Sénégal: Les évêques préoccupés par le sort de 90’000 filles «domestiques»

Un «travail» de tous les dangers pour les enfants

Dakar, 12 mai 1998 (APIC) Les quelques 90’000 filles et jeunes femmes employées de maison au Sénégal ont fait l’objet de la Lettre pastorale publiée significativement le 1er mai, Fête du travail, par les évêques du pays. But de ce document: attirer l’attention sur un problème important de la société. De nombreux enfants sont en effet exploités comme employés de maison, avec tous les risques qu’une telle situation comporte.

Le document, intitulé «Condition et rôle de la femme dans notre société – Les employées de maison», se résume en 4 chapitres: «Défendre et promouvoir la dignité de la femme», «Les employées de maison», «Efforts d’organisations des travailleuses domestiques, actions en leur faveur», «Appels et propositions». Les évêques n’ont pas voulu «élaboré un traité philosophique sur la femme» mais s’interroger sur sa situation dans la société, sur l’importance de son travail, et surtout, insister sur les conditions des plus faibles d’entre les femmes: les travailleuses domestiques, communément appelées «employées de maison» ou «bonnes».

Dans la société sénégalaise, remarquent les évêques, «on tend toujours à considérer la femme comme inférieure à l’homme… comme une main-d’œuvre bon marché, corvéable à merci». Le métier de «domestique» occupe plus de 88’000 filles et jeunes femmes alors que la fonction publique en emploie moins de 60’000 selon une enquête statistique nationale sur le travail des enfants.

Le niveau de formation des femmes employées de maison est au-dessous de la moyenne. Alors que la moyenne nationale sénégalaise de scolarisation des filles est estimée à 46%, seulement 28,6% d’entre elles, chez les moins de 15 ans, ont été scolarisées. Dans ce groupe, 3,6% ont fréquenté le premier cycle du secondaire.

Pour les évêques, il y a plus grave encore. Selon une enquête récente, les employées de maison arrivent de plus en plus jeunes en ville. A titre d’exemple, dans la tranche d’âge de moins de 15 ans, 86% ont entre 12 et 13 ans. Ce sont donc des enfants, avec tous les risques qu’une telle situation comporte. Les parents soucieux de subvenir aux besoins de leur famille les mettent ainsi au travail, contrevenant de la sorte aux dispositions existantes contre le travail des enfants. Les évêques sénégalais demandent par conséquent aux parents de ces fillettes d’attacher plus de prix à l’éducation de leurs enfants qu’au gain immédiat qu’elles peuvent leur offrir par un travail illégal.

Afin de faire respecter et promouvoir la dignité de la femme, les évêques proposent trois lignes d’action: la construction de structures d’accueil; la création dans les villages de micro-projets pour les jeunes filles, avec un volet de formation incluant alphabétisation, principes d’hygiène, économie familiale…; la création d’un cadre de dialogue entre employeurs, employées et gouvernement. (apic/fides/ab)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!