Une première européenne à l’intérieur d’un pénitencier
Création d’un Conseil pastoral à Bochuz: bilan 4 mois après
Orbe, 2 février 1998 (APIC) Au mois d’octobre dernier, dans la plaine de l’Orbe, un Conseil pastoral interne a vu le jour à Bochuz. Un premier constat est aujourd’hui tiré, 4 mois après sa création.
Cette instance a été créée afin de mieux saisir les besoins spirituels, religieux et humains, présents ou latents au sein du pénitencier. Il s’agit là d’une première européenne à l’intérieur d’un pénitencier. Ce Conseil oriente notamment les aumôniers, dans leur tâche pastorale auprès de tous, à l’intérieur de l’établissement. Il est une sorte de «laboratoire de recherche appliquée» à moyen et long terme.
Une charte tout à fait sérieuse a été adoptée, qui cadre très clairement ce Conseil pastoral (but, organisation, composition, élection, etc…). Les deux aumôniers, catholique et protestant, qui sont le tiers garant du respect d’un bon fonctionnement du Conseil ne nuisant pas à la sécurité de l’établissement, en sont «membres d’office». Quatre détenus, élus selon un scrutin à bulletin secret, en sont «membres» et deux personnes, issues du personnel de la maison carcérale, en sont «membres possibles».
Cette formule permet ainsi une ouverture et correspond surtout au voeu des fondateurs de ne pas rechercher un repli entre détenus. Le critère majeur, retenu pour l’acceptation d’un candidat, est son engagement dans la foi chrétienne et son désir de servir la communauté croyante. Douze séances sont prévues par année et la durée d’un mandat s’étale sur un an renouvelable.
Premiers constats
«Depuis le démarrage de ce Conseil, nous avons par exemple pu aménager ensemble la fête de la Nativité, confie l’un des membres fondateurs, Nicolas Margot, aumônier catholique de Bochuz. La récente mort tragique d’un détenu nous a également réunis spontanément. Dans les deux cas, nous avons constaté avec mon collègue protestant que le Conseil portait véritablement le souci de la qualité de la vie spirituelle au sein de la prison».
J.C., lui-même détenu, se veut aussi résolument positif. «Il me semble que chacun a en lui le besoin de dépasser sa petite condition d’homme égoïste, explique-t-il. L’idée du Conseil est un désir, de devoir et de servir. En y participant, je rencontre en outre la possibilité de gagner un peu de liberté». Et J.C. d’ajouter, «l’un de nos buts est la fraternité. Nous devrons toujours être à l’écoute de la communauté chrétienne de Bochuz. Cette écoute devra aussi entendre les autres membres des EPO (Etablissements de la Plaine de l’Orbe), même ceux qui ne sont pas de confession chrétienne».
Certes, ce Conseil pastoral est encore «en rodage». Sa charte a d’ailleurs été mise une année à l’essai. Il n’en demeure pas moins qu’il constitue déjà une première européenne, à l’intérieur d’une prison, et qu’il offre surtout la possibilité, à des hommes privés de liberté, de servir plus grand qu’eux. «De servir Dieu et de connaître un peu de son amour, ce qui nous lie les uns aux autres par-delà tous nos clivages, nos castes, nos haines, nos fantasmes et nos peurs», comme l’exprime si bien J.C. (apic/Jean-Charles Zufferey/pr)