Le pape François rencontrant les artistes dans la chapelle Sainte Madeleine de la Giudecca  | ©  Vatican Media
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Le pape aux artistes de la Biennale de Venise: rôle éducateur de l'art

Le pape François a rappelé aux artistes de la Biennale de Venise le rôle éducateur de l’art. Imaginez des lieux «où aucun être humain n’est considéré comme un étranger», a déclaré le pape argentin aux artistes du Pavillon du Saint Siège, lors d’un discours prononcé dans la chapelle du centre pénitentiaire pour femmes de la Giudecca le 28 avril 2024. Il a aussi mis en garde contre le marché de l’art qui «canonise» mais «vampirise la créativité» et encouragé les femmes artistes.

Dans la chapelle baroque du XVIe siècle de la prison, au plafond de laquelle pendait une création de tissus colorés de l’artiste Sonia Gomes, le pape a été accueilli par le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la Culture et l’éducation. Le cardinal portugais, commissaire de l’exposition et grand artisan de la venue du pontife à Venise, a rappelé dans un bref discours que François était le premier pape à visiter la Biennale de Venise, événement mondialement célèbre dans le domaine de l’art contemporain.

«Le monde a besoin des artistes»

«Le monde a besoin des artistes», a affirmé le pontife devant huit des neufs artistes exposants, ainsi que de nombreux représentants politiques. Il a confié ne pas se sentir étranger auprès des artistes, expliquant que l’art a cette capacité à devenir une «ville refuge» pour tous les humains.

L’art devient alors une «ville qui désobéit au régime de la violence et de la discrimination pour créer des formes d’appartenance humaine capables de reconnaître, d’inclure, de protéger, d’embrasser tout le monde», a-t-il insisté.

«Archipels collaboratifs» versus «îles solitaires»

Le pontife argentin a encouragé les artistes à agir en réseau pour promouvoir les droits de l’homme et combattre «le racisme, la xénophobie, l’inégalité, le déséquilibre écologique et l’aporophobie, ce terrible néologisme qui signifie ’phobie des pauvres’».

Prenant en modèle Venise, il a encouragé à imaginer des villes «où aucun être humain n’est considéré comme un étranger», privilégiant les «archipels collaboratifs» aux «îles solitaires».

Mise en garde contre «l’art du marché»

François a rendu hommage à l’exposition du Pavillon du Saint-Siège, le premier de l’histoire, dont le nom est «Avec mes yeux». L’art, a-t-il insisté, peut éduquer le regard contemplatif pour ne plus être indifférent au monde et aux personnes.

Mais, a-t-il mis en garde, l’art contemporain doit aussi apprendre à «se distinguer clairement de l’art du marché». Ce dernier «canonise» les artistes, mais aussi trop souvent «vampirise la création», «vole l’innocence» ou «instruit froidement sur ce qu’il faut faire».

Hommage appuyé aux femmes artistes

Le pape a enfin rendu un hommage appuyé aux femmes artistes, donnant en exemple l’artiste peintre mexicaine Frida Khalo (Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón, ndlr), la religieuse américaine Corita Kent (connue sous le nom de sœur Mary Corita Kent, ndlr), grande figure du Pop Art exposée dans le Pavillon du Vatican, ou encore la plasticienne Française Louise Bourgeois. «Il y a une joie et une souffrance qui s’unissent au féminin sous une forme unique et que nous devons écouter, car elles ont quelque chose d’important à nous apprendre», a-t-il insisté.

Le pontife a ensuite salué les artistes et représentants culturels et politiques italiens présents, avant de quitter les lieux pour embarquer dans une vedette rapide afin de rejoindre quelque 1’500 enfants qui l’attendaient sur le parvis de la basilique della Salute, au bord du Grand Canal. (cath.ch/imedia/cd/be)

Le pape François rencontrant les artistes dans la chapelle Sainte Madeleine de la Giudecca | © Vatican Media
28 avril 2024 | 11:02
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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