Le nouvel ambassadeur d’Arménie présente ses lettres de créances
Le nouvel ambassadeur d’Arménie près le Saint-Siège, Boris Sahakyan, a été reçu par le pape François le 17 mai 2024 au Palais apostolique du Vatican. Le diplomate de 52 ans prend son premier poste d’ambassadeur dans un contexte difficile pour son pays, traversé par de nombreuses tensions depuis la reprise par l’Azerbaïdjan voisin de la province du Haut-Karabakh en 2023, qui a provoqué l’exode de près de 100.000 Arméniens.
Né en décembre 1971 à Erevan, quand l’Arménie faisait encore partie de l’URSS, Boris Sahakyan a reçu une formation d’ingénieur dans l’institut polytechnique d’Arménie avant de se reconvertir dans la diplomatie, en se spécialisant sur les questions liées au désarmement. Il a notamment suivi en ce sens des formations aux Pays-Bas et en Allemagne.
Il a occupé plusieurs fonctions liées à ce dossier au sein du ministère des Affaires étrangères en Arménie. Il n’avait jamais été ambassadeur de plein titre mais a déjà tenu trois missions à l’étranger. Il fut second secrétaire de l’ambassade d’Arménie en Autriche et de la mission permanente auprès des organisations internationales à Vienne de 2003 à 2006, premier secrétaire puis conseiller de l’ambassade en Italie de 2011 à 2014, et enfin envoyé spécial et ministre plénipotentiaire de l’ambassade près la Fédération de Russie de 2017 à 2021. Depuis 2021, il était secrétaire général du ministre des Affaires étrangères.
L’Arménie, un pays menacé par l’Azerbaïdjan
L’Arménie, qui fut visitée par le pape François en juin 2016, est un pays fragile de trois millions d’habitants, dont le territoire est menacé par les convoitises de l’Azerbaïdjan, un pays plus peuplé et plus riche en raison de ses ressources gazières et pétrolières. La reprise par le régime de Bakou de la province du Haut-Karabakh après deux guerres successives, en 2020 et 2023, a provoqué l’exode de la quasi-totalité de sa population arménienne de la région, soit près de 100’000 personnes, dont la plupart ont trouvé refuge en République d’Arménie.
En Arménie, le gouvernement réformateur de Nikol Pashinyan fait face à de nombreuses manifestations de l’opposition, qui lui reproche de brader certains territoires historiquement arméniens afin de trouver un terrain d’entente avec le régime de Bakou.
La discrétion du pape et de la diplomatie pontificale sur ce dossier sensible, mis à part quelques appels humanitaires, a suscité des interrogations sur l’attitude du Saint-Siège vis-à-vis de l’Azerbaïdjan. Ce pays, qui a financé des opérations de mécénat culturel à Rome, dispose, depuis janvier 2023, d’un ambassadeur résidant près le Saint-Siège. Certains observateurs considèrent cette ambassade comme une occasion de lobbying et d’entrisme, afin de dissuader le Vatican d’intercéder en faveur des Arméniens.
L’Église catholique ne représente qu’une infime minorité de la population arménienne, dont la grande majorité est affiliée à l’Église apostolique arménienne. Le Royaume d’Arménie fut historiquement la première nation chrétienne du monde, avec la conversion du roi Tiridate IV en l’an 301, sous l’impulsion de saint Grégoire l’Illuminateur. (cath.ch/imedia/cv/mp)





