Le pape n’est pas un monarque absolu, dit Mgr Ratzinger
Rome: La primauté du successeur de Pierre, garantie contre l’arbitraire et le conformisme
Rome, 30 octobre 1998 (APIC) La primauté du pape diffère dans son essence et dans son exercice des charges de gouvernement en vigueur dans les sociétés humaines, rappelle le cardinal Ratzinger, dans une déclaration publiée vendredi à Rome. «Ce n’est pas une charge de coordination ou de présidence, elle ne se réduit pas non plus à une primauté d’honneur, et elle ne peut être conçue comme une monarchie de type politique «.
Rédigé en italien, le document présente la primauté du pape successeur de Pierre comme le garant contre l’arbitraire et le conformisme dans l’Eglise, et de la » fidélité à la Parole de Dieu» jusqu’au martyre. Le texte de 9 pages intitulé «La primauté du successeur de Pierre dans le mystère de l’Eglise» est signée par le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et par Mgr Tarcisio Bertone, secrétaire de ce dicastère.
Le cardinal précise d’emblée que ce thème a été abordé lors d’un symposium théologique tenu au Vatican du 2 au 4 décembre 1996, dont les actes viennent d’être publiés par la Librairie éditrice vaticane. Ces considérations en marge du symposium veulent rappeler les points essentiels de la doctrine catholique sur la primauté, écrit-il.
Ce thème revêt actuellement une grande importance dans l’Eglise, en particulier du point de vue oecuménique. Le pape le soulignait lui-même en mai 1995 dans son encyclique «Ut Unum Sint» (Qu’ils soient un) – citée en introduction par le cardinal Ratzinger -, où il invitait les experts à «trouver une forme d’exercice de la primauté» qui, tout en préservant «l’essentiel de sa mission», «s’ouvre sur une situation nouvelle» (n. 95).
Le document se présente en deux parties. La première intitulée «Origine, finalité et nature de la Primauté rappelle la doctrine catholique, la seconde touche «L’exercice de la primauté et ses modalités». C’est à partir de l’Evangile et non des catégories des pouvoirs humains, écrit le cardinal, qu’il convient de comprendre le ministère pétrinien (de Pierre). Car «La primauté diffère dans son essence et dans son exercice des charges de gouvernement en vigueur dans les sociétés humaines : ce n’est pas une charge de coordination ou de présidence, elle ne se réduit pas non plus à une primauté d’honneur, et elle ne peut être conçue comme une monarchie de type politique «.
Le dernier mot
«Le successeur de Pierre, écrit Mgr Ratzinger, est la roche qui, contre l’arbitraire et le conformisme est le garant d’une fidélité rigoureuse à la Parole de Dieu : il s’ensuit aussi un caractère martyrologique de la primauté «.
Pour le cardinal, il faut tenir ensemble deux éléments pour traiter de cette question: le discernement qui s’exerce «en Eglise» et le fait que c’est au pape, par son autorité, qu’appartient le dernier mot sur ce sujet. En d’autre termes «seul le pape (ou le pape avec le Concile oecuménique) a, en tant que Successeur de Pierre, l’autorité et la compétence pour dire le dernier mot sur les modalités d’exercice de son propre ministère pastoral dans l’Église universelle «.
Il ne s’agit pas pour autant d’un «pouvoir absolu», souligne le cardinal Ratzinger, puisque » écouter la voix des Eglises est, de fait, le signe du Ministère de l’unité, et aussi une conséquence de l’unité du Corps épiscopal et du ’’sensus fidei’’ du Peuple de Dieu tout entier». A ses yeux, la collégialité épiscopale ne s’oppose pas à l’exercice personnel de la Primauté , ni ne le relativise.
Dans la première partie du document, le cardinal avait rappelé les éléments classiques constitutifs de la doctrine catholique concernant le ministère de Pierre : son origine dans la volonté du Christ, la tradition vivante dès les débuts de l’Eglise et l’âge apostolique, le lien entre l’Autorité du successeur de Pierre et celle de l’évêque de Rome, c’est-à-dire avec le siège du martyre de l’Apôtre Pierre. (apic/cip/imed/mp)