La mère du caporal refuse la publication de sa dernière lettre
Rome: Meurtre du commandant de la Garde Suisse et de sa femme
Fribourg, 8 mai 1998 (APIC) La mère de Cédric Tornay ne veut pas que la lettre écrite par son fils avant le meurtre du Commandant Estermann et de sa femme soit communiquée à la presse et au public. Nous ferons tout notre possible pour faire respecter cette volonté, a souligné, vendredi à son retour de Rome, le Père Roland B. Trauffer. Le secrétaire de la Conférence des évêques suisses (CES) dit vouloir «stopper une fois pour toutes les spéculations» sur le drame du 4 mai au Vatican.
Le secrétaire de la CES a indiqué aux journalistes avoir assisté à la remise de la lettre de Cédric Tornay à sa mère dans le bureau du juge d’instruction chargé de l’affaire. «J’ai pris connaissance de son contenu, mais je ne peux évidemment pas en parler». Il se déclare certain que seuls la mère du caporal et le juge sont en possession de cette lettre. L’une ne veut pas la divulguer, l’autre est tenu par le secret de l’enquête. Toutes les autres sources, le Père Trauffer cite divers journaux italiens, «doivent être mises en doute». «A vue humaine il est impossible que les journaux sont ou aient été en possession de l’original ou d’une copie de cette lettre qui se trouve dans la poche de la mère du Garde».
Quant à la supposition d’un lien d’Alois Estermann avec la police secrète de l’ex-Allemagne de l’Est, la Stasi elle est tellement absurde qu’elle ne mérite même pas d’être commentée, estime le Père Trauffer. Même s’ils ne sont pas des enquêteurs, les membres de la Conférence des évêques suisses, ont été les témoins personnels depuis longtemps de l’activité du commandant Estermann au sein de la Garde Suisse. Pour eux une telle affirmation est ahurissante. Rien, strictement rien, ne permet d’offrir le moindre indice en faveur d’une telle affirmation. A un point tel qu’il faut se demander quelle intention se trouve derrière.
Le Père Trauffer s’élève aussi contre ceux qui affirment que le Vatican a tenté de cacher des choses dans cette affaire. L’enquête judiciaire n’est pas terminée, insiste-t-il et ses conclusions seront communiquées en temps voulu. Le fait que le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls, qui a une formation de médecin psychiatre, ait révélé l’existence de la fameuse lettre est en soi un signe de transparence.
Des réformes sont nécessaires à la Garde Suisse
Si l’existence de la Garde suisse n’est pas remise en cause par ce drame, le Père Trauffer admet cependant qu’une analyse de son fonctionnement est aujourd’hui nécessaire. «Il faut revoir le commando, le statut et les règlements de la Garde. Je suis persuadé que le colonel Estermann, avec sa grande expérience, aurait entamé rapidement ce travail.» Mais le fait que 40 recrues étaient sur le point de prêter serment montre que le Garde possède la force de renouveau nécessaire. La Conférence des évêques suisses est disposée aujourd’hui à contribuer à cette démarche. Une analyse sur ce qui doit être revu sera faite.
Pour l’instant une participation plus formelle de la Confédération dans l’organisation de la Garde n’a pas encore été discutée, mais l’émotion suscitée par ce drame en Suisse et ailleurs montre combien la Garde Suisse est aussi un ambassadeur du pays. La Garde pontificale témoigne chaque jour que la Suisse n’est pas seulement renfermée sur elle-même mais conserve des idéaux plus vastes. La CES a été très heureuse du soutien manifesté par le Conseil fédéral.
Alois Estermann enterré à Beromünster
Le Père Trauffer a enfin indiqué que l’enterrement du colonel Estermann aura lieu le 16 mai à Beromünster, le corps de sa femme Gladys sera rapatrié au Venezuela où vit encore sa mère, quant à Cédric Tornay il sera également enterré en Suisse à une date et dans un lieu qui restent à déterminer. (apic/mp)