
Évangile de dimanche: le point de bascule
«Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne». C’est le point de bascule. Celui de notre récit de ce dimanche, celui de l’évangile de Luc, celui de la vie des disciples, celui de notre vie peut-être. Ou plutôt c’est l’instant avant lequel tout a basculé.
Jusque-là Jésus s’est manifesté puissant en paroles et en actes. Il vient de multiplier pains et poissons pour nourrir une foule de cinq milles hommes (c’est le récit qu’entendent ce dimanche ceux qui parmi nous fêtent le Saint Sacrement).
«Nous avons nous-mêmes une expérience de Dieu qui nous porte à l’identifier à ses bienfaits»
Les témoins de ces miracles identifient son auteur à Jean-Baptiste, Élie ou un des prophètes d’autrefois. Pierre, lui, reconnaît en Jésus le Christ, Messie de Dieu. Nous-mêmes avons une expérience de Dieu qui nous porte à l’identifier à ses bienfaits : réussite de nos entreprises, protection face aux aléas de la vie, grâces sensibles et autre intervention surnaturelle. Mais… Car il y a un «mais».
Certes Jésus est bien notre Sauveur, certes il est Dieu parmi nous, secours en toutes nos détresses, providence en tous nos besoins, certes il est tout-puissant et vainqueur de tout mal. C’est ce que sous-entend le titre de Messie mais c’est ce que Jésus pour l’heure veut taire. Car cette providence et cette libéralité de Dieu, Jésus doit en révéler maintenant la source qui coïncide avec sa vraie identité : l’Amour. Il est l’Amour envoyé par le Père qui ne retient rien pour lui, l’humilité qui va jusqu’au don total de lui-même.
«Aujourd’hui encore, malgré tous les crucifix suspendus aux murs de nos églises, de nos maisons et même à notre cou, nous peinons à accueillir profondément ce Dieu offert»
Taire la toute-puissance pour discerner en elle l’offrande qui la sous-tend et la réalise, voilà ce que Jésus essaye de dire à ses apôtres. Pour eux, c’est la déconvenue. À peine prononcée la reconnaissance de la messianité de Jésus, alors que dans les yeux de Pierre et des autres devait déjà briller la perspective d’un avenir glorieux, réalisation de toutes les promesses portées depuis des siècles par le peuple élu, voici que Jésus annonce ses souffrances, le rejet et la mort violente qu’il subira.
Sa résurrection aussi, mais pour l’heure, c’est le coup de massue. Aujourd’hui encore, malgré tous les crucifix suspendus aux murs de nos églises, de nos maisons et même à notre cou, nous peinons à accueillir profondément ce Dieu offert.
«Dieu nous révèle qu’il veut aussi tout faire avec nous !»
Ou si nous l’accueillons comme tel, nous peinons à envisager les conséquences de cette offrande dans notre vie de foi. Car non seulement Dieu nous révèle qu’il fait tout pour nous non du haut de sa toute-puissance mais du profond de son humilité, mais en plus, il nous révèle qu’il veut aussi tout faire avec nous en nous appelant à le suivre dans cette même offrande: «Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.» Et qu’est-ce que prendre sa croix sinon saisir chaque situation de nos vies pour en faire l’occasion d’une offrande de nous-même?
Ouvrons nos propres bras comme lui en signe de dépossession et d’accueil en toute circonstance et, pour en trouver la force, portons souvent notre regard sur sa Croix à lui, traçons-en souvent le signe sur notre corps.
Sr Anne-Sophie Porret OP | Vendredi 20 juin 2025
Luc 9, 18-22
En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart.
Comme ses disciples étaient là,
il les interrogea :
« Au dire des foules, qui suis-je ? »
Ils répondirent :
« Jean le Baptiste ;
mais pour d’autres, Élie ;
et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Pierre prit la parole et dit :
« Le Christ, le Messie de Dieu. »
Mais Jésus, avec autorité,
leur défendit vivement de le dire à personne,
et déclara :
« Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté
par les anciens, les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué,
et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous :
« Celui qui veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix chaque jour
et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa
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