Le président du Sénégal, Macky Sall (Photo: DR)
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Sénégal: Mgr Ndiaye critique l'annulation de l’élection présidentielle

Dans une rare critique contre une décision du président Macky Sall, Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar s’est insurgé contre le report sine die de l’élection présidentielle prévue le 25 février, au Sénégal. L’affaire qui suscite une vive polémique dans le pays.

C’est une des premières fois que l’archevêque va à l’encontre du Chef de l’Etat, qui a jusqu’ici a toujours eu de bons rapports avec l’Eglise catholique.

Dans un message à la nation, le 3 février 2024, le président Sall a annoncé avoir annulé, sur demande de l’Assemblée nationale, un décret de novembre dernier, convoquant le corps électoral, en vue de l’élection de son successeur à la tête du pays pour les cinq prochaines années.

Le président a expliqué cette annulation par un conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel autour d’un soupçon de corruption de deux membres du Conseil. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) dont le candidat Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), a évoqué un conflit d’intérêt et des largesses à deux membres du Conseil pour l’écarter de la présidentielle. Les juges du conseil ont rejeté, le 25 janvier, son dossier de candidature pour cause de double nationalité franco-sénégalaise. Il a rejeté cette raison, soulignant avoir renoncé à sa nationalité française, acquise par sa maman française.

Sa formation politique, le PDS (parti démocratique sénégalais), de son père Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal de 2000 à 2012, a saisi le Parlement pour la mise sur pied ›une Commission d’enquête pour élucider ses allégations de corruption. Il a aussi déposé une proposition de loi de report de six mois, de l’élection présidentielle pour travailler sur « les irrégularités qui seraient distillées par le conseil constitutionnel ». Car, une quarantaine d’autres candidats se sont plaints du rejet de leurs dossiers de candidature.

L’archevêque demande le respect des institutions

Dans une déclaration le 4 février à l’issue d’une cérémonie religieuse, Mgr Benjamin Ndiaye s’est dit «dérouté» par l’annulation de la résidentielle à la date prévue. «Il faut que les institutions soient respectables et respectées dans leur mission», a-t-il préconisé, tout en appelant au respect de la Constitution. Selon lui, il faut éviter «la politique du contournement. Un règlement est fait pour être respecté par tous et non pas pour être violé. C’est en le respectant qu’on avance». Il a cependant lancé un appel à la paix, car, elle est à bâtir par »la vérité dans la parole et par le geste», conforme au droit et pour construire la nation et la société, mais pas par des intérêts individuels.  

A l’appel de l’opposition, de nombreux incidents ont eu lieu dans plusieurs endroits du pays, pour contester l’annulation de la présidentielle. Il n’y a pas eu de victimes.

Interrogée par le correspondant de Cath-info à Dakar, Elène Tine, catholique et ancienne députée  souligné qu’à travers sa prise de position, Mgr Ndiaye «fait corps avec le peuple» et dit «tout haut ce que pense ce peuple». «Il y a une initiative de contournement visant la continuité», a-t-elle fait remarquer, faisant allusion à une session de l’assemblée nationale, qui se réunissait dans la journée pour décider ou non, du reporter  d’au moins six mois, de l’élection présidentielle, entrainant du coup, la prolongation du mandat du président Macky Sall jusqu’à la passation de pouvoir avec un nouveau président. (cath.ch/ibc/mp)

Le président du Sénégal, Macky Sall
6 février 2024 | 15:55
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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