Message pour la Journée des pauvres: l'humilité comme école de prière

«C’est […] de la pauvreté que peut jaillir le chant d’espérance le plus authentique», déclare le pape François dans son message pour la VIIIe Journée mondiale des pauvres, qui se tiendra le 17 novembre 2024. Le texte, très spirituel, présenté ce 13 juin, est consacré à la «prière du pauvre».

La Journée mondiale des pauvres a été lancée par le pontife argentin après le Jubilé des sans abri organisé par l’association Fratello, au cours de l’Année de la miséricorde (2016). Dans sa lettre de conclusion de l’année sainte, Misericordia et misera, publiée le 21 novembre 2016, le pontife avait institué une journée dédiée uniquement aux pauvres, fixée au 33e dimanche du temps ordinaire.

Ayant décrété que l’année 2024 – en amont du Jubilé de 2025 – devait être consacrée à la prière, il encourage les chrétiens à «faire leur la prière des pauvres» et à «prier avec eux». Cette prière du pauvre, explique-t-il, est enseignée par ceux qui expriment le plus un besoin de Dieu face aux difficultés qu’ils rencontrent dans la vie.

Mais, insiste le pape, elle concerne cependant tout le monde, riches comme pauvres, car aux yeux de Dieu qui leur donne la vie, tous sont «tous pauvres et nécessiteux (…) Nous sommes tous des mendiants, car sans Dieu, nous ne sommes rien», ajoute-t-il.

«L’humilité engendre la confiance que Dieu ne nous abandonnera jamais»

«Dans une culture qui met la richesse au premier plan et qui sacrifie souvent la dignité des personnes sur l’autel des biens matériels», les pauvres «rament à contre-courant en indiquant que ce qui est essentiel à la vie est tout autre chose.» Le pape met en garde contre la «triste illusion» de la «mondanité» qui fait croire à certains qu’ils peuvent se rendre «maîtres de la vie» en se faisant «un nom aux dépens de tout et de tous». «Le bonheur ne s’acquiert pas en piétinant le droit et la dignité des autres», insiste-t-il.

Au contraire, le pontife met en avant «l’humilité», véritable caractéristique du pauvre et de sa prière. Parce que n’ayant «rien sur quoi s’appuyer», il « reçoit la force de Dieu et met sa confiance en lui». «L’humilité engendre la confiance que Dieu ne nous abandonnera jamais», insiste le pontife. Il invite chacun à se laisser enseigner cette vertu par les plus démunis.

Rompre le silence

Aux pauvres, le pape assure avec force: «Dieu est attentif à chacun d’entre vous et il est proche de vous». S’il reconnaît que parfois la prière peut sembler «sans réponse», il assure que le «silence de Dieu n’est pas une distraction de notre souffrance», notamment celle générée par les conflits. Mais ce silence contient «une parole qui demande à être accueillie avec confiance».

Et ce silence, insiste le pontife, est «rompu à chaque fois qu’un frère dans le besoin est accueilli et embrassé (…) Si la prière ne se traduit pas par une action concrète, elle est vaine», souligne-t-il, reconnaissant en contrepoint qu’une action sans prière «risque de devenir une philanthropie qui s’essouffle rapidement».

Sous la protection de Mère Teresa

Le pape François se réjouit que la Journée mondiale des pauvres soit devenue «un rendez-vous pour chaque communauté ecclésiale», huit ans après sa première édition. Il remercie aussi les «nombreux bénévoles» qui s’engagent pour cet événement et, plus largement, «qui se consacrent avec passion aux plus démunis».

En conclusion de son texte, le pontife place la prochaine Journée mondiale sous la protection de deux grands saints: tout d’abord Mère Teresa, qui «puisait la force et la foi» nécessaires pour venir en aide aux pauvres de Calcutta dans la prière; puis saint Benoît Joseph Labre, le «vagabond de Dieu» qui, au XVIIIe siècle, fit de «son existence une prière incessante». Et il invoque le soutien de la «Vierge des Pauvres», une apparition mariale survenue au XXe siècle dans la ville de Banneux, à proximité de Liège (Belgique). (cath.ch/imedia/cd/rz)