L’Eglise veut demander pardon pour les bûchers

Rome: Symposium sur l’Inquisition au Vatican du 29 au 31 octobre

Rome 8 septembre 1998 (APIC) Un symposium international sur l’Inquisition aura lieu au Vatican du 29 au 31 octobre prochain, dans le cadre de la préparation au Jubilé de l’an 2000. Des experts venus du monde entier plancheront sur les données historiques et théologiques des différents tribunaux d’inquisition. Cette initiative vise à répondre à la volonté du pape Jean-Paul II, exprimée dans «Tertio Millennio Adveniente», que l’Eglise examine son histoire, avant l’entrée dans le nouveau millénaire.

Cette année marque un double l’anniversaire: celui de la mort sur le bûcher du dominicain de Bologne Jérôme Savonarole (1452-1498) – dont la doctrine a été récemment reconnue orthodoxe et dont certains demandent la béatification; et celui de la disparition d’un autre dominicain, un espagnol, le grand Inquisiteur Thomas de Torquemada, prieur du couvent de Santa-Cruz de Ségovie, et confesseur des Rois catholiques.

En 1483, Thomas de Torquemada reçut du pape Sixte IV la mission de réorganiser les tribunaux de l’Inquisition en Espagne. Torquemada s’attacha en particulier à vérifier le sérieux des convictions des «convertis» du judaïsme ou à faire procéder à leur exil. Une fois l’ordonnance d’expulsion des juifs obtenue en 1492, il orienta son action vers les «moriscos» (»morisques») convertis de l’Islam. Car cette époque est également celle des derniers soubresauts de la lutte contre l’émirat musulman de Grenade.

La plupart des historiens conviennent cependant aujourd’hui que Torquemada n’était pas le tortionnaire que l’on a décrit. S’il imposa une répression sévère, il se soumettait lui-même à une discipline de fer et se montrait incorruptible. Ses nombreuses lettres recommandent régulièrement aux Inquisiteurs la modération, la piété et la charité, affirme «L’Avvenire», le quotidien de la Conférence épiscopale italienne.

Selon un bilan publié par la même source, sur 100’000 prévenus, en 15 ans de procès (6’600 par an environ, une vingtaine par jour), les condamnations furent seulement au nombre de 2000.

Autre dominicain célèbre condamné à mort Giordano Bruno (1548-1600) fut le dernier condamné brûlé à Rome, au Campo dei Fiori. L’an dernier le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a déclaré que la doctrine de Bruno ne pouvait être réhabilitée, mais il ajoutait que l’Eglise devait demander pardon «pour les bûchers».

L’Inquisition a été créée en 1184 par le pape Lucius III. En accord avec l’empereur Frédéric Barberousse, il introduisait, le principe du châtiment corporel pour les hérétiques considérés comme coupables de haute-trahison. Cette mesure ne manquera pas d’être utilisée par le bras séculier pour sévir contre les adversaires de l’autorité religieuse et civile, comme ce fut le cas pour Savonarole, à Florence.

Les peines prononcées allaient de la flagellation au pèlerinage obligatoire, voire la destruction de la maison, ou la prison. L’exécution sur le bûcher était réservée aux «relaps» qui retombaient dans l’hérésie après l’avoir abjurée, telle Jeanne d’Arc, «hérétique» et «relaps».

Pour les juges, ecclésiastiques, il ne s’agissait pas seulement de théologie et de foi, mais ils considéraient de leur devoir de protéger la cohésion de la société contre les hérétiques notamment les Cathares en France et ailleurs.

De fait les pratiques de l’Inquisition furent très différentes selon les lieux et les époques. Les experts devront donc se pencher sur des dossiers d’une grande complexité historique. (apic/imed/mp)

20 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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