La franc-maçonnerie, une des voies du pouvoir en Afrique
Libreville: Conférence internationale des francs-maçons africains
Dakar, 10 février 1998 (APIC) Les représentants d’une quinzaine d’obédiences francs-maçonniques de pays africains et européens ont tenu ce week-end à Libreville au Gabon, les travaux de leur 6e conférence intitulée «rencontres humanitaires et fraternelles d’Afrique et de Madagascar». Naguère décriée par les marxistes et rejetée par les religions monothéistes, la franc-maçonnerie est devenue une des voies du pouvoir en Afrique.
Plus de 500 participants ont pris part à cette conférence qui a eu lieu à huis clos dans la capitale gabonaise. Les travaux ont tourné autour de la question de «l’avenir pour les générations futures africaines», ainsi que «la pauvreté et ses conséquences sur la démocratie». Ils ont permis aux participants de mener une réflexion commune sur ces deux sujets dans le souci de vulgariser, dans chaque pays les notions de paix et de concorde, indiquent les organisateurs.
La conférence de Libreville a réuni les représentants de différentes loges de Suisse, du Luxembourg, de France, du Sénégal, de Cote-d’Ivoire, du Togo, du Bénin et de nombreux autres pays de l’Afrique centrale. La rencontre était organisée par le «Grand Rite Equatorial» (GRE) l’une des plus vieilles loges d’Afrique noire fondée en 1902 au Gabon où elle compte plus de 400 fidèles à majorité étrangers.
Dans de nombreux pays francophones et anglophones du continent, la pratique de la franc-maçonnerie gagne du terrain. Décrié jadis par les dirigeants, notamment ceux qui se réclamaient du marxisme, rejetée par les religions monothéistes, la franc-maconnerie est aujourd’hui une des voies qui peuvent mener au pouvoir en Afrique, tant et si bien que plusieurs dirigeants du continent et leurs entourages sont reconnus comme francs-maçons.
Selon le journaliste français, Claude Wauthier, dans le «Monde diplomatique», «après 1960, la franc-maçonnerie a continué à essaimer, en s’africanisant et en s’émancipant par rapport aux obédiences françaises». Il en est ainsi par exemple au Sénégal ou malgré la prédominance de l’islam (96% de la population totale), on retrouve des francs-maçons de confession musulmane aussi bien au sein de la population autochtone que parmi les étrangers, particulièrement les Libanais vivant dans le pays depuis la période d’avant indépendance. Tous ces fidèles, comme ceux de Djibouti prêtent un serment de fidélité sur le Coran tels que le font leurs compagnons chrétiens sur la Bible et juifs, sur la Thora. Cette forme de prestation est condamnée par les milieux islamiques.
La pratique de la franc-maçonnerie est également condamnée par l’Eglise catholique. En 1738, le Vatican, sous le règne du Pape Clément XII, a rejeté ce culte. Le nouveau code de Droit canon de 1983 ne classe plus l’adhésion à la franc-maçonnerie parmi les cas d’excommunication automatique, mais dans une déclaration du 26 novembre 1983, le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, rappelait aux catholiques que l’appartenance au mouvement maçonnique était contraire à la foi chrétienne. En 1985, «l’Osservatore Romano» observe cependant qu’une incompatibilité de principes n’exclut pas la collaboration sur des objectifs précis comme la défense de la paix, de la justice sociale, de valeurs morales. (apic/ibc/mp)