Pour le Saint-Siège, la trêve olympique est une «absolue nécessité»
La trêve olympique est une des «plus belles expressions» de l’esprit olympique, a affirmé le cardinal Tolentino de Mendonça, le 6 mai 2024. Le préfet du dicastère pour la Culture et l’éducation s’exprimait lors d’une rencontre de presse organisée au Vatican, dans la perspective d’une conférence sur le sport et la foi.
«L’olympisme est avant tout un message de paix», a assuré l’ambassadrice de France près le Saint-Siège, Florence Mangin, venue présenter la conférence internationale sur le rapport entre foi et sport co-organisée à Rome du 16 au 18 mai prochains par la France et le Vatican.
Alors que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris se dérouleront respectivement du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre, les organisateurs de la conférence «Mettre sa vie en jeu», à Rome ,ont souligné l’importance de ces jeux dans un contexte marqué par d’importants conflits. Tout en reconnaissant la nature symbolique de la trêve olympique, l’ambassadrice française a insisté sur le fait que cette tradition restait un «signe d’espérance» pour le monde actuel.
Le sport contre la guerre
Un point de vue défendu aussi par le cardinal Tolentino de Mendonça, qui a insisté sur «l’absolue nécessité» de la paix olympique dans le contexte actuel. «La trêve olympique a dans le monde l’impact d’un espoir, d’une semence, d’un exemple, disant à tous: il est possible de faire un pas en direction de la paix, de l’harmonie et du respect entre les cultures malgré la diversité», a-t-il affirmé.
Lors d’une rencontre avec les membres de l’équipe de sport du Vatican – l’Athletica Vaticana – le 13 janvier dernier, le pape François avait lui aussi évoqué la trêve olympique, antique tradition remise au goût du jour par les Jeux olympiques modernes. «En repensant à la valeur de la ‘trêve olympique’, mon espérance est que, dans le moment historique particulièrement sombre que nous vivons, le sport puisse construire des ponts, abattre des barrières, favoriser des relations de paix», a-t-il plaidé.
L’Église ne cherche pas à «contrôler le sport»
Lors de la conférence, le cardinal portugais s’est réjoui de la coopération de son dicastère et de l’ambassade de France. Il a souligné les «nombreux liens» qui unissent la spiritualité et le sport. Il a notamment rappelé que le pape François avait encouragé à se confronter à Dieu «comme un entraîneur» dans un entretien accordé en 2021 à la Gazzetta dello Sport, un des plus grands quotidiens sportifs italiens.
Le cardinal Tolentino a aussi évoqué l’héritage du prêtre dominicain Henri Didon qui, en 1924, inspira à Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques, la devise latine de ces derniers: Citius, altius, fortius – soit «Plus rapide, plus haut, plus fort». Le rapport entre l’Église et le sport «ne sont pas récents, mais antiques», a abondé le professeur Emanuele Isidori, enseignant de l’université de Roma 4 et spécialiste de la pédagogie du sport, en rappelant l’importance du contrôle du corps dans l’ascétisme chrétien.
Le cardinal Tolentino, en charge des questions sportives au sein de la Curie romaine, a affirmé que l’organisation de cette conférence permettait de se demander «ce que le sport a à dire à l’Église», mais aussi «ce que l’Église a à dire au sport». Il a insisté sur le fait que le but de l’Église catholique n’était pas de «contrôler le sport» ou de «créer un sport alternatif» mais plutôt de «l’humaniser» en proposant une «vision humaniste et intégrale» du sport.
Le Vatican ne participe pas aux Jeux olympiques
Le Vatican n’étant pas membre du Comité international olympique, aucun athlète portant la bannière jaune et blanche du petit pays ne participera aux Jeux à Paris. Le cardinal Tolentino a affirmé que l’adhésion du Vatican au CIO n’était pas une priorité. Il a cependant estimé que le Saint-Siège se sentait «très représenté» par tous les athlètes «et en particulier par les athlètes chrétiens» qui participeront aux Jeux.
Florence Mangin a souligné le rôle qu’occuperont les religions dans les Jeux olympiques de Paris. Elle a rappelé que, de la même manière que les Jeux de Paris de 1924 s’étaient ouverts par une messe olympique célébrée dans la cathédrale Notre-Dame, une messe d’ouverture de la Trêve olympique sera célébrée le 19 juillet prochain dans «l’église des Jeux», qui sera la Madeleine à Paris. Puis un événement interreligieux se déroulera sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame le 4 août.
Le programme de la conférence
À Rome, la conférence sur le sport et la foi se tiendra au centre Saint-Louis. Elle se divise en trois journées: la première est consacrée à un séminaire sur le rôle de l’Église dans le sport, la seconde sur les évolutions du sport – technicisation, recherche de performance – face à la condition humaine et la troisième à un «relais de la solidarité» co-organisé avec Sport sans Frontière qui se déroulera sur le Circus Maximus, avec la participation de l’équipe du Vatican, l’Athletica Vaticana. (cath.ch/imedia/cd/rz)





