’est qu’en 1829 qu’ils obtinrent à nouveau une reconnaissance légale. Et ce n’est qu’en 1995 qu’un souverain britannique, en la personne d’Elisabeth II, prit part pour la première fois depuis la Réforme à une cérémonie religieuse catholique.

Cette loi remet également en question la position de l’Eglise anglicane comme Eglise nationale. Il s’agit de repenser les conséquences légales et politiques des liens qui unissent l’Eglise à la Couronne. Par exemple le fait qu’un souverain ne puisse pas épouser une personne catholique sans renoncer du même coup au trône. On encore qu’un évêque catholique, au contraire d’un confrère anglican, ne puisse pas siéger au parlement. (apic/kna/mp)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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