Albanie, un modèle de croissance religieuse
Les constatations sur l’Albanie d’un représentant du Patriarcat œcuménique
Genève 25 novembre (APIC) L’Albanie, qui en 1967 est devenue officiellement le premier pays athée de la planète, est aujourd’hui en train de devenir un modèle de croissance religieuse et un exemple pour le reste de l’Europe. Telle est la constatation du Père Georges Tsetsis, ancien représentant du Patriarcat œcuménique auprès du Conseil œcuménique des Eglises (COE), à son retour d’une visite à l’Eglise orthodoxe d’Albanie où il a accompagné le patriarche œcuménique Bartholomée.
Les organisations religieuses étaient strictement interdites sous le régime communiste mis en place dans les années 40. L’Eglise orthodoxe d’Albanie ne fut rétablie officiellement qu’au début des années 90 et elle a réalisé d’énormes avancées depuis, fait observer Georges Tsetsis.
Lorsque l’archevêque Anastasios est venu en Albanie en 1991, l’Eglise avait cinq prêtres déjà âgés. Aujourd’hui elle en compte 110 en majorité des jeunes. Elle possède un séminaire tout neuf avec 100 étudiants, hommes et femmes. L’archevêque Anastasios a commandé la construction de 72 nouvelles églises, la restauration de 65 autres églises et monastères anciens et la réparation de 130 autres. L’Académie de théologie de la résurrection, qui se trouvait dans des chambres louées à un hôtel, est installée, depuis 1997, dans un tout nouveau bâtiment. L’Eglise a aussi sa propre école secondaire, des centres médicaux, des jardins d’enfants, et d’autres institutions sociales.
Dans les milieux orthodoxes comme au sein du mouvement œcuménique mondial, l’archevêque Anastasios, homme d’une grande spiritualité, a acquis une solide réputation et il est considéré comme l’un des chefs d’Eglise les plus capables. Cette réputation a été consolidée durant le conflit du Kosovo. En effet, en dépit des critiques serbes, son Eglise a fait de gros efforts pour aider les réfugiés musulmans qui affluaient depuis le Kosovo en Albanie, estime Georges Tsetsis.
En 1992, l’élection de l’archevêque Anastasios par le Patriarcat œcuménique comme primat de l’Eglise albanaise, avait pourtant suscité la résistance de certains Albanais, entre autres de chrétiens orthodoxes, parce qu’il était d’origine grecque. Une grande part de cette hostilité était aussi dirigée contre le Patriarcat œcuménique, qui avait envoyé Anastasios en Albanie en 1991, après la chute du gouvernement communiste, pour préparer la voie au rétablissement de l’Eglise. La nomination de trois autres évêques d’origine grecque en Albanie avait aussi provoqué des tensions.
«Le fait même qu’à la réception donnée par l’archevêque Anastasios en l’honneur du patriarche Bartholomée, on notait la présence non seulement d’évêques et de fidèles orthodoxes, mais aussi du président, du premier ministre, du président du parlement et de membres du parlement, dont la plupart sont musulmans, montre combien les choses ont radicalement changé en Albanie, y compris l’attitude du gouvernement envers l’Eglise», a déclaré Georges Tsetsis.
«Seule une personne comme Anastasios, possédant une profonde formation théorique et de grands talents d’administrateur, ainsi qu’un passé unique de missionnaire, notamment en Afrique, pouvait réaliser tant de choses dans une période si courte».
«En une période ou` les églises d’Europe sont converties en salles de concerts et centres d’expositions, que les paroisses sont fermées en raison du manque de vocations, je crois, a ajouté Georges Tsetsis, que l’Eglise orthodoxe d’Albanie peut être citée en exemple. L’Europe a-t-elle besoin d’un grand désastre pour redécouvrir sa propre identité chrétienne?
Selon Georges Tsetsis, l’Eglise d’orthodoxe est devenue le principal investisseur en Albanie grâce à des fonds donnés par des chrétiens de Grèce, par des Américains grecs et des agences donatrices après des tables rondes coordonnées par le Conseil œcuménique des Eglises à Genève. L’Eglise est elle-même directement engagée dans la construction d’écoles, de dispensaires et autres bâtiments, ce qui signifie la création d’emplois pour les Albanais.
Durant sa visite en Albanie, du 2 au 9 novembre, le patriarche œcuménique a mis l’accent sur l’importance de la tolérance et des traditions ethniques de l’Albanie. «Nous voulons aider les gens à découvrir et à développer leur foi, et à cultiver la vertu, notamment par le biais de leur langue et culture», a dit le patriarche.
Il existe de profondes différences entre les différentes estimations sur les confessions religieuses en Albanie. Selon l’agence de presse albanaise ANA, environ 70% des 3,5 millions d’habitants sont musulmans, 20% orthodoxes et 10% catholiques romains. (apic/eni/tg)