Strasbourg: Mgr Reithinger renonce à sa charge d'évêque auxiliaire
La démission de Mgr Gilles Reithinger, de sa charge d’évêque auxiliaire de Strasbourg, a été acceptée par le pape François le 14 février 2024, indique le Bureau de presse du Saint-Siège. Si la démission de Mgr Reithinger est officiellement liée à des raisons de santé, l’évêque de 51 ans fait aussi l’objet d’une enquête canonique dans le cadre des affaires d’abus sexuels touchant les Missions étrangères de Paris (MEP).
En vertu du régime concordataire en vigueur en Alsace, l’acceptation de sa démission par le président de la République Emmanuel Macron avait été publiée au Journal Officiel quelques heures plus tôt.
Dans un communiqué diffusé sur le site du diocèse de Strasbourg, Mgr Philippe Ballot, évêque de Metz et administrateur apostolique du diocèse alsacien, indique sobrement que «Mgr Gilles Reithinger a décidé de présenter sa renonciation au Saint-Père et ce dernier l’a acceptée», les autorités civiles ayant été «dûment informées», conformément aux règles du Concordat.
«Mgr Reithinger n’exercera donc plus les fonctions d’évêque auxiliaire à compter de ce jour. Il devient évêque auxiliaire émérite de Strasbourg, toujours titulaire de Saint-Papoul», précise Mgr Ballot, qui indique toutefois que Mgr Reithinger «pourra envisager la reprise de quelques activités pastorales».
«Puisse Mgr Reithinger retrouver rapidement ses forces et un nouvel équilibre de vie au service du Seigneur», a réagi la Conférence des évêques de France dans un communiqué, prenant acte de sa démission.
Né en 1972 et ordonné prêtre en 1999 pour le diocèse de Strasbourg et les MEP, Gilles Reithinger a notamment été missionnaire à Singapour, avant de rejoindre la maison générale des MEP à Paris. Il a notamment été responsable de la coopération internationale et de la formation des jeunes volontaires en tant que vicaire général des MEP, de 2010 à 2016, avant d’en devenir le supérieur général en 2016, succédant à Mgr Georges Colomb, alors nommé évêque de La Rochelle.
Il a été ordonné évêque à son tour le 4 juillet 2021 à la cathédrale de Strasbourg par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, devenant alors, à 48 ans, le plus jeune évêque de France.
Scandales d’abus au sein des MEP
Depuis 2023, les affaires d’abus touchant les Missions étrangères de Paris ont éclaboussé Mgr Reithinger, qui a été entendu en tant que témoin par des policiers le 9 avril 2023 dans l’affaire de viol impliquant le Père Aymeric de Salvert, son ancien collaborateur au sein de la maison général des MEP. Un ancien missionnaire au Japon a par ailleurs directement accusé Mgr Reithinger de l’avoir initié à une «double vie».
Il a également été mis en cause par la victime présumée de Mgr Georges Colomb, accusé d’agression sexuelle, pour ne pas avoir dénoncé ces faits qui seraient survenus en 2013, et dont il aurait eu connaissance. Mgr Colomb, qui demeure actuellement évêque de La Rochelle nominalement mais s’est temporairement retiré de ses fonctions, a été mis en examen, en novembre 2023, pour tentative de viol sur un jeune homme majeur.
Dans un entretien accordé à France 3 Alsace, en juin 2023, Gilles Reithinger a fermement démenti les faits qui lui sont reprochés. «Aucune alerte de cas éventuels d’abus sexuels portés à ma connaissance n’a jamais été dissimulée, minorée ou cachée», a-t-il assuré. Il s’était néanmoins mis en retrait de la gouvernance du diocèse de Strasbourg pour le temps de l’enquête.
Crise de gouvernance dans le diocèse de Strasbourg
Le diocèse de Strasbourg a également été secoué par de nombreuses affaires, qui ont joué un rôle dans la démission du dernier archevêque, Mgr Luc Ravel, le 27 mai 2023. Des problèmes de gouvernance et des mauvaises relations avec ses collaborateurs avaient alors été évoquées.
Lui-même mis en cause pour une relation avec une femme quand il était jeune religieux franciscain, son prédécesseur, Mgr Jean-Pierre Grallet, a bénéficié d’un non-lieu en raison de la prescription des faits, remontant aux années 1980.
En l’attente de la nomination d’un nouvel archevêque, Mgr Philippe Ballot, évêque du diocèse voisin de Metz – qui se trouve aussi sous le régime concordataire – exerce un intérim en tant qu’administrateur apostolique. Selon le quotidien L’Alsace, le futur archevêque de Strasbourg, dont la nomination pourrait être officialisée prochainement, devrait être Mgr Pascal Delannoy, l’actuel évêque de Saint-Denis. (cath.ch/imedia/cv/bh)