Mgr Fernandez répond aux critiques sur la bénédiction des homosexuels
Après la publication de «Fiducia supplicans», qui autorise la bénédiction pastorale des couples en situation irrégulière dont les homosexuels, le cardinal Víctor Manuel Fernández, a été la cible de toutes sortes de critiques. Le préfet du dicastère pour la doctrine de la foi y a répondu le 24 décembre 2023 dans une interview au site espagnol Religion Digital.
Le cardinal Fernández commence par dénoncer toutes les interprétations faussées du texte. Il rappelle que «le couple est béni, mais pas l’union elle-même». Selon lui le pape François reste très calme malgré l’émoi suscité. «Il m’a dit qu’en ces matières, des réactions à chaud sont toujours prévisibles, mais que lorsque le texte est lu calmement, il peut être mieux compris.»
Interrogé sur le rejet du texte en Afrique, le cardinal note «dans certains pays d’Afrique où le simple fait d’être homosexuel, si on ne le cache pas, peut vous conduire en prison, il est probable que certains évêques, même s’ils ne sont pas d’accord avec ces lois, veulent préserver leurs fidèles.»
Pas de changement de doctrine
Face à l’inquiétude de certains qui voient dans ce texte un changement de doctrine et une première étape vers la reconnaissance officielle par l’Eglise du mariage homosexuel, Mgr Fernandez s’étonne qu’un texte aussi classique puisse être mal interprété. Le document «explique qu’il bénit le couple, ces deux personnes qui se présentent, mais pas l’union elle-même. (…) La Déclaration dit, jusqu’à la fatigue, qu’il n’y a qu’un seul mariage (homme-femme, indissoluble, etc.). Elle dit que c’est le seul contexte approprié pour les relations sexuelles et qu’il faut éviter les bénédictions rituelles qui pourraient prêter à confusion», insiste-t-il. Tout en reconnaissant qu’ il «est clair que c’est un sujet qui provoque de l’urticaire».
Une bénédiction pour aider dans la vie
Pour le cardinal espagnol, il serait très difficile pour l’Eglise de ne pas donner une simple bénédiction (pas un rite) à deux personnes qui vivent ensemble et qui demandent à Dieu de les aider à aller de l’avant parce qu’elles ont des problèmes, qu’elles manquent d’argent, parce qu’elles sont malades, etc. «Je ne pense pas qu’il faille se poser trop de questions pour donner cette bénédiction paternelle à deux personnes qui luttent pour avancer dans la vie.»
Interrogé sur l’opportunité de cette déclaration deux ans après celle de 2021, qui excluait cette possibilité, le cardinal Fernandez précise: «En 2021, il a été dit que seuls les individus pouvaient être bénis séparément. Ici, il est dit qu’ils peuvent en fait être bénis ensemble, car ce type de bénédiction pastorale, non rituelle, n’a pas pour but de valider un mariage.»
Une richesse pastorale
Selon le préfet du DDF, le pape François comprend très bien ce thème des «bénédictions populaires», non ritualisées, qui sont une richesse de la pastorale populaire, une manière d’être proche de toutes les situations, contrairement aux sacrements qui ne le permettent pas toujours. C’est un thème qui a été beaucoup travaillé par les théologiens latino-américains. (cath.ch/rd/mp)
