Togo: Adoption d’une loi répressive contre les mutilations sexuelles féminines

«Mieux vaut tard que jamais»

Lomé, 2 novembre 1998 (APIC) Au Togo, une femme sur huit est excisée. Après des années d’hésitation, le parlement togolais vient d’adopter une loi interdisant les mutilations génitales féminines. Cette dernière réprime la pratique de coutumes qui font encore de nombreuses victimes, surtout dans le nord du pays, malgré les campagnes de sensibilisation du gouvernement et des organisations non gouvernementales (ONG).

Un arsenal juridique très répressif est enfin mis en place pour punir les auteurs et ceux qui encouragent cette pratique. Au Togo, une femme sur huit est excisée. Pour le gouvernement, il est impérieux de mettre fin à cette pratique qui constitue une violence et une atteinte à l’intégrité physique et biologique de la femme togolaise. D’autant plus que cette pratique pose un problème de santé et de droit de victimes.

Selon le Ministère de la promotion féminine, l’excision n’est ni un fait religieux ni un fait culturel: peut-être simplement un fait coutumier. Les raisons souvent évoquées pour la pratiquer sont d’ordre esthétique et hygiénique, voire d’honneur pour la famille et pour la jeune fille. En tous les cas, c’est une activité lucrative pour les exciseuses professionnelles.

Dans les campagnes, ces pratiques font de nombreuses victimes: les lames et les couteaux souillés sont utilisés et aucune hygiène n’accompagne ces opérations. C’est en autre pour cette raison que les députés, en votant cette loi, ont demandé au gouvernement de mener une campagne de sensibilisation afin d’en finir avec cette pratique.

Jusqu’à 10 ans de réclusion

Aux termes de la nouvelle loi, les mutilations génitales féminines s’étendent à toute ablation partielle ou totale des organes génitaux externes des fillettes, des jeunes filles ou des femmes et à toutes autres opérations concernant ces organes. Evidemment sont exclues de cette catégorie, les interventions chirurgicales des organes génitaux effectuées sur prescription médicale. Tous ceux qui se rendront coupables de ces pratiques sont passibles d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à dix ans de réclusion et des amendes jusqu’à 2’500 francs suisses.

Après l’adoption de cette loi, les ONG ont exprimé leur soulagement. Elles espèrent que la jeune fille togolaise pourra dorénavant conserver son intégrité physique et biologique. Pour les organismes de défense des droits de l’homme, cette loi est une «victoire depuis longtemps attendue, mais mieux vaut tard que jamais !». (apic/pdk/ab)

2 novembre 1998 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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