(Photo: Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0)
Homélie

Homélie du 23 juin 2024 (Mc 4, 35-41)

Chanoine Jean-Marie Nusbaume – Chapelle du Carmel de Develier/JU

Qui est-il donc celui-ci pour que même le vent et la tempête lui obéissent ? La question des disciples d’hier n’est-elle pas la question des disciples d’aujourd’hui, notre question ? Oui, qui est-il donc celui qui s’étonne du peu de foi de ses disciples ?
Qui est-il donc celui qui dort sereinement sur le coussin dans la barque alors que la tempête fait rage et que ses disciples l’interpellent :
« Maître, nous sommes perdus, cela ne te fait rien. » ?
Qui est-il donc celui qui a été embarqué par ses disciples en réponse à sa demande : « Passons sur l’autre rive » ? Tout au long de son Evangile, Marc invite ses lecteurs à s’interroger et à découvrir progressivement l’identité de cet homme qui se révèlera pleinement à Pâques.

D’une certaine manière, la réponse est dans la question.
Cet homme est celui qui impose le silence à la mer et au vent : « Tais-toi. » Or, Dieu seul est le maître des éléments. C’est ce qu’il fait comprendre à Job au milieu de la tempête : « Qui donc a retenu la mer avec des portes, quand elle jaillit du sein primordial ? …
quand je lui imposai la limite et disposai verrou et portes ? ». (Jb 38, 1. 8-11)

Jésus est le visage de Dieu qui nous sauve

Qui est-il donc cet homme ? Son nom révèle son identité : Jésus. C’est-à-dire Dieu sauve. Jésus est le visage de Dieu, qui nous sauve, Dieu pour l’homme, Dieu qui combat le mal pour sauver son peuple, pour sauver l’humanité. En Jésus, c’est Dieu qui nous appelle avec lui à « passer sur l’autre rive ».

Cela signifie quitter ce que l’on connaît, ce que l’on maîtrise pour aller vers quelque chose de nouveau, vers l’inconnu. Et pour cela, il faut traverser la mer. Il faut prendre le risque d’affronter les possibles tempêtes et les vents menaçants qui peuvent nous faire sombrer. Mais surtout, il s’agit d’emmener avec nous Jésus dans la barque de nos vies, de la vie de l’Eglise, de nos communautés.

Avez-vous remarquer dans l’Evangile que d’autres barques accompagnent la barque des disciples ?
C’est sans doute une manière pour l’Evangéliste de montrer que l’humanité tout entière est appelée à passer sur l’autre rive à la suite du Christ et des disciples. Quand nous sommes confrontés aux multiples tempêtes et coups de vents qui nous font peur, nous déstabilise, Jésus est là. Silencieux parfois. Comme les disciples, nous pouvons l’appeler à l’aide, conscients que tout seuls, nous ne pouvons pas nous en sortir. Nous sommes réduits à l’impuissance.

Laisser Jésus intervenir, ramener le calme, la paix

L’appeler, c’est laisser à Jésus la place pour qu’il intervienne, pour qu’il se lève afin de ramener le calme, la paix. L’appeler, c’est mettre en lui notre confiance, même notre peu de confiance, dans l’espérance qu’il agira d’une manière ou d’une autre comme il a agi jadis. C’est ce que nous avons chanté avec le psaume 106 :
« Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,
et lui les a tirés de la détresse ».

Ce dimanche 23 juin, le Jura est en fête. Il se souvient du plébiscite de 1974, l’acte fondateur de la République et Canton du Jura. C’est une belle occasion de relire notre histoire. Pour nous rappeler d’où nous venons. Pour nous rappeler que rien ne se fait sans nous, sans l’engagement de femmes et d’hommes qui osent ouvrir des chemins d’avenir, qui luttent pour rendre possible ce qui semble impossible.

Relire notre histoire comme disciples du Christ

Il est bon de relire notre histoire aussi comme croyants, comme disciples du Christ. Pour voir comment Dieu y est présent à chaque instant, comment sans cesse, il vient nous libérer de tout ce qui nous blesse, de tout ce qui nous empêche d’être à l’image de son Fils, c’est-à-dire des femmes et des hommes debout, vivants. Dans l’hymne cantonal « La Rauracienne », les Jurassiennes et Jurassiens chantent : « notre passé nous montre le chemin ». Les croyants, à plus forte raison les disciples du Christ, reconnaissent Sa présence qui nous montre le chemin, qui nous conduit et nous accompagne, y compris quand nous empruntons des voies sans issue.

Il nous guide pour que nous retrouvions le bon chemin, celui de la vie. Non seulement, il nous montre le chemin, mais il est le chemin.
Et il nous invite à passer avec lui sur l’autre rive, la rive définitive, celle du Royaume à venir. C’est pourquoi, dans toutes nos traversées, nous sommes appelés à embarquer Jésus, le Dieu sauveur, à lui faire confiance. Lui-même a traversé. Il a affronté la tempête de la mort pour aborder sur le rivage de la résurrection et nous faire ainsi passé du « monde ancien qui s’en est allé au monde nouveau qui est déjà né » comme l’écrivait l’apôtre Paul au chrétiens de Corinthe (2 Co 5, 17). C’est là qu’Il nous conduit. Alors à la question : « mais qui est-il donc ? », nous pouvons répondre, dans la foi, avec tous ceux et celles qui ont déjà passer sur l’autre rive :
« Il est Celui qui vient pour libérer nos vies. »


12e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Job 38, 1.8-11 ; Psaume 106 ; 2 Corinthiens 5, 14-17 ; Marc 4, 35-41

23 juin 2024 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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