Ghana: les évêques saluent une nouvelle loi contre l’homosexualité
Les évêques catholiques du Ghana ont salué l’adoption, le 28 février 2024, d’une nouvelle loi contre l’homosexualité. Les prélats ont exhorté les députés «à rester vigilants» jusqu’à la promulgation de la législation par le président Nana Akufo-Addo.
Intitulé «projet de loi de 2024 relatif aux droits sexuels appropriés et aux valeurs familiales», le texte a été voté au terme d’une procédure de plusieurs années. Il vise notamment «à protéger les valeurs familiales au Ghana». Il avait été déposé à l’assemblée nationale en 2021 par des députés de l’opposition, soutenus par des membres de la majorité présidentielle.
Le texte interdit les activités LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) et criminalise leur promotion dans le pays. Il prévoit aussi des peines d’emprisonnement de six mois à cinq ans pour les personnes ayant incité à des pratiques homosexuelles. La législation s’applique à toute personne qui soutiendrait ou défendrait l’homosexualité, y compris les défenseurs des droits humains, les professionnels de santé, les journalistes, les enseignants et les propriétaires de lieux d’hébergements.
Refus des aides étrangères?
Après le vote favorable du Parlement, le ministère des Finances a appelé le chef de l’Etat à ne pas la promulguer la loi, car son entrée en vigueur ferait perdre au trésor public 3,8 milliards de dollars que la Banque mondiale a prévu d’accorder au Ghana pendant les cinq à six années à venir.
Une perspective mise en doute par les évêques catholiques du pays. «Les aides étrangères ne puniraient pas le Ghana pour avoir adopté le projet de loi, car certains pays africains dotés de lois similaires plus sévères bénéficient toujours de l’aide internationale», a écrit la Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC) dans une lettre de félicitations au président du Parlement, le 29 février. «Nous vous exhortons à ne pas vous reposer, à ne pas baisser la garde et à rester mobilisé jusqu’à ce que le projet de loi soit enfin promulgué», note également le texte écrit par Mg Matthew Kofi Gyamfi, président de la GCBC.
Protestations internationales
Le Ghana rejoint ainsi la liste des pays africains (Nigeria, Mauritanie, Sénégal, Soudan, Tanzanie et Ouganda) ayant des «lois strictes» contre l’homosexualité. L’Afrique du Sud a, elle, légalisé en 2006 les relations entre personnes de même sexe, devenant le premier pays d’Afrique à faire ce pas. En Namibie, la Cour suprême a statué en mai 2023 sur la reconnaissance des mariages homosexuels contractés à l’étrangers.
Plusieurs organisations pour les droits humains ont protesté contre la nouvelle loi ghanéenne. Pour Amnesty international, la nouvelle loi homophobe «draconienne» est «choquante et très décevante, car elle intervient peu après l’élection du Ghana au Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies». Human Rights Watch a demandé au président Akufo-Addo d’opposer son veto au projet de loi qui enfreint la liberté d’expression, en vertu de droits humains internationaux que les pays sont tenus de respecter, indépendamment du sexe ou de l’orientation sexuelle des personnes. La loi a également été critiquée par le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale du Ghana.
A noter qu’en février 2023, de son retour du Soudan du Sud, le pape François a fermement condamné la criminalisation de l’homosexualité. (cath.ch/ibc/arch/ag/rz)