Célébration interreligieuse sans précédent à Genève

Chrétiens, juifs, musulmans, hindouistes, syncrétistes communient ensemble contre le sida

Genève, 2 juillet 1998 (APIC) Près de 400 personnes ont assisté mercredi soir à une célébration sans précédent à la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Bouddhistes, chrétiens, hindouistes, juifs, musulmans et même syncrétistes afro-brésiliens ont osé réduire l’écart entre malades et bien portants, mais aussi entre hommes et femmes, jeunes et vieux, noirs, blancs, rouges et jaunes, gays et hétérosexuels, drogués, prostitués, bref: entre êtres humains.

«Réduire l’écart», tel est précisément le slogan du 12e Congrès mondial sur le sida qui se tient jusqu’à vendredi dans la ville du bout du Lac, et au programme duquel figurait cette cérémonie curieusement éclectique.

Mercredi 1er juillet à 20 h, accueillie sur la place Saint-Pierre au son de trois gongs, une foule bigarrée et relativement jeune se presse devant le parvis de la cathédrale. Là se tiennent réunis des représentants genevois des principales religions du monde. Parlant en leur nom, Dominique Roulin, la pasteure responsable du ministère Sida de l’Eglise nationale protestante de Genève, invite l’assemblée à effectuer un véritable «pèlerinage» à l’intérieur du lieu de culte. Un «chemin de découverte» qui s’avérera plutôt bruyant, puisque toutes les traditions spirituelles représentées se mettent à prier à leur manière en même temps aux quatre coins du monument historique.

Au souk des religions

D’entrée s’élève à gauche, comme une mélopée, le chant grave du rabbin Garaï, de la Communauté juive libérale. Mais à droite, de l’autre côté de l’allée centrale, la langue hébraïque est couverte par l’arabe. L’imam Yahia Basalamah récite d’une voix frêle le Coran, traduit au fur et à mesure par Hafid Ouardiri. «En annonçant la nouvelle il y a trois ans à mes parents, j’ai découvert trois choses: la beauté, la douceur et la sécurité d’une relation. De quoi conserver l’estime de soi et des raisons de vivre».

Une Congolaise de l’ancien Zaïre décrit le calvaire ordinaire d’une veuve noire. «C’est à l’enterrement de ma soeur, emportée par le sida, que j’ai appris que mon mari était contaminé. Quel choc! En Afrique, par manque d’information, cette maladie est tenue pour honteuse, taboue. Je n’ai jamais pu aborder la question avec lui. Et après son décès, c’était pire. Mes trois enfants m’ont été retirés, on m’a rejetée, montrée du doigt, abandonnée. Même les membres de ma famille avaient peur de m’approcher. Dieu m’a donné la force de me venger du sida: j’ai annoncé haut et fort ma séropositivité, je suis sortie de la «clandestinité», j’ai créé une association dont font partie plusieurs centaines de porteurs du virus!»

La célébration se termine très simplement. Tandis que la pasteure Roulin compare ces récits d’espérance à autant de couleurs qui illuminent l’avenir, de longs oriflammes multicolores se déroulent verticalement de part et d’autre de l¹autel, rappelant le logo du 12e Congrès mondial sur le sida: un arc-en-ciel. La cathédrale se vide alors progressivement, sur une ritournelle sud-africaine particulièrement énergique, que la foule reprend tant bien que mal. Sur la place, les premiers sortis forment déjà des petits groupes, dégustant un fruit offert par les organisateurs. (apic/spp/pr)

20 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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