Le pape demande de «l'aide» aux 2’000 universités catholiques

Le pape François demande aux 2’000 universités catholiques du monde d’aider l’Église à se pencher sur «les grandes questions contemporaines», dans un discours écrit à l’attention de la Fédération Internationale des Universités Catholiques (FIUC), qu’il a reçue le 19 janvier 2023, au Vatican. Le pape enjoint ces universitaires à «penser à l’intelligence artificielle, mais aussi à l’intelligence spirituelle».  

Près de 200 responsables des universités affiliées à la Fédération ont pu saluer le pape François lors de cette audience organisée dans la Salle du Consistoire. Le pape de 87 ans, expliquant encore souffrir de son rhume, n’a prononcé que quelques mots, affirmant que «l’identité» de l’université catholique ne se jouait pas seulement sur sa «confessionnalité» mais sur sa promotion d’un «humanisme» au service de tous.

«Traduire culturellement la richesse de l’inspiration chrétienne»

Dans le discours remis aux participants – mais non lu – François demande aux universités catholiques «d’aider l’Église, en ce moment de l’histoire, à éclairer les aspirations humaines les plus profondes avec les raisons de l’intelligence et les raisons de l’espérance» et à mener «des dialogues sans crainte sur les grandes questions contemporaines». «Aidez-nous à traduire culturellement, dans un langage ouvert aux nouvelles générations et aux temps nouveaux, la richesse de l’inspiration chrétienne», enjoint-il. 

Le pontife argentin recommande de ne pas «confier la gestion [des] universités à la peur qui dévore l’âme». Il exhorte à ne pas s’enfermer «derrière des murs, dans une bulle sociale sécurisante, en évitant les risques ou les défis culturels et en tournant le dos à la complexité de la réalité». 

Autre «illusion» contre laquelle le pape met en garde: la «neutralité». Au contraire, «une université catholique doit faire des choix, des choix qui reflètent l’Évangile», insiste-t-il. «Il ne suffit pas de délivrer des titres académiques: il faut éveiller et conserver en chaque personne le désir d’être. Il ne suffit pas de modeler des carrières compétitives: il faut promouvoir la découverte de vocations fécondes, inspirer des chemins de vie authentique», argumente-t-il. 

Ne pas réduire l’université à une gestion d’entreprise

À l’heure où «l’instruction devient malheureusement une activité commerciale, et où de grands fonds économiques sans visage investissent dans les écoles et les universités comme on le fait à la bourse», le pape François invite les institutions de l’Église à fonctionner «selon une logique différente». 

Le 266e pape incite à ne pas réduire le projet éducatif «à un programme parfait, à un équipement efficace ou à une bonne gestion d’entreprise», mais à promouvoir «une recherche commune de la vérité, un horizon de sens». Il s’agit «d’aller à contre-courant, en globalisant l’espérance, l’unité et la concorde, au lieu de l’indifférence, des polarisations et des conflits», ajoute le pontife.

La délégation était accompagnée par le préfet du dicastère pour la Culture et l’éducation, le cardinal portugais Josè Tolentino de Mendonça. La première association de la FIUC, regroupant dix-huit universités catholiques, a été bénie en 1924 par Pie XI. Aujourd’hui, la Fédération dispose d’un statut consultatif auprès de l’ONU à New York, auprès de l’UNESCO à Paris, et auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg. (cath.ch/imedia/ak/cv/gr)