Fin de vie en France: Mgr Paglia contre «l’idéologisation» des débats
Sur le sujet de la fin de vie, «il y a une assez grande ignorance, avec le risque d’une idéologisation de questions très délicates», s’est préoccupé Mgr Vincenzo Paglia, interrogé par I.MEDIA sur le projet de loi bientôt à l’étude en France. En marge d’une conférence de presse au Vatican, le président de l’Académie pontificale pour la vie a dénoncé «l’abandon thérapeutique» subi par des milliers de malades.
Le 30 janvier 2024, le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé qu’un projet de loi sur «l’aide active à mourir» serait examiné avant l’été 2024. Un dossier suivi avec «grande attention» par l’Académie pour la vie – organe du Vatican chargé de la réflexion sur ces questions –, a assuré Mgr Paglia. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, ce projet de loi encadrant la fin de vie pourrait être présenté au Conseil des ministres prochainement. Dans une version préparatoire consultée notamment par Le Figaro en décembre dernier, le texte ouvrirait la voie à un suicide assisté avec exception d’euthanasie.
«S’il n’y a pas l’amour, la loi est très dangereuse»
Alors que Gabriel Attal a assuré que les soins palliatifs seraient aussi «considérablement renforcés» par cette loi, le président de l’Académie pontificale s’est gardé de se prononcer sur les détails du débat sociétal français. «Attention à ne pas être myope», a cependant prévenu le prélat. Il a tenu à dénoncer le «désintérêt pour l’abandon de milliers et milliers de malades qui auraient besoin d’une attention, de soins». Et d’interroger: «Pourquoi ne pensons-nous pas à une loi pour lutter contre l’abandon thérapeutique, et sommes-nous tous fixés sur la résolution de quelques cas vis-à-vis desquels nous ne savons que faire?».
«Face à un thème si crucial, malheureusement, il y a une assez grande ignorance, avec le risque d’une idéologisation de questions très délicates», a encore regretté Mgr Paglia. Il a mis en garde contre le «risque de confier à une loi la solution à des problèmes humains énormes, très graves». Pour l’archevêque, le malade a besoin «non pas de discussions idéologiques mais d’un soin et d’un accompagnement qui lui rendent ce moment si difficile le plus humain possible». Et de glisser: «S’il n’y a pas l’amour, la loi est très dangereuse.»
Bientôt un document sur la fin de vie
Le président a également indiqué que l’Académie pour la vie préparait un document sur le thème de la fin de vie, qui devrait être publié dans quelques semaines. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’un lexique en italien, qui devrait être traduit dans d’autres langues et «adapté aux diverses conditions» locales.
Le pape François s’est toujours montré intransigeant sur le sujet de la fin de vie, dénonçant régulièrement l’abandon des séniors dans les maisons de retraite. En avril 2023, il s’était élevé contre «une euthanasie cachée et progressive» qui consiste à priver une personne âgée des traitements dont elle a besoin afin «d’économiser». «Aujourd’hui, on ›cancel’ la vie des grands-parents» parce qu’on considère qu’ils «sont vieux, qu’ils ne servent pas», a-t-il déploré encore en rentrant de son voyage à Marseille, en septembre dernier.
«On ne peut demander aux soignants de tuer leurs patients», a averti le pontife devant une quarantaine d’élus venus de l’Hexagone, le 21 octobre 2022. Trois jours plus tard, le 24 octobre, il a également abordé cette thématique lors de son audience avec le président français Emmanuel Macron. (cath.ch/imedia/ak/rz)