
Dieu n’a pas d’horaire
Au moment de l’Ascension, les disciples fixaient le ciel où Jésus disparaissait derrière les nuages. Des anges les ramenèrent sur terre: ne restez pas le nez en l’air en attendant son retour. Désormais c’est dans le quotidien qu’il vous rejoint, à condition de compter avec la présence de son Esprit, et de ne pas rester enfermés dans un horizon trop étroit.
Face à un avenir toujours incertain, menez votre vie comme des gérants qui, tôt ou tard, devront rendre des comptes. Jésus les a prévenus de ne pas mettre leur confiance dans des valeurs qui s’usent trop vite ou qui peuvent être la proie des cambrioleurs. Une question résume toutes ces précautions: regardez dans quelle direction penche votre cœur.
Parce que la perspective du retour du Seigneur tracassait déjà la première génération chrétienne, l’Évangile de ce dimanche propose un test, trois petites paraboles dans lesquelles chacun peut se retrouver, trois manières de vivre dans l’attente du retour du Seigneur.
Il y a d’abord le serviteur fidèle, un homme en alerte, responsable, qui ne dort ni ne somnole en guettant la venue-surprise de son maître. Éveillé, il est prêt à ouvrir la porte au moindre indice d’une présence. Parce que les visites de Dieu ne sont soumises à aucun horaire, il est sur ses gardes. Le Seigneur vient à son heure, au gré des aléas de l’existence: circonstances heureuses ou malheureuses, rencontres prévues ou fortuites, déceptions ou réussites, tant de moments souhaités ou redoutés du quotidien de chacun.
«La rencontre avec Dieu n’est soumise à aucun horaire. Elle reste toujours une surprise.»
S’il est toujours bon de planifier des moments de prière, des heures de méditation, des retraites ou des pèlerinages, la rencontre avec Dieu n’est soumise à aucun horaire. Elle reste toujours une surprise, un pur cadeau, une grâce disent les théologiens.
Pour le serviteur fidèle de la parabole qui ouvre la porte au moment voulu, le Maître renverse les rôles. Il se met à le servir. Qui pensait accueillir, se découvre accueilli. Le Seigneur lui-même est sa récompense. Ses aspirations les plus intimes sont comblées, l’hôte intérieur apporte avec lui la sécurité, la paix et la réconciliation désirées.
Les responsables de la communauté sont concernés à double titre. L’attente d’une arrivée-surprise du Maître modère leur exercice du pouvoir. En réponse à la question de Pierre, Jésus propose un critère de discernement: toute autorité est au service de la vie (Jésus parle de la distribution des rations de nourriture). Les responsables en tout genre, social, politique ou clérical, sont invités à faire leur examen de conscience.
Si le Maître loue les mérites de ceux qui font le bonheur de leurs administrés, il épingle ceux qui profitent de son absence pour jouer les petits chefs. Qu’ils exercent le pouvoir pour leur propre profit, au détriment de ceux et celles qui leur sont confiés, et le retour inattendu du Maître promet d’être amer. Il annoncera des lendemains qui déchanteront, puisqu’il leur faudra rendre des comptes selon le principe de proportionnalité.
Pierre Emonet SJ | Vendredi 8 août 2025
Lc 12,32-48
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Sois sans crainte, petit troupeau :
votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez
et donnez-le en aumône.
Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas,
un trésor inépuisable dans les cieux,
là où le voleur n’approche pas,
où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor,
là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors :
« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,
ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit :
« Que dire de l’intendant fidèle et sensé
à qui le maître confiera la charge de son personnel
pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur
que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare :
il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même :
‘Mon maître tarde à venir’,
et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes,
à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra,
le jour où son serviteur ne s’y attend pas
et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera
et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,
n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,
recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas,
et qui a mérité des coups pour sa conduite,
celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné,
on demandera beaucoup ;
à qui l’on a beaucoup confié,
on réclamera davantage. »
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