Mexique: des évêques rencontrent des chefs de cartels
Quatre évêques mexicains ont rencontré des chefs de cartels de la drogue dans l’Etat de Guerrero (sud-ouest) pour négocier un accord de paix, a déclaré l’un des prélats. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a assuré qu’il approuvait de telles initiatives.
Mgr Jose de Jesus Gonzalez, évêque de Chilpancingo-Chilapa, dans l’Etat de Guerrero, a révélé le 14 février 2024 dans une apparition publique avoir rencontré, avec trois autres de ses collègues, des chefs de cartels locaux, rapporte l’AFP. Le but était de faire acte de médiation entre les organisations criminelles et les pouvoirs publics, afin d’obtenir une trêve dans les violences qui ensanglantent la région. Les luttes intestines ont bloqué les transports et entraîné des dizaines de meurtres ces derniers mois. Les gangs se disputent la production et le trafic de drogue ainsi que l’accès aux ports du Pacifique tels qu’Acapulco.
La proposition de pourparlers a cependant été rejetée, a précisé le prélat, parce que les cartels ne veulent pas cesser le conflit destiné à acquérir plus de territoire.
Pas d’impunité
Le lendemain, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a toutefois apporté son soutien aux efforts déployés par les évêques. «Je crois que nous devons tous contribuer à la paix», a déclaré le chef d’Etat. Il a reconnu que ce n’était pas la première fois que les responsables religieux prenaient ce genre d’initiative. Ils l’auraient ainsi déjà fait dans l’État voisin de Michoacan et dans d’autres États. Le président a relevé que s’il n’avait aucun problème avec le fait de négocier, il n’approuverait «aucun accord signifiant l’octroi de l’impunité, de privilèges ou de permis de voler».
Avec l’accord du pape
De nombreux Mexicains ordinaires ont discrètement accepté de verser des indemnités de protection aux cartels de la drogue, de peur d’être attaqués ou de voir leur maison ou leur commerce incendié, explique le média américain National Catholic Reporter (NCR). L’Église a également souffert – beaucoup de prêtres ayant également été tués par des cartels. Le Mexique est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les ecclésiastiques.
Mgr González a laissé entendre que cette approche avait été au moins implicitement approuvée par le pape François lors d’une réunion avec les évêques en 2023. La position exprimée par l’évêque est conforme à la tendance de François à s’en remettre à l’expertise des évêques sur le terrain et à sa conviction que le dialogue est nécessaire à tout prix, remarque le NCR. (cath.ch/afp/ncr/ag/rz)