Mobilisation des chefs religieux pour mettre fin à la crise militaire

Guinée-Bissau: Une église bombardée par des mutins

Bissau, 14 juin 1998 (APIC) Une église de la ville de Bissau, capitale de la Guinée-Bissau, a été bombardée vendredi par des soldats rebelles, faisant de nombreuses victimes parmi les populations civiles qui y avaient trouvé refuge pour fuir les combats entre les soldats mutins et les militaires restaient fidèles au régime en place. Les mutins avaient pris pour cible ce lieu de culte pour des raisons non précisées.

«Notre hôtel était pilonné par des bombes, nous nous sommes réfugiés dans une église qui, à son tour, était bombardée», a déclaré à la presse Cheikh Tidiane, un fonctionnaire international, arrivé à Dakar où il a été rapatrié avec plus de 3’000 autres ressortissants européens, asiatiques et africains.

La mutinerie militaire à Bissau a éclaté le 7 juin dernier à la suite du limogeage de l’ancien chef de l’armée nationale, le général Ansoumana Mané. Le président Joao Bernardo Vieira l’a accusé de négligence dans une affaire de trafic d’armes à destination des séparatistes sénégalais du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC). Ce mouvement lutte depuis décembre 1983 pour l’indépendance de la région de Casamance (sud du Sénégal), limitrophe de la Guinée-Bissao au nord.

Les chefs religieux musulmans et chrétiens ont tenté une médiation entre le gouvernement et les militaires rebelles afin de régler pacifiquement la crise. Les religieux ont demandé un arrêt des affrontements entre les soldats loyalistes et les mutins. Une première tentative de médiation des responsables chrétiens et musulmans, en début de semaine, a échoué du fait que le gouvernement ne pouvait pas garantir leur sécurité lors de leur déplacement.

Le président Joao Bernardo Vieira, surnommé «Nino», a approuvé l’initiative des chefs religieux. Ceux-ci ont demandé, dans un communiqué lu à une radio privée, «Bolong» (proche des mutins), l’ouverture de discussions dans un endroit neutre. Par exemple dans les locaux d’une ambassade européenne ou américaine. Il est prévu que les soldats mutins déposeront leur réponse à l’offre de médiation des chefs religieux à la radio Bolong. Les soldats rebelles sont dirigés par le commandant déchu de l’armée, le général Ansouma Mané, qui avait annoncé mardi dernier le renversement du régime démocratiquement élu du président Vieira. Le bilan des affrontements entre troupes fidèles et mutins n’a pas encore été révélé.

La Guinée Bissau est une ancienne colonie du Portugal en Afrique de l’Ouest. Indépendante en 1974, elle est dirigée par un gouvernement laïc du fait de la diversité confessionnelle du pays. Sa population est estimée à 1,5 million d’habitants dont 53% d’animistes, 38% de musulmans et 8% de chrétiens. (apic/ibc/ba)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!