L’Indonésie ne pourra indéfiniment entretenir une armée d’occupation. Les pressions internationales jouent par ailleurs en faveur de l’indépendance de Timor-Est, a souligné le vice-président du Conseil national de la résistance timoraise, présent à Paris du 7 au 9 décembre à l’invitation du Premier Ministre, Lionel Jospin, dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme. .José Ramos Horta participe également aux Etats-généraux des défenseurs des droits de l’homme, qui se tiennent au Palais de Chaillot à l’initiative de plusieurs ONG françaises.
L’indépendance du Timor oriental est irréversible. Elle devrait se faire avant deux à trois ans, estime José Ramos Horta, co-lauréat – avec Mgr Belo – du Prix Nobel de la paix 1996.
Depuis 1976, plus de 250 000 personnes, soit un tiers de la population, ont péri suite à l’occupation du Timor-Est par l’armée indonésienne, a rappelé lundi soir José Ramos Horta devant l’association «Agir pour le Timor» . Aujourd’hui des centaines de prisonniers politiques timorais, dont Xanana Gusmao, président du Conseil national de la résistance, sont dans les geôles indonésiennes. Contrairement à ce que le gouvernement indonésien avait annoncé, des milliers de militaires sont venus renforcer un dispositif déjà pléthorique, affirme José Ramos Horta. Mais l’Indonésie n’a pas réussi à vaincre la résistance des Timorais, insiste-t-il. Et d’estimer que l’indépendance du Timor oriental est irréversible. «L’affaire au mieux de quelques mois, sinon de deux ou trois ans. On sera davantage fixé après les élections législatives indonésiennes de mai 1999.»
L’Indonésie est à genoux
Un optimisme qu’il justifie par la crise économique, financière et sociale sans précédent qui frappe l’Indonésie. Ce pays à genoux – la moitié de la population survit avec un dollar par jour – ne pourra en effet consacrer indéfiniment un million de dollars par jour pour occuper et quadriller le Timor-oriental.
En outre, l’opposition démocratique en Indonésie et la pression internationale jouent en faveur de l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. La pression est de plus en plus forte notamment du côté des USA et de l’Australie. Pour les grandes puissances, cependant la question est de ne pas entraîner dans le sillage de cette indépendance la désintégration de l’Indonésie – qui compte pas moins de 300 groupes ethniques et 500 langues différentes. «Mais, précise Ramos Horta, c’est le problème de Jakarta, pas le nôtre, nous avons droit à l’autodétermination reconnue par l’ONU et la cour internationale de justice de La Haye.» Pour autant, la résistance timoraise entend opérer une transition pacifique et construire l’union nationale, en se gardant d’exercer des violences contre les Indonésiens présents à Timor-Est. «Nous savons que nous avons intérêt à bâtir de bonnes relations tant avec l’Indonésie que le Portugal, tous les pays lusophones, la nouvelle Zélande et l’Australie.»
Le statut d’autonomie proposé par Jakarta ? «En aucun cas il ne saurait être tributaire de conditions préalables, surtout pas de la reconnaissance de Timor-Est comme partie prenante de l’intégrité territoriale de l’Indonésie. D’autre part, l’autonomie visée ne peut être qu’une étape de deux à trois ans avant l’organisation d’un référendum populaire sur l’indépendance.» Le projet d’autonomie préparée par l’ONU ? «Il a été analysé et discutée par la résistance. Il pourrait être adoptée par elle comme point de départ car c’est un document raisonnable, avec beaucoup de points positifs.», conclut le Prix Nobel (apic/jcn/mp)