La prison pour les personnes coupables de prosélytisme
Israël: Les ultra-orthodoxes juifs font pression sur le gouvernement Netanyahou
Jérusalem, 26 mai 1998 (APIC) Le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, soucieux de donner des gages aux partis religieux ultra-orthodoxes qui servent d’appoint à sa fragile majorité à la Knesseth, vient d’approuver un nouveau projet de loi anti-missionnaire attentatoire à la liberté religieuse. Il prévoit la prison ou l’amende pour ceux qui tentent de convertir une personne à une autre religion par la prédication ou d’autres moyens.
Selon ce projet de loi, transmis à la Commission juridique de la Knesseth après avoir été adopté au parlement par 37 voix contre 28 et 3 abstentions, les personnes reconnues coupables de prosélytisme risquent une peine de prison de trois ans ou 20’000 francs d’amende.
«Inutile et choquant»
Interrogé mardi par le service de presse évangélique IDEA, David Bar-Ilan, porte-parole de Netanyahou, a déclaré que le gouvernement israélien considère ce projet de loi contesté comme «choquant et inutile». A son avis, une telle loi, proposée par le député Rafael Pinchasi, du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass, n’a aucune chance d’être mise en œuvre.
Valse-hésitation de Netanyahou
Meir Sheetrit, président de la fraction du Likoud à la Knesseth, affirme que son parti a voté pour le projet de loi anti-missionnaire afin de l’»enterrer» à la Commission juridique du parlement israélien. Netanyahou, actuellement en visite en Chine, s’est déclaré en faveur de la loi, alors qu’il s’y opposait précédemment. Les observateurs en Israël voient dans le changement d’attitude du Premier ministre israélien un nouveau gage donné aux fondamentalistes religieux juifs qui marchandent leur soutien au gouvernement.
Un Comité d’Action Messianique issu de milieux judéo-chrétiens, de communautés arabes et d’Eglises étrangères a appelé à protester au niveau mondial contre l’intention de la Knesseth de limiter la liberté religieuse en Israël. A Jérusalem, le pasteur Charles Kopp, président du Conseil chrétien uni en Israël, a critiqué le volte-face de Netanyahou, en totale contradiction avec son engagement précédent de combattre un tel projet de loi.
En mars dernier, une cinquantaine de groupes religieux évangéliques de la mouvance fondamentaliste avaient annoncé leur intention de cesser leurs activités en Israël. Dans la ligne de mire des députés juifs ultra-orthodoxes, ils voulaient ainsi prévenir leur intention de faire passer à tout prix à la Knesseth une loi draconienne contre le prosélytisme.
Les protagonistes de la criminalisation du prosélytisme religieux avaient cependant annoncé qu’ils maintiendraient leur projet. Ce premier projet prévoyait notamment des peines de prison jusqu’à un an pour les personnes introduisant ou diffusant du «matériel illégal avec un contenu prosélyte». Le nouveau projet adopté par la Knesseth et transmis à sa Commission juridique – présidée par le même député Pinchasi – va beaucoup plus loin. Une telle loi, combattue en principe tant par les travaillistes que par le Likoud au pouvoir, montre bien l’état d’esprit qui prévaut dans une partie non négligeable de la population et de l’establishment politique israélien. (apic/kna/be)