Mgr Bozanic stigmatise la réapparition de ’méthodes communistes’
Croatie: Message de Noël de l’archevêque de Zagreb
Zagreb, 23 décembre (APIC) La société croate post-communiste ne s’est pas encore totalement débarrassée de la mentalité héritée de décennies de totalitarisme. Dans son message de Noël, l’archevêque de Zagreb stigmatise en effet la corruption des puissants et la réapparition de «méthodes et comportements communistes» en Croatie. Mgr Josip Bozanic n’hésite pas à affirmer que la moralité publique est aujourd’hui en danger dans son pays et à qualifier la corruption de véritable «cancer» qui menace la société croate.
Dans sa lettre pastorale de Noël adressée «aux catholiques et à toute la nation croate», Mgr Josip Bozanic reprend à son compte les appels de Jean Paul II et de son prédécesseur Paul VI demandant de répondre à la crise de la civilisation contemporaine par l’édification d’une civilisation de l’amour, basée sur les valeurs universelles de paix, de solidarité, de justice et de liberté. Des valeurs qui trouvent leur accomplissement dans le Christ. Le Christ, justement, qui est venu pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Le pape, poursuit l’archevêque de Zagreb, désire clairement souligner l’option préférentielle de l’Eglise universelle pour les pauvres et les marginalisés. Raison pour laquelle il est urgent, pour les chrétiens, d’attirer l’attention sur les situations dans lesquelles la dignité de l’être humain est foulée aux pieds ou blessée par l’injustice, la pauvreté ou les demandes qui ne peuvent être satisfaites étant donné certaines conditions de vie.
L’Eglise ne peut rester silencieuse
Accusée par certains milieux de rester silencieuse face aux maux qui accablent la société croate, l’Eglise de Croatie a bien l’intention de fournir les orientations qu’attend d’elle un large public dans cette période délicate de l’histoire du pays. L’archevêque de Zagreb précise d’emblée qu’il n’est pas du ressort de l’Eglise d’organiser la vie politique ou économique de la nation. Suivant les enseignements du Concile Vatican II et les directives des papes, l’Eglise ne va pas et ne veut pas s’aligner sur un quelconque parti politique ou s’engager directement en politique. Elle se contente de rappeler les principes éthiques qui sont à la base de la vie sociale et politique, en particulier dans le domaine de la protection de la vie humaine, de sa conception jusqu’à son terme naturel.
Le moment est arrivé dans la société croate, estime Mgr Bozanic, d’exprimer clairement des principes éthiques. «Nous sommes entourés par des types de comportements qui ne mettent pas en question la survie de l’Eglise en tant que telle, mais concernent la survie de la moralité chrétienne et des valeurs évangéliques». Finalement, relève Mgr Bozanic, ce qui est en cause, ce sont des comportements qui ruinent la moralité civique, fondement de toute société démocratique.
«Nous avons à l’esprit que durant la dernière décennie, la nation croate a vu se réaliser une aspiration pluriséculaire: l’Etat croate. (…) Nous sommes parfaitement conscients que nous portons le lourd héritage du régime communiste, de la récente guerre avec ses diverses conséquences et du processus de transition qui a pris place dans les circonstances défavorables du temps de guerre. Néanmoins, cela ne nous dispense pas de notre responsabilité face au présent et au futur».
Mentionnant par leur nom les maux qui frappent le pays, Mgr Bozanic stigmatise en particulier le règne de la corruption qui prévaut désormais dans la société croate: «un vrai cancer» qui mine la légalité et un catholique qui s’y adonne «pèche devant Dieu et devant les hommes». Il relève également la détérioration du respect de la loi dans la conscience des gens et dans les relations entre personnes, au point de mettre en danger la justice et la paix dans le pays. Seul un petit groupe a profité du processus de privatisation du secteur public et en a tiré des «privilèges problématiques» du point de vue moral et un «enrichissement disproportionné». L’autre face de la médaille, c’est l’appauvrissement croissant de la classe moyenne. Les victimes privilégiées de cette nouvelle société à deux vitesses: les enfants, les jeunes, les malades et les personnes âgées.
Face aux menaces morales qui pèsent sur la société – notamment la résurgence de comportements hérités de l’éducation communiste – «ce n’est pas le moment d’être indifférents, silencieux ou tranquillement neutre, c’est le temps de promouvoir le renouveau moral de la société», écrit le primat de Croatie, qui lance un vibrant appel aux vertus civiques de la population croate. (apic/ika/be)