Belgique: Anniversaire de la mort du cardinal Cardijn, fondateur de la JOC
«Un travailleur de chez Renault-Vilvorde
vaut plus que tout l’or du monde»
Bruxelles, 7 juillet 1997 (APIC) «Debout, l’appel du Christ résonne… Forts de nos droits soyons vaillants»: Le chant des jocistes a résonné dimanche dans une église Notre-Dame de Laeken – Bruxelles – comble, trente ans après la mort – 24 juillet 1967 – du fondateur de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC), Joseph Cardijn.
Pour honorer la mémoire de l’humble abbé devenu cardinal, les quatre branches de mouvement jociste belge (JOC, JOCF, KAJ et VKAJ) ont organisé une eucharistie dans cette église où il repose et où sa devise épiscopale est placée au-dessus d’un vitrail moderne derrière sa tombe: «Evangelisare pauperibus» (Evangéliser les pauvres).
La commémoration était placée sous le signe de la tradition – elle s’est conclue par un envoi en mission -, mais aussi de la réflexion. L’occasion de rappeler l’actualité des questions qui taraudaient celui qui fut un pionnier de l’Action Catholique des laïcs du monde ouvrier à une époque où ce même monde était encore inaccessible aux prêtres. Le cardinal Cardijn a eu le courage de confier aux jeunes du monde du travail le soin d’évangéliser celui-ci par leurs propres moyens. «La vie d’un jeune travailleur, d’une jeune travailleuse vaut plus que tout l’or du monde», avait dit Cardijn en sortant, sale et plein de sueur, d’une mine d’or au Chili.
Un travailleur des Forges de Clabecq, de Boelwerk, de Renault-Vilvorde vaut plus que tout l’or du monde, dira en écho un jociste d’aujourd’hui. La lecture d’un texte du fondateur sur la méthode de la JOC, le rôle des militants, la lutte du jeune travailleur devant la vie, a introduit quelques interpellations pour aujourd’hui, invitant à poursuivre la lutte contre les injustices qui ont toujours révolté Cardijn et qui, a-t-on rappelé, «fait partie du plan de Dieu».
Dès l’enfance
A la fin de la messe, la JOC Internationale, née il y a tout juste 40 ans, a annoncé que, pour la première fois, son prochain conseil international – le dixième de son histoire – se tiendra en Belgique, en mai 2000.
Né dans une humble famille de Schaerbeek en 1882, Joseph Cardijn avait été frappé dans son enfance par l’isolement dans lequel se trouvaient ses camarades de la classe ouvrière. Il s’est juré, avant de devenir prêtre, de ne jamais se laisser gagner par la mentalité «bourgeoise» qui coupe le clergé de la classe ouvrière. Après avoir étudié les sciences économiques et sociales à Louvain, il se rendra en Allemagne pour y étudier les oeuvres sociales. Professeur au petit séminaire de Basse-Wavre, il s’intéressera alors aux conditions de travail dans les fabriques du Brabant Wallon. En 1912, il fut nommé vicaire à Laeken, dans un quartier semi-industriel.
Trois ans plus tard, celui que nombre de ses confrères taxent de «socialiste», est nommé par le cardinal Mercier directeur des oeuvres sociales à Bruxelles. En 1925, l’année de la fondation de la JOC, il demandera la permission d’aller expliquer ses vues au pape Pie XI. On le laissera faire, convaincu qu’il ne sera jamais reçu. Il est parvenu à ses fins. Le pape a partagé ses vues, que l’on retrouvera d’ailleurs dans l’encyclique sociale «Quadragesimo anno» (1931).
«Voir, juger, agir»
En 1935, pour le 10e anniversaire de la JOC, le stade du Heysel est rempli de plus de 100’000 jeunes. L’abbé Cardijn consacre désormais toute sa vie au mouvement, l’accompagnant tout au long de ses développements, en Belgique dans le monde entier. Devenu une personnalité mondiale, il sera créé cardinal par Paul VI durant le Concile Vatican II, auquel il avait participé comme expert sur les questions de l’apostolat des laïcs.
Personnalité complexe, Cardijn a marqué l’histoire sociale en Belgique. Il a eu une influence déterminante sur la réflexion de l’Eglise concernant l’Action Catholique spécialisée et, surtout, a profondément influencé des générations de jeunes travailleurs en Belgique et dans tous les continents. En plus de ses idées sur la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde, il s’était forgé une méthode propre, encore appliquée de nos jours, qu’il résumait en trois mots: voir, juger, agir – se baser d’abord sur la réalité, éclairer celle-ci à la lumière de la Parole de Dieu, pour déboucher enfin sur une action chrétienne cohérente. (apic/cip/pr)