Ne pas apparenter la création des machines à «l’acte créateur divin»
Le pape François a exhorté, le 12 février 2024, à combattre «l’hégémonie technocrate» et «la dérive vers la pensée unique». II recevait les membres de l’Académie pour la vie à l’occasion de l’inauguration de leur assemblée générale, au Vatican.
Dans son discours, l’évêque de Rome a estimé qu’il n’était «pas possible d’être a priori ‘pour’ ou ‘contre’ les machines et les technologies». Il a souligné qu’il n’existait pas de distinction claire «entre processus naturels et processus artificiels», comme si les premiers étaient «authentiquement humains» et les autres «opposés à l’humain».
Évoquant les capacités croissantes de la science et de la technique, le successeur de Pierre a dénoncé la «tentation insidieuse» de croire qu’il est «dans le pouvoir de l’homme d’insuffler l’esprit dans la matière inanimée», en apparentant la création des machines à «l’acte créateur divin».
Le spectre de «l’esclavagisme algorithmique»
Le pontife argentin a également critiqué la «tentative de reproduire l’être humain par les moyens et la logique de la technique». Il a estimé qu’une telle approche transhumaniste «implique la réduction de l’humain à un agrégat de prestations reproductibles à partir d’un langage numérique». Il a au contraire demandé d’empêcher «que l’humain ne soit défiguré». Il a jugé que la «spécificité unique» de l’homme résidait «dans la sphère du pathos et des émotions, du désir et de l’intentionnalité», à la différence des machines.
Ces derniers temps, le pontife de 87 ans a consacré plusieurs messages – dont celui pour la Journée mondiale de la paix le 1er janvier dernier – au thème de l’intelligence artificielle. Dans son message pour la 58e Journée mondiale des communications sociales, le 24 janvier, il a mis en garde contre le «spectre d’un nouvel esclavage» imposé par les algorithmes.
Appel à la liberté d’esprit
Faisant ses recommandations aux Académiciens, le chef de l’Église catholique leur a demandé «un style de recherche exigeante», fait «de liberté d’esprit, d’ouverture à s’aventurer sur des sentiers inexplorés et inconnus, en s’affranchissant de tout ‘arriérisme’ stérile». Pour le pontife de 87 ans, il est ainsi «indispensable de remettre en question aussi les points de vue acquis et les hypothèses qui n’ont pas été examinées de manière critique».
L’assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie a lieu à Rome à l’Augustinianum, du 12 au 14 février, sur le thème L’homme. Significations et défis (Human. Meanings and Challenges). En présentant cet événement au Vatican après l’audience avec le pape, Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie, a souligné l’urgence de cette question, étant donné que l’espèce humaine «risque aujourd’hui de disparaître par autodestruction ou par dépassement».
Mgr Paglia a rappelé par ailleurs que l’Académie pour la vie avait pour mission «d’approfondir» et de «débattre» et non pas de fixer les normes doctrinales ni d’ériger des textes magistériels. Les documents de cette institution n’ont pas donc pour but de «déterminer» des réponses aux questions morales, a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/ak/rz)
Le message pour la Journée mondiale des communications sociales 2024 du pape François porte sur l'intelligence artificielle. A cette occasion, cath.ch vous propose un dossier consacré à la foi et à l'IA. Une thématique qui intéresse tout autant qu'elle préoccupe le pontife.