Le pape a reçu les participants à une rencontre sur la dette des pays du Sud | © Vatican media
Vatican

Les dettes des pays les plus pauvres devraient être annulées

Le pape souhaite une «nouvelle architecture financière internationale» pour se libérer des «nœuds» de la dette. «Aucun gouvernement ne peut moralement exiger de son peuple des privations incompatibles avec la dignité humaine», a-t-il affirmé le 5 juin 2024, en recevant les participants à une rencontre sur la dette des pays défavorisés.

Une soixantaine d’experts et de représentants politiques ont participé au Vatican à une rencontre sur le thème «Crise de la dette dans le Sud global» (Debt Crisis in the Global South), promue par l’Académie pontificale des sciences. Parmi eux, Emmanuel Moulin, le directeur de cabinet du Premier ministre français Gabriel Attal, divers ministres des finances ou encore des délégués de l’ONU.

En les recevant, le pape s’est inquiété de la «misère» et de la «détresse» subies par des millions de personnes privées «de la possibilité d’un avenir décent» à cause de la dette paralysant les pays les plus pauvres. Pointant du doigt «une mondialisation mal maîtrisée», il a demandé que les financements prévoient «une responsabilité partagée entre le bénéficiaire et le donateur». 

Pour tenter de rompre le cercle vicieux de la dette, François a recommandé «un mécanisme multinational, basé sur la solidarité […] entre les peuples, qui prenne en compte la globalité du problème et ses implications économiques, financières et sociales». «Aucun gouvernement ne peut moralement exiger de son peuple des privations incompatibles avec la dignité humaine», a-t-il glissé, sans pour autant mentionner de pays en particulier.

Le chef de l’Église catholique a appelé de ses vœux «une nouvelle architecture financière internationale qui soit audacieuse et créative». Et de prévenir: avec la logique du «chacun pour soi, […] les plus faibles sont toujours perdants».

L’annulation de la dette en 2025

À l’occasion du Jubilé, événement de dévotion que les catholiques s’apprêtent à vivre en 2025, le pape François a souhaité à nouveau l’annulation de la dette des pays pauvres, comme l’avait fait son prédécesseur Jean-Paul II lors du Jubilé de l’an 2000. Le pontife argentin a exhorté à «dénouer les nœuds de ces liens qui étranglent le présent, sans oublier que nous ne sommes que des gardiens et des intendants, et non des maîtres».

Lors de l’audience, François a également souligné que la dette écologique et la dette extérieure étaient «les deux faces d’une même pièce qui hypothèque l’avenir». Pour l’évêque de Rome, celui qui reste indifférent devant ceux qui autour de lui «ont faim et sont plongés dans l’exclusion sociale et la vulnérabilité», commet «un péché humain». «Même si l’on n’a pas la foi, c’est un péché social», insiste-t-il.

Dans sa ›bulle d’indiction’ du Jubilé – document annonçant l’année sainte 2025 – le pontife argentin a déjà lancé une «invitation pressante» aux pays riches, leur demandant de reconnaître «la gravité de nombreuses décisions prises» et de «remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser». (cath.ch/imedia/ak/lb)

Le pape a reçu les participants à une rencontre sur la dette des pays du Sud | © Vatican media
5 juin 2024 | 15:37
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!