L'immeuble du scandale est situé sur Sloane Avenue, à Londres | © Timitrius/Flickr/CC BY-SA 2.0
Vatican

La défense de Raffaele Mincione dénonce une méthode «inquisitoire»

«L’accusation contre notre client est, plus encore qu’infondée, insoutenable», a déclaré la défense de Raffaele Mincione lors de la 81e audience du procès de l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’, le 4 décembre 2023. Elle a critiqué durement la «logique inquisitoriale» de la procédure menée par le promoteur de justice.

Raffaele Mincione est un banquier d’affaires italo-britannique résidant à Londres. Il a été chargé, de 2014 à 2018, de la gestion d’un investissement immobilier de la secrétairerie d’État dans la capitale britannique – le fameux 60 de Sloane Avenue.

Dans son réquisitoire, le promoteur de justice Alessandro Diddi l’a accusé de fraude, de détournement de fonds, d’abus de pouvoir, de blanchiment d’argent et de corruption. Il a requis à son encontre onze ans et cinq mois de réclusion, une interdiction perpétuelle de la charge publique et 15’450 euros d’amende, ainsi que la confiscation de 172’360’000 euros.

La défense de Raffaele Mincione, qui doit poursuivre sa plaidoirie le 5 décembre, s’est concentrée sur les conditions dans lesquelles son client et l’administration centrale du Saint-Siège en sont venus à travailler ensemble. Son client, a-t-elle insisté, a respecté les règles nombreuses et très strictes qui encadrent son activité financière – en raison de son « caractère risqué » – et n’a jamais été réprimandé dans sa carrière pour des manquements à la déontologie.

L’homme d’affaires, a poursuivi son avocat Me Gian Domenico Caiazza, possédait en outre une expertise en matière d’investissements dans les matières premières, notamment dans le secteur pétrolier. C’est pour cela, a-t-il expliqué, que la secrétairerie d’État a fait appel à lui en 2012 pour mener une due diligence qui concernait un projet d’investissement dans une société pétrolière angolaise.

À cette époque, la secrétairerie d’État avait déjà investi dans le secteur pétrolier, mais aussi dans les métaux précieux ou dans des hedge funds, et avait déjà eu recours à des crédits lombards (que le promoteur de justice a pourtant déclaré non conformes aux normes de la secrétairerie d’État), a souligné un second avocat du banquier, Me Andrea Zappalà. Le projet d’investissement de 200 millions d’euros de la secrétairerie d’État via un fonds d’investissements géré par Raffaele Mincione a finalement été réorienté en 2014 vers l’acquisition d’un immeuble de Sloane Avenue à Londres.

Un procès entaché par les erreurs du promoteur de justice

Comme les avocats des autres accusés avant lui, Me Caiazza a réservé ses coups les plus durs au réquisitoire du promoteur de justice Alessandro Diddi. Ce dernier aurait, selon lui, construit « une sorte de réalité parallèle par rapports aux faits, une bulle ».

Me Caiazza a déploré que le promoteur de justice ne se soit pas appuyé sur le contrat par lequel la secrétairerie d’État a confié 200 millions d’euros au fonds Athena de Raffaele Mincione – qui prouve selon lui que les modalités d’investissement étaient alors très claires, notamment en ce qu’il stipulait qu’aucun rendement n’était garantie. Et a insisté sur le fait qu’en tant qu’État souverain, le Saint-Siège doit être considéré « comme un investisseur qualifié » dans cette opération financière.

L’avocat a en outre souligné que la conformité du contrat avec les normes éthiques du Saint-Siège – notamment avec la constitution Pastor Bonus – concernait la secrétairerie d’État et non son client – contrairement à ce qu’affirme le promoteur de justice. Il a enfin reproché à ce dernier de ne pas avoir interrogé des représentants du Crédit suisse, banque avec laquelle l’opération financière avait pourtant été échafaudée.

La méthode du promoteur de justice, a martelé l’avocat, procède d’une « logique inquisitoire » qui cherche à « confirmer le préjugé » plutôt qu’à chercher la vérité. La «virginité» de toute la procédure, mais aussi de la justice vaticane, a-t-il insisté, se retrouve entachée par ces erreurs structurelles concernant «les règles de base d’un procès pénal».

La suite du procès

Le procès se poursuit le 5 décembre avec la fin de la plaidoirie de la défense de Raffaele Mincione, puis le 6 décembre avec la conclusion de celles de Fabrizio Tirabassi et du cardinal Angelo Becciu. Le 11 et 12 décembre, le promoteur de justice, les parties civiles et les défenses auront une dernière occasion de s’exprimer avant que le juge ne rende son verdict – probablement entre le 13 et le 15 décembre. (cath.ch/imedia/ic/cd/mp)

L'immeuble du scandale est situé sur Sloane Avenue, à Londres | © Timitrius/Flickr/CC BY-SA 2.0
5 décembre 2023 | 13:44
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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